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Claire-Marie Dramé : l’interview

Claire-Marie Dramé est Championne du Monde de savate Boxe française et aussi professeure d’EPS dans l’académie de Créteil. Elle plonge dans le sport et son métier avec passion. Entre ses entrainements et sa vie de famille, elle a développé une section sportive pour faire vivre aux élèves des émotions que seul le sport peut créer.

Interview par Bruno Cremonesi

Bruno Cremonesi :  Peux-tu présenter ton parcours sportif et professionnel ?  

 Claire-Marie Dramé :  Je suis prof d’EPS depuis 2008. Je travaille à Villeneuve-Saint-Georges dans un collège REP + depuis 2014.

J’ai découvert la boxe française au STAPS et j’ai eu un coup de cœur pour la discipline. Je me suis investie à fond et quand je suis arrivée en région parisienne, je me suis inscrite en club.

J’ai intégré l’équipe de France en 2011. En 2017, j’ai gagné mon premier titre européen. Après cette victoire, j’étais censée arrêter. J’ai eu 2 garçons. Suite au Covid, j’ai eu besoin de reprendre le sport. J’ai repris à fond et je suis devenue Championne d’Europe en 2022 en Combat et Championne du Monde de savate 2024 en Assaut. À cette période je dois vraiment arrêter les compétitions car cela demande beaucoup d’exigence et d’entrainement. Mais le Sénégal organise les championnats d’Afrique au mois d’avril 2025. Il y a des chances que j’y participe. Je crois que je vais décaler ma pause de quelques mois.

 B. C. :  Quelle est la différence entre Assaut et Combat ?   

 C-M. D. :  En Combat, on recherche l’efficacité, on va frapper fort. Les points ne comptent que si tu frappes fort et évidemment il y a la recherche du chaos. En Assaut, c’est à la touche. Tu n’as pas le droit de frapper fort, tu dois toucher ton adversaire mais sans puissance. Celui qui gagne à la fin, c’est celui qui a touché le plus de fois et le mieux. C’est-à-dire avec le plus de techniques, de curiosité, de virtuosité… Par exemple en boxe française on va valoriser les enchainements pieds-points. 

 B. C. :  Peux-tu revenir sur ton titre ?  

 C-M. D. :  Lorsque je reprends la boxe, en 2022, je gagne un titre de vice-championne d’Europe. J’ai beaucoup de mal à digérer cette défaite en finale, donc je fais une pause d’un an, j’ai besoin de couper. Quand je reviens en 2023, je m’investis à 100 %. En finale France, je perds contre Fanny Serena et encore une fois je le vis très mal. La première se qualifie pour être membre de l’équipe de France et je refuse ma sélection.

Sur le ring, l’important c’est la réflexion et l’analyse

Comme j’ai la double nationalité car je suis mariée avec un sénégalais, le Sénégal fait appel à moi. J’accepte et je boxe en Slovénie sous les couleurs du Sénégal. En finale je gagne contre la française. J’étais très fière d’apporter cette victoire au Sénégal, c’est un pays qui a besoin d’être représenté au niveau international.

B. C. :  Comment concilies-tu ton métier, ton entrainement, ta vie perso ?  

 C-M. D. :  C’est une organisation au millimètre. J’ai des semaines très chargées. Le matin, j’ai la chance de commencer tous les jours à 10h00. Je dépose mes 3 enfants de 4, 6 et 9 ans à 08h 30 et après j’ai une séance de renfo musculaire avant de partir au travail.  À 12h00 après les cours, 4 fois par semaine je fais du fractionné sur la piste. Je m’entraine 4 soirs dans la salle de boxe. Je finis les semaines fatiguée car je travaille à plein temps. Je suis aussi très attachée à ma vie de famille et je passe du temps avec eux, je les emmène souvent avec moi dans les compétitions, dans le sport scolaire…

 B. C. :  Pourquoi as-tu continué à être professeure d’EPS ?  

 L. G. :  Je suis passionnée par mon métier, par les jeunes… Je m’investis beaucoup car j’ai envie de transmettre ma passion du sport, de donner confiance aux jeunes, leur montrer que par le sport, ils vont vivre des émotions incroyables. Les émotions du sport, ils ne pourront les vivre nulle part ailleurs.

En 2018 j’ai créé une section sportive qui obtient vraiment de très bons résultats.

Je cherche à transmettre la dimension tactique de la Savate boxe française. Ce que j’aime dans cette activité c’est l’analyse de la boxe de l’adversaire pour essayer de déjouer ses plans, de trouver son point faible.

Sur le ring, l’important c’est la réflexion et l’analyse.