Nous sommes face à la 4è réforme de la formation des enseignant.es en 15 ans. Sans aucun doute, un aveu d’échec des précédentes. Mais pour celle-ci Emmanuel Macron a affirmé : « Cette réforme, c’est tout un nouveau paradigme, une nouvelle gouvernance, de nouveaux formateurs, de nouvelles méthodes, les statuts des élèves vont être changés, donc ce seront de nouveaux masters« . Et on peut le croire ! Sa réforme, censée rendre plus attractif le métier d’enseignant, est contestée par tous les acteurs et actrices concerné.es pour de multiples raisons : cacophonie dans les annonces, calendrier infaisable, mépris des formateurs, mépris du fonctionnement universitaire et du dialogue social, … Le tout dans un contexte de pénurie de moyens et volonté de diminuer le nombre de fonctionnaires ( au profit de contractuels). Bref, une réforme de la formation tout à fait cohérente avec celle du « choc des savoirs ».
Cependant, dans cette réforme, un point qui accord : le parcours de formation se ferait sur 5 ans (de la Licence au master), avec une rémunération à partir du master 1. Le modèle sur 5 ans qui existe depuis longtemps en Staps, avec préprofessionnalisation en Licence, serait généralisé. Sur le principe, nous nous en réjouissons. Former au métier d’enseignant nécessité un haut niveau de qualification et les deux années de master étaient insuffisantes pour aborder tous les enjeux, articuler les connaissances didactiques et professionnelles et irriguer la formation par la recherche. Quant à la rémunération en master, nous la demandions depuis longtemps sous forme de pré-recrutements.
Un autre point nouveau (qui faisait débat) : le concours aura lieu en L3. (voir la position et arguments du SNEP-FSU).
Problèmes spécifiques au 1er degré :
- Pour le premier degré, il est prévu deux possibilités : soit une formation spécifique, soit une formation en Licence disciplinaire avec une forte prépro (type Staps). Ce n’est pas en soi un problème. Par contre, il y a des problèmes de structures et de gouvernance, des problèmes de contenus de formation, des problèmes de concours.
- La formation se fera dans des nouvelles « Ecoles Normales Supérieures du professorat du XXIè s » dans lesquelles la place des rectorats sera renforcée. Dans ces écoles, les directeurs nommés et le recrutement de nouveaux formateurs échapperont aux procédures de l’Université. L’avenir des INSPE et des formateurs INSPE est méconnu et très incertain.
- Le parcours spécifique PE ne serait pas adossé à une formation universitaire (type sciences de l’éducation ou INSPE), mais se ferait le modèle des classes préparatoires PE, qui ressemblent plus à des super-lycée qu’à des parcours universitaires.
- Le rapport entre les parcours spécifiques et les licences disciplinaires seraient de 80%-20%, c’est-à-dire un parcours spécifique très majoritaire, avec dispenses des écrits de maths et de français au concours. Le ministère espère ainsi attirer les candidat.es aujourd’hui en nombre insuffisants. Rien n’est moins sûr, quand on sait que le premier problème est la revalorisation globale du métier (la première rémunération sera seulement de 900 € en M1, puis 1400 en M2).
- Outre la question de l’attractivité, ce parcours spécifique pose le problème de la diversité des parcours antérieurs au métier de PE. 20% de postes pour les étudiant.es issues de filières disciplinaires, c’est très peu. Pour la filière Staps (Education et motricité /petite enfance) cela aura deux conséquences :
- pour l’EPS : parce que les ex- Staps pourraient jouer le rôle de personnes -ressources EPS dans les écoles (voir l’enquête sur les écoles vitaminées par l’EPS)
- Pour la formation « petite enfance » en Staps qui va être désertifiée si les étudiant.es qui se destinaient au CRPE quittent cette filière, parce qu’actuellement, le secteur » sport et petite enfance » est peu professionnalisé, bien qu’il y ait de réels besoins d’encadrement qualifié.
- Dernier point, la suppression de l’épreuve orale d’EPS au CRPE. Cette décision est d’autant plus incompréhensible :
- Que l’on connaît les besoins sociaux en matière de santé des jeunes et d’accès à la culture sportive, que l’on sait que l’école est le seul lieu où tous les enfants peuvent bénéficier d’une éducation physique et sportive, que l’on connait les besoins de formation pour pouvoir enseigner l’EPS à tous les enfants, en assurant leur sécurité, quelles que soient leurs capacités.
- Que pour la première fois, la formation sera d’une durée de trois ans avant le concours et que celui-ci peut donc avoir des exigences didactiques et pédagogiques.
- Que nous sommes dans une année olympique, et que tous les discours sur le développement physique des élèves devraient se traduire en acte.
C’est pourquoi nous vous invitons à signer la pétition : Pour le maintien d’une épreuve orale au CRPE
Cette pétition s’insère dans une bataille plus large sur l’école que nous voulons et dans cette école, sur la place de l’EPS.
Nous vous invitions donc à signer ces deux autres pétitions :