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Le sens des élections au CNOSF

Dans le monde du sport, c’est un petit évènement. L’élection du futur ou de la future président-e du CNOSF anime les débats sur les politiques sportives. L’occasion de revenir sur le sens de cette institution qui aujourd’hui est le seul lieu de débat sur les politiques sportives qui rassemblent l’ensemble des fédérations sportives olympiques ou non olympiques et des membres associés. 

Fin juin, Denis Masseglia président du CNOSF depuis 12 ans va être remplacé par l’un ou l’une des 4 canditat.es: Brigitte Henriques de la fédération française de football, Patrice Martin, ex-champion du monde de ski nautique, Thierry Rey de la fédération française de judo et d’Emmanuelle Bonnet-Oulaldj, co-présidente de la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT).

Un contexte très particulier

Cette élection prend un sens particulier qu’il convient d’analyser. Dans la perspective des futur JOP en 2024, le ou la présidente française sera une personnalité qui aura une couverture médiatique importante et dont le regard sur le sport et les politiques sportives comptera.

Cette élection se situe dans un contexte de création de l’Agence Nationale du Sport (ANS), il y a deux ans, au sein de laquelle ont été transférés les crédits du ministère des sports dédiés au soutien à la vie associative, à la politique sportive de haute performance et aux équipements. Avec l’entrée du secteur privé dans la gouvernance du sport, l’ANS pour soi-disant être plus proche des territoires ne fait qu’opérer une transformation de plus vers un mode de gestion privatisée des politiques sportives.

Il faut rajouter, les années de réduction progressive des financements du ministère des sports et de ses cadres, et la fin d’un ministère des sports en tant que tel, rattaché à l’Education Nationale et la jeunesse. Si on peut jugerpositivement la sortie de la politique sportive du ministère de la cohésion sociale, nous continuons à demander qu’un ministère de plein exercice pilote le sport en France. 

Pour compléter le contexte de cette élection, nous devons souligner les débats récents sur la gouvernance du sport. Les politiques sportives vont se mener à la fois au sein du ministère de l’éducation nationale, de la J&S mais aussi dans l’ANS. Ainsi, le CNOSF sera la seule instance qui regroupera l’ensemble du mouvement sportif dont les fédérations sportives scolaires. Il va devenir le seul lieu de l’expression partagée des fédérations sur les politiques sportives.

Enfin, il faut aussi noter dans ce paysage la candidature atypique d’Emmanuelle Bonnet Ouladj co-présidente d’une fédération affinitaire, centrée sur l’idée du sport « Un droit pour tous » et de défense du service public. Nous avons relayé certaines de ses rencontres sur les réseaux sociaux qui abordaient nombres de questions et débats que nous portons aussi. Pour en savoir plus sur ses propositions et les différentes rencontres enregistrés, aller sur le site : https://www.nouslesport2021.org . Face à elle, les fédérations délégataires, dont la fédération de football, conseillées par des groupes privés, montrent un tout autre programme pour le sport d’inspiration libérale, avec une volonté de pénétrer l’école, certains pensant, faire mieux que les enseignants du primaire.

Le CNOSF ça sert à quoi ?

Le CNOSF est censé fédérer toutes les composantes du mouvement sportif, fédérations délégataires comme affinitaires, mais aussi divers autres partenaires (12) participant de la gestion du sport, agréées ou multisports, vers un même objectif, un même projet. En appui sur ses fondations, le CNOSF a deux missions principales : défendre et valoriser l’olympisme et ses valeurs et représenter l’ensemble du mouvement sportif en France Institution majeure du sport français depuis sa création en 1972, le Comité national olympique et sportif français est en tension. En effet, Il favorise structurellement et sur le plan démocratique les fédérations olympiques puisque dans les statuts du CNOSF – en accord avec les règles du CIO -, une fédération olympique dispose de 5 voix de plus qu’une fédération qui n’est pas olympique. Si ces statuts sont obligatoirement dans les décisions prises qui sont liées au comité international olympique. Le CNOSF joue un rôle en France sur les politiques sportives dont son point de vue pourrait se construire avec plus d’égalité dans la représentation des différentes fédérations sans par exemple donner plus de voies à une fédération olympique dans ce type de décision.

Laurence Munoz, vice-présidente de la Fédération Sportive et Culturelle de France et maître de conférences en STAPS à l’Université du Littoral Côte d’Opale.

« Le CNOSF est né en 1972 de la fusion du Comité olympique français et du Comité national des sports. Le CNS avait été créé en 1908 comme un syndicat de toutes les fédérations, alors que le paysage sportif se mettait en place dans notre pays. Trois ans plus tard, le COF était créé en son sein, et reconnu par le CIO, afin de pouvoir procéder aux sélections pour les Jeux. Mais un comité olympique se devant d’être autonome d’après les règles du CIO, le COF se détache du CNS en 1952, avant une nouvelle fusion, donc, en 1972. Mais à ce moment-là, la règle du CIO impose un pouvoir majoritaire sur les décisions pour les fédérations olympiques. Les fédérations affinitaires et multisports seront dès lors en minorité.

Vers des états généraux du sport

L’élection peut sembler à côté de notre activité syndicale et nos préoccupations d’enseignants d’EPS. Pourtant, à ne pas nous mêler de politique sportive, nous devenons peu à peu la queue de comète subissant les décisions du mouvement sportif qui propose des manuels pour l’eps dans la perspective des JOP, des formations pour les professeurs d’eps, des contenus pour l’école, des temps d’activité sportive à l’école !

Le snep a toujours œuvré pour rendre le sport accessible à tous et à toutes, l’EPS étant le premier maillon de cette démocratisation. Dans le monde actuel, ce n’est qu’en travaillant ensemble avec le monde fédéral que nous pourrons inventer une politique sportive Ambitieuse.

Ces élections devraient être un moment pour lancer un mouvement de travail sous forme d’assemblé ou d’états généraux du sport à la rentrée de 2021 et travailler avec l’ensemble des candidats à un appel pour faire du sport un élément essentiel de la rentrée de septembre. Ils pourraient travailler à des formes de coopérations pour affirmer l’importance et la place de l’EPS et du sport scolaire au sein de l’école et faire des propositions avec le mouvement sportif pour une véritable démocratisation du sport.