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L’enseignement optionnel EPS, l’affaire de toute la profession

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La rentrée 2019 se prépare et les masques tombent. Volontairement différée, la réalité de la mise en place de la réforme du Bac et du Lycée (BO n°29 du 19/07/18) est cruelle, les équipes EPS réagissent et prennent conscience de l’attaque subie.

Certes, l’EPS est présente dans l’enseignement commun, à raison de 2h hebdomadaires, son coefficient et son évaluation en CCF en terminale sont maintenus mais sa « surface » se réduit comme peau de chagrin. Dès le premier projet de réforme du Bac, le SNEP-FSU a alerté la profession et mené la bataille sur les options et le refus du ministère de transformer les enseignements d’exploration en enseignements de spécialité autour de l’EPS (cf. site).
Cette réforme contestable en bien des points (Bac local, évaluation permanente,…) l’est aussi par son caractère pernicieux : l’enseignement optionnel n’est pas supprimé mais les conditions de sa disparition sont créées :

– Une seule option peut être choisie par les élèves au Bac : l’ouverture culturelle se réduit à une mise en concurrence des disciplines sur la marge horaire d’autonomie des lycées !
– Pour les élèves, le suivi de cet enseignement de la seconde à la terminale n’est plus obligatoire ni garanti : la progression et l’organisation des classes/groupes va être complexe !
– L’enseignement optionnel est évalué en contrôle continu : ce sont les notes trimestrielles posées en classes de première et terminale qui seront prises en compte dans le cadre du Bac et qui serviront à renseigner le livret scolaire de l’élève. Soit entre 0,66 et 1/100 de la note finale !

Des enjeux importants pour l’EPS

Le principe d’une option, en tant que lieu d’approfondissement et de spécialisation porte une ambition pour l’EPS en lycée et pour la fin de scolarité obligatoire. Bien entendu, il y a des répercussions en termes de postes d’enseignants. Une option facultative, actuellement, représente 9h sur la DHG, et bien souvent les lycées proposent 2 classes d’option soit l’équivalent d’un poste. Les premiers indices de la part des académies montrent une diminution de l’offre dans la cadre de la nouvelle réforme.

L’enjeu est de taille pour les élèves : en 2016, 17 788 élèves ont présenté l’EPS facultative au Bac en CCF et 43 219 en ponctuel, auxquels s’ajoutent les 2 793 élèves de l’enseignement de complément (sources Rapport CNE). Soit environ 10% des candidats aux Bac G et T.

De plus, avec l’imposition du contrôle continu, l’épreuve facultative ponctuelle EPS disparaît donc aussi pour les Bacs professionnels et pour les pratiquant.es de haut niveau (en 2016 : 2 609 candidat.es SHN, 1 957 SHNSS et 415 JO). Les élèves ne pourront plus faire valoir scolairement leur investissement dans le monde sportif et artistique, sans doute l’école de la bienveillance selon Blanquer.

Un nouveau programme d’option chimérique

Lors du CSE du 18/12/18 un nouveau programme d’enseignement optionnel EPS était présenté.
Son contenu se veut un « succédané » à large spectre pour répondre aux maux de l’EPS :

  • Le projet semble vouloir palier l’absence d’un enseignement de spécialité, d’où un programme pléthorique « l’enseignement optionnel d’EPS permet de découvrir et/ou d’approfondir de trois à six APSA » et une liste de thèmes d’études à présenter sous des formes diverses. Il y a manifestement confusion des deux enseignements, or ils ne répondent pas à la même offre de formation ni aux mêmes horaires !
  • Ce projet tente aussi de remédier aux contraintes de programmation des APSA de l’enseignement commun trop « engoncée » dans ses groupements et son faible volume horaire, d’où l’objectif suivant « Les APSA proposées ont vocation à ouvrir l’offre de l’enseignement commun ».

L’approfondissement dans une APSA n’est donc plus recherché. De plus, « Les attendus de fin de lycée (AFL) sont identiques à ceux définis par champ d’apprentissage dans le programme de l’enseignement commun ». Aucune obligation pour l’équipe pédagogique de programmer une même APSA plusieurs fois dans le cursus du lycée afin d’élever le niveau de compétences des élèves.
Ce nouveau programme marque une rupture avec l’option facultative actuelle – 2 APSA de niveau 5 (avant 2010, 1 seule APSA) – et change l’objet même de l’option qui se rapproche d’une mini section STAPS…
Pour le SNEP-FSU, l’enseignement optionnel doit se recentrer sur l’étude d’une ou deux APSA programmées sur le cursus, au choix des équipes, et répondre aux besoins du plus grand nombre d’élèves. Par ailleurs, il est impératif de créer un enseignement de spécialité qui, lui, pourra répondre aux objectifs de poursuite d’études.

Au CSE, le vote sur l’arrêté programme de l’option était groupé avec celui de l’enseignement commun. Il a recueilli 0 pour, 38 contre, 11 abstentions, 1 refus de vote.

Perspectives d’actions

– S’informer sur la carte de formation présentée par le recteur au CTA sur les enseignements de spécialité et enseignements optionnels. Sur l’offre des options EPS, les IPR ne doivent pas s’arroger ce droit en lieu et place des équipes EPS et des CA. In fine, c’est sur la marge d’autonomie des établissements que ces enseignements se feront.

– Porter et faire vivre le mandat du SNEP-FSU d’un enseignement optionnel EPS dans tous les lycées pour répondre aux besoins des élèves sur l’ensemble du territoire.

– Obtenir la création d’un enseignement de spécialité en EPS, campagne d’opinion à mener par toute la profession.

A l’épreuve de leur mise en place et de la contestation de la communauté éducative, les textes officiels bougent. Comme pour le grec et le latin, le ministre doit revoir la part et les modalités de l’enseignement optionnel dans le nouveau Bac mais aussi le projet de programme. Le SNEP-FSU y contribuera, c’est essentiel pour un projet d’école émancipateur et une EPS ambitieuse au lycée.