Nous avons rencontré une équipe d’enseignant.es d’EPS quelque part en France pour leur demander quelles vont être les conséquences des nouveaux programmes EPS du bac. Les collègues n’ont pas souhaité dire le nom de leur lycée.
BC : Comment percevez-vous sur le terrain les premières conséquences de la réforme du bac ?
Jean-Bastien: Il faut arrêter de dire réforme du bac. C’est une réforme du lycée ! Pour le moment on ne sait pas encore ce que vont être les emplois du temps. Le proviseur adjoint a déjà évoqué que le nombre de classes qui auront cours le mercredi après-midi va augmenter sauf si nous acceptons d’ouvrir le samedi matin. Il joue la salle des profs contre le sport scolaire.
Pour nos options, c’est un coup dur. On n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi l’institution n’a pas voulu de spécialité. Le plus dur est d’entendre des collègues responsables de la formation sur les nouveaux programmes ou des IPR dire que l’EPS en lycée est valorisée. Le programme d’option est d’une exigence démesurée en rapport à sa valeur dans l’option du bac. Tout est fait pour finalement réduire à peau de chagrin l’EPS au lycée.
Notre projet d’EPS vise à la fois à ce que chaque élève intègre son projet individuel en lien avec le projet collectif et à la fois que chaque jeune intègre une dimension collective dans le projet individuel
A. : Je suis très en colère, la logique de la réforme du lycée met au cœur de ses éléments de langage le choix personnel de l’élève. On retrouve cette même logique dans les programmes. Il semble que parce que les élèves peuvent choisir, parce que soit disant les enseignants vont partir des besoins des élèves que l’on construirait une EPS moderne. Nous avons, de façon très formelle, par un jeu d’écriture, déterminé les besoins qui nous arrangeaient pour conserver encore un peu d’ambition pour nos élèves. La réforme du lycée semble peu à peu abandonner une exigence commune pour tous les lycées français. Cette logique est pour moi un glissement vers une ambition que peut avoir le service public d’égalité sur le territoire français à une exigence de service à des besoins à la personne. Une logique des besoins qui laisse entendre qu’il serait différent pour chaque personne qui se construirait indépendamment du contexte social de vie… Cette logique de la construction d’un service d’Etat calqué sur les soit disant besoins des personnes correspond à la logique du privé et ne va surement pas se soucier de la réussite de tous et de déterminer des savoirs ambitieux pour les classes populaires.
BC : quelles sont les conséquences des nouveaux programmes sur l’EPS au quotidien ?
JB : Nous avons décidé de passé dans le maquis ! C’est-à-dire que nous avons rempli des tableaux pour les IPR et nous ferons autre chose sur le terrain.
BC : Peux-tu donner un exemple ?
A. : Le législateur a choisi de mettre la CP5 comme objectif général et que nous l’ayons comme finalité de notre enseignement. Nous étions en équipe très attachés à ce que nos élèves sortent du lycée avec des savoirs relatifs aux savoirs s’entrainer. Peut-être avec la différence que, ce qui nous intéresse, ce n’est pas simplement une compétence d’ordre général mais la démocratisation de la culture sportive et artistique.
JB : Je voudrais rajouter un point important. Le législateur aurait dû annoncer la fin de la CP5. Elle n’a plus aucun sens puisqu’elle est partout. Je ne comprends pas que l’on puisse mélanger une logique de classification des apsa, avec des objectifs. Mon problème c’est que l’on prépare d’une certaine façon les jeunes à être des futurs consommateurs de salles de sport. Nous devrions travailler à créer d’autres lieux qui permettent aux jeunes cette continuité de la pratique sans pour autant devoir payer. Le sport scolaire peut d’une certaine façon proposer ce cadre en se pensant autrement que par le seul projet sportif classique.
Le texte précise : « En vue d’enrichir les offres nationale et académique, et pour répondre à des besoins et à des ressources culturelles, humaines et matérielles locales, le projet pédagogique d’EPS peut retenir une pratique spécifique appelée « APSA d’établissement », référée à l’un des champs d’apprentissage. »
Nous avons proposé une épreuve collective de biathlon dans le champ 5. Les élèves doivent se préparer collectivement à une épreuve par équipes de 3 ou 4, mixte, où ils doivent enchainer des courses et des lancers. Chaque élève doit intégrer son projet individuel en lien avec le projet collectif comme le demande le CA5.