Une nouvelle circulaire concernant les sections sportives scolaires a été publiée (circ. du 10/04/2020, BO n°18 du 30/04/20). Elle abroge celle de 2011. Les deux changements dans le fonctionnement sont la
suppression de l’obligation du suivi médical pour les élèves inscrits en SSS et la création des sections visant l’accès à haut niveau, appelées désormais les sections d’excellence sportive.
Le SNEP a fait part de son analyse de cette nouvelle circulaire. Nous vous présentons l’avis du syndicat sur ces deux points d’abord, avant de donner quelques précisions sur d’autres éléments du texte.
Suivi médical
Comme pour la pratique sportive à l’AS et à l’UNSS, le SNEP-FSU s’oppose à la suppression pure et simple du certificat et du suivi médical.
Comme pour la pratique sportive à l’AS et à l’UNSS, le SNEP-FSU s’oppose à la suppression pure et simple du certificat et du suivi médical. Nous sommes conscients que cela facilite les démarches des collègues au moment de l’adhésion des élèves à l’AS mais, il nous semble que la suppression du suivi médical pour les SSS (comme pour les AS), jusqu’alors financé principalement par les collectivités (Départements et Régions), supprime le seul suivi médical spécifique à la pratique sportive pour la majorité des élèves. Pour ce qui est des sections sportives, ce suivi était très poussé car les élèves bénéficiaient des visites médicales dans des unités de médecine de sport. Nous invitons les collectivités à continuer le financement de ce dispositif compte tenu des enjeux sanitaires et sociaux.
Sections d’excellence sportive
Concernant la création des sections d’excellence sportive, il nous semble que la volonté de l’institution d’encadrer la scolarité des jeunes ayant la possibilité d’accéder à HN en leur permettant d’articuler mieux la formation sportive et la réussite scolaire est une bonne chose.
Cependant, certains points méritent un peu de clarification.
Le suivi individualisé des élèves pose la question de qui en sera chargé. Dans le cadre du suivi de l’ensemble des élèves, celui des élèves les plus en difficulté est souvent un point faible du système. La clarification de cette responsabilité pour les jeunes inscrits en section mérite plus de clarté voire des moyens fléchés. S’il est précisé qu’un·e enseignant·e d’EPS est principalement sollicité·e, il nous semble que le champ (sportif ? scolaire ?) de ce suivi n’est pas clair. Le texte fait l’impasse sur la responsabilité des enseignant·es d’EPS dans l’intervention lors des heures de section. En clair, il s’agit d’un aménagement des horaires d’enseignement pour permettre une pratique sportive à l’extérieur de l’école.
Par ailleurs, si nous comprenons bien la nécessité de recruter les jeunes sur un territoire dépassant le strict cadre de la carte scolaire, s’agissant de HN, nous sommes attachés à ce que cet aspect dérogatoire ne soit pas un moyen de détourner la carte scolaire de son objectif de mixité sociale ni d’affaiblir certains établissements.
La possibilité d’une double diplomation est une visée noble mais mérite également davantage de précision car la question des contenus d’enseignement est posée ainsi que les horaires, l’évaluation avec ses protocoles etc.
Les admissions à ces structures se font sous la responsabilité des fédérations. Les enseignant·es d’EPS sont totalement absent·es de cette étape. Il va de soi que, pour le SNEP-FSU, ce point est inadmissible.
Pour finir, la question des répercussions de cette création se pose concernant la compétition à l’UNSS. S’agira-t-il de créer un nouveau championnat en plus des deux existants ?
D’autres points
L’incitation à la création des SSS exclusivement tournées vers l’engagement du public féminin est une bonne chose car toute inscription des filles (comme des garçons) en section sportive les conduit vers une pratique inscrite dans la durée. Nous sommes là à l’opposé de certains dispositifs très médiatisés mais qui se contentent de formes de pratiques très concentrés, souvent d’une seule journée.
La volonté de privilégier le suivi d’une formation sportive par les élèves tout au long de leur cursus secondaire, collège puis lycée, est une orientation qui nous semble souhaitable sous certaines conditions. D’abord, les équipes d’EPS doivent être partie prenante des réflexions et initiatives de l’ouverture des sections sportives avec les mêmes APSA pour un collège et un lycée articulés dans le cadre de la carte scolaire. Puis les SSS, des collèges notamment, existantes actuellement, ne doivent pas être mises en difficulté car il n’y en aurait pas dans le lycée voisin. Il y une voie qui nous semble intéressante mais elle doit renforcer et non pas affaiblir l’existant.
Responsabilité
C’est un·e enseignant·e d’EPS, et lui/elle seul·e, ou l’équipe d’EPS, qui doivent porter la responsabilité de la SSS. La possibilité offerte à un autre membre de l’équipe éducative est, ni plus ni moins, que la négation de notre professionnalité.
Il ne s’agit pas de dire que d’autres collègues ne peuvent pas avoir des compétences dans telle ou telle APSA, mais bel et bien de réaffirmer que les SSS sont des dispositifs scolaires et qu’en tant que tels, ils doivent être encadrés par celles et ceux qui portent la responsabilité et la compétence de l’enseignement de la culture sportive et artistique (physique) à l’école. Il va de soi que les SSS sont et doivent continuer à être articulées à l’EPS et à l’AS.
… réaffirmer que les SSS sont des dispositifs scolaires qui doivent être encadrés par celles et ceux qui portent la responsabilité et la compétence de l’enseignement de la culture sportive et artistique (physique) à l’école.
Moyens
La position du SNEP-FSU est le fléchage des moyens spécifiquement alloués à la SSS dans le cadre de la DHG. Puis, la circulaire prévoit la possibilité de recours au financement privé.
Il ne s’agit, ni plus ni moins, que de l’intrusion du capital privé dans le budget de l’établissement.
Le SNEP-FSU revendique le financement public de tous les dispositifs du service public d’éducation dans le cadre d’une politique fiscale socialement juste, équilibrée et possible.
Socle commun de connaissances, de compétences et de culture (SCCCC)
Si cela n’était pas vital pour une EPS ambitieuse, il aurait été comique de noter qu’il est demandé aux SSS de remplir la fonction de l’évaluation des acquis au SCCCC. Là où l’institution a véritablement trahi le processus démocratique de construction des programmes d’EPS au collège et a abandonné l’idée des programmes d’EPS permettant l’accès au socle par l’étude des APSA, elle demande aux SSS de l’évaluer.
Cela manque de cohérence et ressemble à une provocation.