Regards croisés de Christian Couturier et de Michaël Attali
Les voyants sont au rouge concernant le manque d’activité physique chez les enfants et les jeunes. Les conséquences sont inquiétantes sur leur santé et leurs capacités physiques.
Le ministère de l’Education, de la Jeunesse et des Sports, pour répondre médiatiquement à ces faits maintenant largement connus, lance des dispositifs comme le « 2S2C » ou « bouger 30’ par jour », pour encourager les élèves. Il n’a pas choisi de renforcer l’éducation physique et sportive obligatoire et préfère créer de la concurrence, sur le temps scolaire, entre le monde sportif ou associatif et l’Ecole.
L’EPS en tant que discipline d’enseignement pourrait répondre à ces défis mais elle n’est pas sollicitée et semble, à la lecture de ses programmes ou de ses référentiels, s’enfermer dans un formalisme pour se démarquer du sport plutôt que de chercher des synergies. La peur de se voir substituer sa place à l’école peut conduire à glisser de plus en plus vers une EPS contributive et utilitariste qui ne parviendrait plus à concilier des savoirs sportifs ambitieux et concrets pour tous et toutes, des valeurs éducatives et des clés pour démocratiser la pratique tout au long de la vie. Problème contemporain ou tensions historiques ? Quelles sont les résistances politiques ?
L’EPS n’est-elle pas (avec les pratiques physiques artistiques) l’école du sport pour tous et toutes ?
Le Replay
La soirée
Le Kiosque
Les soirées de l’EPS se composent toujours d’une thématique centrale avec l’intervention de spécialistes ainsi qu’une séquence appelée Kiosque où nous vous soumettons quelques idées de lectures, podcasts, vidéos qui ont retenu notre attention …
ContrePied Danse
Centre EPS & Société
Personne n’a pu passer à côté de la sortie de cette fin d’année. Je parle bien sûr du dernier numéro de la revue ContrePied qui fait suite au colloque sur les arts. Osons la danse, osez la danse, lancez-vous.
Finalement la danse, il y a celles et ceux qui n’ont jamais eu peur de se lancer et celles et ceux qui restent sur le côté à les regarder. Notre profession a un vrai défi à relever : se lancer tous et toutes dans la danse ! La revue ContrePied propose un beau numéro avec des propositions…
Allez sur le site, il y a des propositions pour votre séance de demain…
Le risque
Coordonné par Oriane Petiot, collection pour l’action aux éditions revue EPS
Les ouvrages de la collection pour l’action sont de petits livres d’une centaine de pages qui travaillent à la fois théoriquement une notion et font des propositions pratiques. Une collection toujours intéressante qui depuis quelques numéros retrouvent la qualité des premiers.
Ce numéro sur le risque dans notre monde de l’éducation physique constitue un important jalon sur la définition de notre discipline et sa fonction de transmission de la culture dans un contexte où les protocoles de sécurité dans les sports de plein air en réduisent de plus en plus leur enseignement.
Les articles théoriques sur le concept sont de l’ordre de la revue de littérature. Cela constitue un avantage, cela permet d’avoir une vue plus large sur la notion et sans aucun doute ce sera un outil précieux dans une perspective de concours pour avoir une diversité de références.
Je regrette personnellement qu’il n’y ait pas un article plus conséquent avec une approche sociale qui permettrait d’avoir une compréhension critique de la notion et un réel questionnement. Le risque dans une société serait-il indépendant du contrat social des Hommes qui la constitue ? Une société humaine peut-elle laisser tout le monde prendre des risques non mesurés et ainsi contribuer à sa propre disparition ? De même prendre des risques en fonction des catégories sociales a-t-il le même sens et la même implication ? Quel type de citoyens l’Ecole souhaite former et quel rapport à la gestion de la prise de risque ?
Les pratiques sont abordées avec une double entrée intéressante : par exemple, une pratique atypique de formation à la prise de risque en kayak de mer, expérience sans doute inoubliable pour les élèves, et une réelle perspective de démocratiser cette éducation en abordant le cas de l’escalade, plus programmé que le kayak.
Les propositions d’Oriane Petiot doivent être ici lu dans un contexte où plane l’idée d’enseigner l’escalade qu’en ne faisant du bloc pour augmenter la sécurité des élèves. Comment continuer d’éduquer au risque ? Nous devrions prendre cette question très au sérieux sur le devenir de notre jeunesse…
A noter, pour les enseignants, Jérôme Visioli réalise un article sur le risque du métier de profs d’EPS. Il montre les risques psychologique, corporel et affectif auxquels sont soumis les enseignants. A ce propos, rappelons les travaux en sociologie et psychologie du travail qui mettent en avant la place du collectif et du syndicat dans cette gestion des différents risques.
Les rugbys pour tous
Jean-Jacques Sarthou et Didier Seguillon
Les rugbys pour tous, une nouvelle collection de l’institut de l’INSHEA, la revue EPS et du centre d’experts de Clermont Simard France qui contribue à la diffusion des recherches et des pratiques inclusives, d’adaptation ou de réadaptation.
L’ambition de l’ouvrage est louable : permettre à des jeunes à besoin particulier d’accéder à une culture sportive identique à celle d’un public non handicapé.
La volonté est de proposer non plus un rugby adapté mais un rugby partagé.
Les dimensions historiques et l’analyse des connaissances culturelles et didactiques donnent des éléments intéressants sur les rugbys. Les propositions pratiques ne m’ont pas totalement convaincu sur la concrétisation possible. Je reste aussi très déstabilisé par la conclusion qui propose de passer d’un rugby pour tous à un rugby pour chacun. Une formule à mon sens contradictoire avec l’ambition de construire une culture partagée.