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Déclaration CSE du 15 octobre – évaluation des élèves

Après le rejet des programmes lors du Conseil Supérieur de l’Education de la semaine dernière, nous sommes réunis ce jour pour examiner les modalités d’évaluation des élèves et notamment le  diplôme national du brevet. La construction d’un curriculum nécessite qu’on en mesure les effets sur la formation des élèves et de prendre en compte les savoirs et compétences transmis aux examens marquant la fin dudit curriculum.

Le texte présenté ce jour confirme l’orientation définie pour l’Education Physique Sportive et artistique dans laquelle s’observe un changement paradigmatique. Alors que le socle commun définissait la place et le rôle de l’éducation physique dans le cursus de formation des élèves, montrait que c’est par l’appropriation critique des APSA que l’élève apprend dans notre discipline, on constate un volet 3 qui vide de contenus le programme EPS et opère une bascule vers le « tout interdisciplinaire ». L’EPS, de discipline constitutive de la culture scolaire commune devient discipline contributive. Les apports singuliers sont donc dorénavant complètement minorés au profit de ce que l’EPS peut apporter aux savoirs et compétences acquis dans les autres disciplines. Elle n’est donc plus centrée sur ses objets de savoir propres, spécifiques mais sur une sorte de mise en pratique d’autres savoirs, l’EPS devient ainsi une propédeutique aux apprentissages pour les autres disciplines …

Dans ce contexte de fragilisation disciplinaire sans précédent, le ministère franchit une étape supplémentaire en sortant l’éducation physique et sportive du DNB.

Pourtant, au travers des apprentissages réalisés dans les différentes activités nous pouvons évaluer des dimensions spécifiques relatives à chaque APSA et des éléments plus « généraux » comme indiqué dans le socle commun : « Il s’exprime par des activités, physiques, sportives ou artistiques, impliquant le corps. Il apprend ainsi le contrôle et la maîtrise de soi. », « Il connaît les contraintes et les libertés qui s’exercent dans le cadre des activités physiques et sportives ou artistiques personnelles et collectives. Il sait en tirer parti et gère son activité physique et sa production ou sa performance artistiques pour les améliorer, progresser et se perfectionner. Il cherche et utilise des techniques pertinentes, il construit des stratégies pour réaliser une performance sportive. Dans le cadre d’activités et de projets collectifs, il prend sa place dans le groupe en étant attentif aux autres pour coopérer ou s’affronter dans un cadre réglementé »…

La validation du socle commun ne peut donc s’exonérer d’évaluer les éléments constitutifs de l’EPS et le positionnement des niveaux d’acquisition de chaque domaine ne saurait être suffisant et marquer les apprentissages effectivement réalisés. Si les programmes étaient aussi bien « soclés » qu’on a voulu le dire, alors, il aurait suffi de les évaluer pour rendre compte du degré d’acquisition du socle commun de connaissances, de compétences et de culture.

Les activités physiques sportives et artistiques, nous le répétons, font partie du quotidien de nos concitoyens et concitoyennes, avec cependant de grandes inégalités entre filles et garçons, entre milieux sociaux, entre territoires urbains ou ruraux. Elles sont un élément indispensable de la culture et l’école de la République a le devoir d’en assurer l’appropriation critique. Étape importante de démocratisation des APSA en France, droit d’accès pour tous et toutes, en terme de relations sociales, d’égalité filles-garçons, de santé, de compréhension du phénomène sportif et de recul critique, les apprentissages réalisés en EPS, leurs enjeux ne sont pas anodins et encore moins anecdotiques.

Cette appropriation doit avoir toute la place qu’elle mérite et ne saurait être un  « supplément  d’âme ». L’ensemble de la culture scolaire commune doit être reconnue dans un curriculum qui doit être évalué. Opérer des choix dans ce dernier pour une évaluation terminale renvoie à fixer des priorités, à réinstaller des hiérarchies disciplinaires qu’on croyait dépassées avec la nouvelle définition du socle. Savoir nager, danser, prendre des risques maîtrisés, jouer dans un collectif, s’entraider,… ne sont pas moins ni plus important que les apprentissages en mathématiques, en français ou encore en histoire-géographie si l’on souhaite réellement une formation et un développement complet des élèves. Mais peut-être n’est-ce pas là le choix réellement fait dans cette nouvelle politique éducative…

Ne plus prendre en compte les acquisitions spécifiques en EPS dans l’examen du DNB constitue un recul sans précédent, une première dans l’histoire. La dernière tentative en 2006, sous Fillon, avait tourné court face à la mobilisation importante de la profession et de l’ensemble des usagers mais aussi du mouvement sportif. Il aura donc fallu attendre l’arrivée de ce gouvernement pour que le projet de mise à la marge de notre discipline voit le jour !

Au moment de l’ « année du sport de l’école à l’université », de la candidature de la ville de Paris au Jeux Olympiques de 2024 pour lesquels on sollicite l’engagement des enseignants d’EPS et de l’ensemble des citoyens, les actes pour la démocratisation des activités physiques qui passent essentiellement par le service public d’éducation sont extrêmement négatifs !

Le projet présenté est donc pour nous inacceptable et très massivement rejeté par la profession. Nous sommes décidés à prolonger et accentuer une forte mobilisation de l’ensemble des enseignants d’éducation physique, du mouvement sportif, de tous nos alliés, nous interviendrons fortement dans les différentes initiatives : compétitions internationales, année du sport de l’école à l’université, candidature aux JO 2024, afin que ce qui est un véritable coup bas contre la démocratisation du sport soit démasqué et combattu comme il se doit. Ce projet doit être retiré et renégocié.