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Faire percoler les idées éducatives

Du 27 au 29 mai 2021, le SNEP FSU a organisé un séminaire de travail regroupant deux responsables des questions éducatives de chaque académie. Au programme, analyse politique des transformations de l’Ecole et de l’EPS, lecture de textes, analyse des pratiques et activités sportives. Un top départ pour le lancement des journées de l’EPS dans toutes les académies.

Le GRED, GRoupe EDucatif de la direction nationale, a cherché à faire en sorte que les questions éducatives percolent. Pour lancer un court débat sur les modes de diffusion des saveurs, le mot percoler s’utilise pour le café. Il permet d’en garder la saveur en passant sous pression. Percoler et non diffuser pour ne pas perdre en saveur. Les séquences du séminaire ont été travaillées selon des modes d’organisation utilisés dans l’éducation populaire pour permettre aux participant·es d’être acteurs et actrices dans la construction des idées. Le but était de faire en sorte que dans chaque académie s’organisent des journées de l’EPS savoureuses pour les collègues. Notons que dans ce séminaire, il y avait plus de femmes que d’hommes, ce qui est rare depuis que notre profession se masculinise.

Partager le pouvoir pour augmenter la puissance d’agir

Le SNEP FSU a cherché, par son mode d’animation, à redonner du pouvoir aux participant·es pour augmenter leur puissance d’agir. Notre volonté était donc de garder toute la saveur des échanges et donner des pouvoirs d’agir aux militant·es dans les académies. Les séquences ont placé les participant·es dans des réflexions et analyses pour, au fur et à mesure du séminaire, faire système entre les différents niveaux de discussion.

Ce choix se fait à la lumière sur l’évolution des modes de gestion des enseignant·es d’EPS et des choix politiques sur notre discipline : localisme des pratiques et new management.

Localisme des pratiques

Les débats et les transformations de l’EPS se réalisent au niveau du local. Le législateur semble avoir tiré les leçons de l’histoire : les pratiques sont le premier moteur de transformation de l’EPS. C’est ainsi que le ministère a engagé une déconstruction du genre professionnel qui constitue l’identité de notre discipline. Ce terme, issu de la psychologie du travail, désigne des « obligations implicites que partagent ceux qui travaillent pour arriver à travailler elles sont historiquement et collectivement construites. » (Yves Clot)

L’identité de notre discipline s’est fondée sur un genre professionnel porteur de signes qui nous conduit dans nos pratiques. Nous pourrions dire, en regardant l’EPS en Europe, qu’elle constitue notre spécificité d’une EPS à la française.

  • Démocratisation des APSA : permettre aux jeunes générations de s’approprier la culture sportive et artistique.
  • D’acculturation comme fondement du processus d’éducation. C’est l’appropriation de la culture et de ses savoirs qui nous construise en tant qu’être humain.
  • Une volonté d’émancipation de tous et toutes par la culture et sa réflexion critique.

New management public pilote les pratiques

Nous ne pourrons pas dans cet article approfondir et caractériser le new management public. Le lecteur pourra se reporter notamment à l’ouvrage réalisé par l’Institut de recherche de la FSU « Pourquoi joindre l’inutile au désagréable ? » de Évelyne Bechtold-Rognon. L’une des caractéristiques de la nouvelle gestion des services publics est précisément la gestion déconcentrée à laquelle s’articule la volonté de diffuser aussi dans les pratiques pédagogiques l’orientation néo libérale des politiques éducatives.

L’activité syndicale est sommée de répondre à ce défi, de se réinventer pour résister.

Pendant que nous espérons des lendemains meilleurs portés par nos revendications structurelles (nombre de postes, nombre d’élèves par classe), le pouvoir avance dans la transformation des pratiques.

Le ministère a engagé une déconstruction du genre professionnel qui constitue l’identité de notre discipline.

Le SNEP FSU, syndicat de la profession et de la discipline, a toujours cherché à articuler les revendications structurelles et un mouvement de résistance socio-culturelle des pratiques.

Il n’est ni dans un déni des questions structurelles qui pèsent sur l’École et l’EPS, comment faire une bonne EPS sans aucune installation, ni dans un déni des questions de stratégies d’enseignements, pour autant avoir un gymnase permet-il comme par magie d’assurer la réussite de tous et toutes ?

Le séminaire a cherché à articuler les questions des politiques éducatives avec les pratiques du quotidien, au cœur de nos classes. « Faire des choix politiques au quotidien » titrait le n°21 de la revue ContrePied, faire de la politique là où nous avons le pouvoir et développer notre puissance d’agir…

Des journées de l’EPS dans toutes les académies

Le top départ est lancé de la mise en place dans l’ensemble des académies des journées de l’EPS ouvertes aux enseignant·es d’EPS.