Il y a quelques jours, le ministre Blanquer a annoncé que les examens, en cette fin d’année et en raison du confinement, seraient évalués sous forme de contrôle continu (CC). Cette décision pourrait aggraver les inégalités scolaires.
Le SNEP-FSU défend le caractère national des examens. Cela ne signifie pas pour autant que plusieurs points importants dans l’organisation de l’EPS au quotidien (conditions matérielles et d’installations sportives, choix de l’APSA locale…) ne peuvent comporter une particularité locale, de territoire.
Dans les programmes et l’évaluation nationale demeurent les garanties des droits communs mais aussi des exigences communes, ces dernières étant des sources d’émancipation par les savoirs. S’il est clair que le confinement oblige le ministère de prendre des mesures exceptionnelles, il est de notre devoir de pointer les conséquences de certaines situations. Les expressions de plusieurs scientifiques, les observateurs scolaires, et, enfin, notre profession, s’accordent pour dire que le confinement aura exacerbé les inégalités scolaires. Nous pensons que le contrôle continu (à différencier du contrôle en cours de formation, qui répond aux exigences d’un protocole d’évaluation validé par l’institution) conduit, également, vers davantage d’inégalités. Qui plus est, l’expérience relative aux modalités du fonctionnement du Livret scolaire unique numérique (LSUN) révèle des fortes inégalités selon les volontés et les rapports de forces locaux. L’usine à case qu’est le LSUN ne révèle pas le niveau scolaire de chaque élève. Pourtant, la moitié de la note au DNB est attribuée là- dessus (400 points).
L’autre moitié devait être attribuée à partir des notes obtenues lors des épreuves finales. Les annonces ministérielles ont été très claires, les épreuves sont supprimées. Quelles que soient les notes, attribuées à partir des bulletins trimestriels de chaque élève, les savoirs perdus dans le confinement, le seront durablement. Cela est encore plus vrai pour l’EPS. Par contre, le caractère très varié des exigences, des modèles utilisés, des barèmes, in fine, aura contribué à faire glisser les résultats vers davantage d’inégalités.
Quelles que soient les notes, attribuées à partir des bulletins trimestriels de chaque élève, les savoirs perdus dans le confinement, le seront durablement.
Les épreuves communes, les exigences communes, sur le territoire national, sont remplacées par des modalités locales, propres à chaque établissement. Alors que, en parallèle, le « commun » est appelé au secours de la Nation par ce que le socle commun est censé garantir. Chaque fois que le « commun » est convoqué pour valider le particulier, il s’agit d’une incohérence que l’institution ferait mieux de reconnaitre.
Depuis l’existence de cette double contribution au DNB, et la suppression pure et simple de l’évaluation spécifique en EPS, nous entendons des louanges de notre discipline quant à sa, soi- disant, reconnaissance, pleine et entière,
à travers sa contribution au socle commun. Nous l’avons déjà dit, il s’agit de la négation des acquis spécifiques car, une fois le livret reçu par les familles, les acquis spécifiques dans les APSA, sont absolument invisibles.
Nous rappelons que notre vision de l’évaluation au DNB est d’abord disciplinaire. Toutes les disciplines doivent y concourir, à égalité. Les modalités d’évaluation en EPS, compte tenu de la spécificité de l’enseignement basé sur l’étude en pratique, des APSA, reposent sur un CCF, à la fin de chaque cycle d’enseignement.
Nous avons appelé la profession à préserver les protocoles d’évaluation construits précédemment, validés par les IPR EPS, en vue de l’obtention d’une note en EPS, pour le DNB. De nombreuses équipes continuent, avec l’accord de la direction d’établissement, à faire vivre ces protocoles. Nous pensons que c’est une nécessité pour un retour à l’évaluation spécifique en EPS.
Les programmes alternatifs, par APSA, sont des éléments à l’aide desquels les équipes peuvent maintenir le débat au sein de l’équipe pour continuer à travailler sur des exigences communes.
Le confinement remet sur la place publique le rôle central du « physique ». Et la culture physique, sportive, artistique doit occuper sa juste place à l’Ecole.