Il n’est pas rare que des élèves, des parents d’élèves ou des politiques, nous posent la question suivante, « quelle est la différence entre EPS et sport ? ». Pour les élève, qui vont « en sport », ont un.e « prof de sport », la question est légitime. Pour les politiques, la question en sous-entend souvent une autre : « Pourquoi faut-il des profs d’EPS
dans l’Ecole alors que des éducateurs sportifs coûtent moins chers» ! Trop souvent nos réponses sont trébuchantes : Oui, on fait du sport, mais pas le même que dans les clubs, ou pas seulement, la compétition n’a pas le même statut, nous c’est la motricité, etc…. Peu convaincants au bout du compte. Alors que répondre à la question ?
Tout d’abord, dire que ce n’est pas la bonne question ! La différence n’est pas entre l’EPS et le sport, mais entre l’Ecole et les autres lieux où on pratique le sport. En effet, on fait du sport dans plein d’endroits et à tous âges : à l’école, dans les clubs, au centre aéré, en vacances au camping ou le dimanche sur la plage, en entreprise et dans les maisons de retraite. Donc, la bonne question est :
« quelle est la spécificité de l’école en matière de sport ? » Autrement dit, quel est le rôle de l’Ecole ? Que fait-on à l’Ecole qu’on ne fait pas ailleurs, ou plutôt que doit faire l’élève à l’Ecole qu’il n’est pas obligé de faire ailleurs ?
La première spécificité de l’Ecole, c’est qu’elle est obligatoire et que chaque élève doit y aller, même s’il n’en a pas envie. Elle a des programmes, qui correspondent à ce que la nation a décidé de transmettre à toute une génération d’enfants. Le sport en fait partie : savoir nager, savoir danser, savoir jouer collectif, savoir faire la roue, etc. Le fait que l’école soit obligatoire change tout ! Cela se traduit par un grand nombre de contraintes : l’élève n’a pas le choix, ni du groupe-classe, ni de l’activité, ni des savoirs en jeu, ni de l’enseignant.e (d’où les problèmes « normaux » de motivation et de sens !). Mais ça ne suffit pas, à l’école, les élèves sont dans l’obligation d’apprendre, c’est-à-dire qu’ils sont confrontés à la nécessité de modifier leurs manières de faire, de penser, d’être avec les autres, et donc se transformer – avec tout que cela coûte d’efforts et d’incertitude, mais aussi de satisfactions lorsqu’on réussit. Au club aussi on apprend bien entendu, mais un enfant qui ne rentre pas dans le jeu, changera de sport, c’est pour cette raison qu’on ne trouve en club que, très majoritairement, des enfants « motivés ». Au Centre de vacances, l’animateur sera centré sur le « vivre ensemble » plus qu’au « apprendre ensemble ». L’enfant vient là pour jouer, se détendre en petits groupes, d’âges souvent différents.
Certes il apprend, mais les apprentissages seront plus incidents, ou toujours sur le mode ludique. L’enfant sait qu’il n’est pas là pour faire des exercices, répéter ou se poser des questions comme il doit le faire à l’Ecole. C’est ainsi que certains apprentissages sont de la responsabilité première de l’Ecole si l’on veut être certains que tous les enfants y soient confrontés.
C’est ainsi que certains apprentissages sont de la responsabilité première de l’Ecole si l’on veut être certains que tous les enfants y soient confrontés.
Qu’apprend-on à
l’école ? Qu’étudie-t-on en EPS ? Et bien, oui… on étudie le sport ou plutôt
des APSA (les attentes sont définies plus ou moins précisément dans les
programmes), mais en prenant en compte toutes les contraintes citées plus haut.
L’élève doit comprendre qu’à l’Ecole, étudier le sport, c’est se confronter à
la pratique (avec ce que ça suppose de répétitions), mais aussi se poser des
questions sur le jeu, les règles, sur lui/elle-même pour progresser. L’Ecole,
c’est également apprendre avec les autres (qui ne sont pas forcément mes
copains, et pourtant je dois tenir compte de leur avis). C’est ainsi qu’à
l’entrée du collège, l’on repère assez facilement les élèves qui ont fait de l’EPS à l’école primaire : ils/elles ont
un rapport aux apprentissages en EPS qui n’est pas un rapport de jeu uniquement.
Alors pourquoi faut-il des enseignant.es ? Parce que faire apprendre tous les élèves, être ambitieux pour les filles autant que pour les garçons, ceux qui au départ « n’aiment pas ça », n’ont pas envie ou se sentent trop faibles, trop petits ou trop corpulents… nécessite une professionnalité spécifique. Un tronc commun (sur les APSA) peut être commun aux 3 corps de métiers (enseignant, animateur, entraineur), mais au final, on a bien trois métiers différents, qui chacun doivent tenir compte de des enjeux et des contraintes de l’institution pour laquelle ils travaillent.