Le SNEP-FSU écrit à M. Edouard GEFFRAY, Directeur Général de l’enseignement scolaire, concernant le CCF. Courrier du 26 janvier 2021.
Monsieur le Directeur Général,
Nous vous avions interpellé́, dans un courrier en date du 21 janvier 2020, puis du 2 juin 2020 à propos de l’arrêté́ et de la circulaire qui ont été́ mis en place pour le nouveau CCF EPS du Bac 2021. Nous avions demandé l’ouverture de discussions pour modifier ces textes qui changent en profondeur la nature de notre discipline et son enseignement. Le SNEP FSU vous avait demandé un moratoire d’un an avant toute application de l’arrêté́ et de la circulaire pour le Bac EPS.
Nous vous avions adressé un nouveau courrier en date du 1er septembre 2020 pour vous alerter à nouveau de la situation problématique de l’EPS à cette nouvelle rentrée et des éléments et problèmes qui n’ont fait que s’accentuer dans les lycées.
Ce nouveau courrier n’a obtenu aucune réponse de votre part.
Aujourd’hui, alors que les premiers CCF ont eu lieu, pour certains, au premier trimestre, les nombreux retours obtenus ne font que confirmer la grande détresse vécue par la profession. Malgré les profonds désaccords sur le fond et la perception d’un recul pour l’EPS, une grande majorité des enseignants ont tenté d’appliquer au mieux les nouveaux textes avec une conscience et un investissement professionnel importants mais les résultats constatés sont affligeants et la souffrance des collègues est énorme. Ces derniers ne se retrouvent pas dans ces nouveaux référentiels, n’ont pas réussi à les mettre en œuvre sur le terrain et sont en train de perdre complètement le sens de leur métier.
Après avoir subi l’an dernier, dans de nombreuses académies, une forte pression du corps d’inspection pour faire valider ces nouvelles fiches certificatives, les enseignants ont eu la cruelle sensation de se retrouver en première ligne. Sans réel appui de l’institution, seuls face aux élèves, ils ont mis en place des CCF jamais testés auparavant, avec des élèves de terminales non préparés à ces nouvelles épreuves et dans un contexte sanitaire complexe et anxiogène.
Avec l’évaluation des AFL (attendus de fin de lycée) 2 et 3 au fil des séquences, l’évaluation permanente devient la préoccupation essentielle pour évaluer autre chose que la « motricité », cœur de l’EPS. Le nombre de rôles imposés est déraisonnable et souvent artificiel.
Au-delà de l’opposition idéologique sur le sens de cette nouvelle évaluation, notamment l’abandon de repères nationaux et la baisse de la part de la motricité, les problèmes de faisabilité dans l’évaluation des « AFL » proposée s’avèrent flagrants et vérifiés sur le terrain.
Notre profession est en crise et il est regrettable que n’ait pas été retenue la demande d’un moratoire, action qui n’était pas une fin en soi mais qui permettait temporairement de freiner une mise en œuvre aggravée par la crise sanitaire, au lieu d’aller droit dans le mur.
Suite aux premiers CCF et aux constats négatifs quasi unanimes, le SNEP FSU réaffirme qu’une remise à plat totale de ces nouveaux textes officiels s’avère plus que nécessaire.
La situation va rester aussi compliquée avec le contexte sanitaire sur cette deuxième partie de l’année. Un moratoire de fait va être ainsi appliqué. Cette temporalité pourrait être utilisée pour justement permettre à la profession de revenir dans un cercle vertueux.
Nous vous sollicitons pour qu’un état des lieux objectif de ces nouveaux CCF en EPS soit réalisé afin de pouvoir repartir sur des bases solides, préparer la rentrée prochaine, modifier les référentiels en conséquence et envisager des pistes de travail plus sereines pour les enseignants.
Une réponse du ministère serait un geste salutaire pour la profession.
Dans l’attente de votre réponse, soyez assuré, Monsieur le Directeur Général, de notre attachement au service public d’Education.