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Une réforme de la formation… au détriment de la formation

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Par Coralie Benech

Sous couvert de régler la crise d’attractivité qui touche le métier d’enseignant·e, le ministère a décidé de bouleverser le cursus de formation. Pour réaliser cette réforme le ministère ne prend pas en compte le premier obstacle au métier d’enseignant·e, celui des salaires, comme l’indique le sondage IPSOS de 2022 pour la cour des comptes « facteurs d’attractivité et de rejet du métier d’enseignant chez les étudiants ». La question de l’obstacle lié au nombre d’années d’études exigées, comme l’avance le ministère, arrive en 7ème place de ce sondage.

Le métier d’enseignant·e n’attire plus de manière générale, mais, même si cela évolue, pour ce qui est de notre filière STAPS et du professorat d’EPS, tel n’est pas le cas. Le CAPEPS reste un concours difficile où le taux de pression est important. De même, notre formation dite « intégrée » a toujours permis un nombre moindre de démissions et/ou de licenciements. Certes, le métier de professeur·e d’EPS est percuté lui aussi par le niveau des salaires et les conditions de travail, mais son attractivité avait été relativement préservée. Cette particularité est liée en partie à la richesse de la formation en STAPS en licence éducation et motricité. Les apports théoriques, scientifiques, didactiques et pratiques, la confrontation progressive à des stages d’observation et de pratique accompagnée participent à une formation complète préparant aux différentes facettes du métier d’enseignant·e d’EPS.

Le SNEP-FSU a toujours revendiqué plus de moyens pour les STAPS, notamment pour permettre aux étudiant·es d’accéder aux pratiques des activités physiques sportives et artistiques, accès aux pratiques qui ont déjà fortement diminué ces dernières années

Le SNEP-FSU a toujours revendiqué plus de moyens pour les STAPS, notamment pour permettre aux étudiant·es d’accéder aux pratiques des activités physiques sportives et artistiques, accès aux pratiques qui ont déjà fortement diminué ces dernières années. Cette confrontation aux pratiques est pourtant un élément essentiel de formation. Avec l’abaissement du niveau de concours au niveau L3, les contenus vont être revus et la pratique physique va encore être impactée. De 5 épreuves pratiques en 2000, le CAPEPS est passé à 3, et si le dispositif était retenu, à 1 seule en cette année 2024.

Le ministère n’aura jamais pris le temps de faire un bilan sérieux et partagé de la précédente réforme, d’analyser la particularité de la formation en STAPS, il est piloté par une vision utilitariste du métier d’enseignant·e. Métier qu’il considère aujourd’hui comme un outil d’application de bonnes pratiques. La part de plus en plus importante accordée aux valeurs de la république dans le cursus révèle en partie cette volonté du MEN de piloter fortement la formation.

Aucune concertation n’aura vraiment eu lieu sur le sujet. Les formateurs·rices, les étudiant·es, les profs vont être fortement impacté·es dès l’année prochaine. De nombreuses motions sont actuellement votées dans les INSPE car le devenir des formateurs·rices est incertain. Le SNEP-FSU porte l’idée de pré-recrutements, ainsi que des améliorations de l’actuelle formation qui met sous grande tension les étudiant·es de master, ainsi que les fonctionnaires stagiaires.