Par Éric DONATE et Bruno CREMONESI
Pour le SNEP-FSU, de nouveaux programmes d’EPS doivent permettre de définir les savoirs culturels à acquérir dans un cadre national.
Nous avons appris qu’un groupe d’experts a été nommé pour récrire les programmes Collège. Nous l’avons sollicité ainsi que le Président du Conseil Supérieur des Programmes (CSP) pour une rencontre afin d’échanger sur le projet de programme, et avons été renvoyés vers l’Inspection Générale (IG).
CSP et indépendance ?
Il est étonnant que le Président du CSP renvoie notre courrier à l’IG sans nous rencontrer… témoignant ainsi du fait que les nouveaux programmes ne seront pas écrits par un groupe indépendant mais par l’IG. Pour le SNEP-FSU, la présence de membres de l’IG dans le groupe d’experts n’est pas le problème en soi, mais bien l’absence de débats démocratiques nourris par les analyses des organisations syndicales représentatives ou de chercheurs présents au sein de ce groupe.
la révision des programmes est un moment clé pour l’avenir de notre discipline
Cette récriture se réalise sans s’appuyer sur un bilan des programmes précédents, et imposera aux enseignant·es un travail de formalisation autour de vocabulaires différents et de concepts nouveaux. Ces procédés, typiques du new public management, accentuent le sentiment d’une perte de sens en donnant l’impression que les concepts évoluent sans que le quotidien des pratiques ne change réellement.
À quoi servent les programmes ?
Pour autant les programmes occupent une place centrale dans l’école. Les travaux scientifiques montrent que l’absence d’explicitation claire des savoirs communs, laissée à l’initiative locale, renforce les inégalités. Ainsi, le SNEP-FSU a toujours défendu des programmes d’EPS ambitieux, définissant une culture commune pour les jeunes Français·es et constituant un levier pour des politiques éducatives (Cf. développement des installations sportives).
Le SNEP-FSU rencontre le monde de l’EPS
Dans cette année post-JO où l’État affiche sa volonté de laisser un héritage pour les élèves, la révision des programmes est un moment clé pour l’avenir de notre discipline. Le SNEP-FSU a rencontré les organisations du monde de l’EPS (AEEPS, ARIS, ANESTAPS, C3D) et les IPR de plusieurs académies pour partager nos analyses respectives du contexte et des enjeux des programmes.
Ces rencontres ont fait émerger un débat autour des objectifs mêmes de l’EPS du fait d’un recul de la motricité. Les programmes actuels lycée minorent la spécificité des apprentissages moteurs en EPS. L’identité de notre discipline, sa spécificité à l’international, renvoie à l’étude des Pratiques Physiques, Sportives et Artistiques (PPSA), qui, plus que de simples supports pédagogiques, constituent des objets d’étude à part entière. Étude, qui, grâce aux travaux en didactique a dépassé le modèle techniciste découpant les gestes en unités simples à répéter avant de pratiquer l’activité sportive dans toute sa complexité.
Le débat se construit également autour du manque de cadrage des attendus dans les APSA (référentiels Bac, et programmes), conduisant à accentuer les inégalités entres les établissements et participant à un émiettement de l’EPS. Les attendus définis à un niveau général dans les « champs d’apprentissage » intègrent une diversité de PPSA et rendent difficile l’établissement d’un cadre structurant pour les enseignant·es. Or, plus les prescriptions sont floues, plus l’écart entre le curriculum prescrit et le curriculum réel se creuse.
Nous avons affirmé notre point de vue sur la liberté pédagogique. Celle-ci ne s’oppose pas à une visée commune de savoir. Tendre vers une visée commune dans les savoirs étudiés ne s’oppose en rien à une diversité de chemins pour les atteindre, et à l’expression de la professionnalité des enseignant·es que leur construction nécessite.
Une telle proposition n’est pas à la hauteur des enjeux de notre discipline, plus encore avec la diminution des formations initiales et continues qui fragilisent les connaissances didactiques de la profession et accroissent les disparités.
Un tournant historique pour l’EPS
Nous vivons un moment historique. Laisserons-nous l’EPS devenir une discipline contributive au service de grandes finalités dont la santé, sans exigences d’apprentissage d’objets culturels dans les APSA ? L’EPS trouve sa place dans l’école par l’étude d’objets spécifiques des PPSA !
Le SNEP-FSU appelle la profession à se préparer à se mobiliser pour ne pas laisser notre discipline et ses contenus se diluer dans des textes sans savoirs.