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4h d’EPS : une idée d’école

Lors du congrès de 2017, nous avons cerné, parmi d’autres points, un élément d’analyse de l’École d’aujourd’hui.

La tradition « intellectualiste » de la culture persiste, le mépris pour le travail physique s’est transformé en sous-estimation générale du « physique » et du « corporel ». Cela conduit, au sein du système éducatif, à minorer la référence à tout ce qui est relatif au travail, au travail manuel, aux techniques. Nous considérons qu’il est primordial dans notre projet d’inclure fortement la culture technologique qui permet de penser le monde de la technique, de s’y inscrire et d’agir sur lui 1

La place que prend la technique (physique, sportive et artistique) dans les revendications du SNEP-FSU donne sens à la place des techniques, de manière plus générale, au sein de l’École. L’entrée dans les dimensions culturelles différentes donne les clés de l’émancipation aux futur·es citoyen·nes.

La maîtrise des différentes dimensions des APSA, par la pratique, arme les élèves pour des engagements dans la durée et pour les poursuites des apprentissages, quel que soit le lieu de cette pratique.

Porter les horaires d’EPS à 4 h hebdomadaires serait, enfin, un signal de reconnaissance, non seulement de l’EPS comme discipline fondamentale, mais des apprentissages issus des cultures vivantes.

Le temps indispensable

Or, nous n’apprenons pas si nous ne prenons pas le temps de le faire. Les apprentissages sportifs et artistiques, au sens moteur, s’inscrivent depuis très longtemps dans des cycles dits d’entrainement.

Si l’EPS n’est pas mieux organisée autour de ces questions, elle sortira de plus en plus affaiblie.

Pour « respecter » les programmes actuels de l’EPS, en collège comme en lycée, nous n’avons pas besoin de plus d’EPS. Nous aurions même besoin d’encore moins, quand nous ne savons pas ce qu’il y a à apprendre, tous les arrangements et affichages seraient possibles. L’idée de plus de temps est bel et bien articulée à une vision particulière de l’EPS. Pour viser, mettre en musique, s’entrainer, autour des techniques, savoirs etc. contenus dans les programmes alternatifs portés par le SNEP-FSU, il faut plus de temps.

C’est pourquoi nous plaidons pour une plus grande cohérence de l’ensemble des enseignements.

Les exigences spécifiques des différentes disciplines ne sont pas de même niveau en EPS et ailleurs. C’est pourquoi les programmes d’EPS doivent être réécrits afin de chercher des ancrages culturels, comme toutes les autres disciplines les cherchent dans leurs cultures spécifiques (sciences, arts, langues et peuples…). Une École visant l’émancipation ne repose pas sur la négation des cultures mais bien sur l’exigence culturelle des disciplines d’enseignement.

Les 4 h d’EPS ouvriraient des possibilités nouvelles qui tireraient derrière elles toute une série des transformations spécifiques. Nous évoquons ici celles qui participeraient à la transformation de l’École dans son ensemble. Les 4 h acteraient l’idée que l’École publique a besoin de temps pour travailler avec les élèves, en profondeur, sur la notion de culture qui prend forcément des formes spécifiques à la culture scolaire.

Les programmes d’EPS doivent être réécrits afin de chercher des ancrages culturels, comme toutes les autres disciplines les cherchent dans leurs cultures spécifiques

Elle entrainerait une réflexion plus globale sur les nouveaux équilibres entre les disciplines compte tenu des enjeux larges pour l’École du futur et pas seulement l’accès aux meilleures écoles via le Parcoursup. Le tabou du temps scolaire sauterait, notamment pour les plus démuni·es. Ce serait une façon d’ouvrir un nouveau cycle pour l’École, de sortir de la vision étriquée et réactionnaire d’un socle pauvre en savoirs, voire construit  contre les savoirs, comme c’est le cas en EPS. L’ouverture du temps scolaire ne devrait pas se faire avec l’idée des « vases communicants » entre les disciplines mais bien dans une visée de plus et mieux d’École.

Puis, de nouveaux « formats » de temps pourraient être envisagés. Pour garantir l’accès aux savoirs, la place des savoirs organisés dans les disciplines est indispensable.

Le temps permet des approfondissements permettant des réussites stabilisées. Il peut aussi permettre des découvertes (dossiers, APSA, etc.) pouvant être explorées sous formes de majeurs et mineurs par exemple.

Des projets longs de réalisations donneraient certainement des expériences nouvelles et originales à tous les élèves. Enfin, le forfait d’AS pourrait être l’un des modèles à exploiter, au-delà de l’EPS, dans toutes ou très grand nombre de disciplines.

Notre revendication est socialement juste et s’intègre dans une vision de l’École reposant sur des cultures. Il est temps de rompre avec un certain degré de formalisme et d’opérer un virage. Il revient à notre profession de prendre sa part dans cette entreprise.

Notes :
  1. Extrait du texte voté au congrès de 2017.[]