Article rédigé par Séverine Bertrand
Depuis l’annonce, en octobre, de la création d’une spécialité « Éducation physique, pratiques et cultures sportives » dans les lycées, le SNEP FSU suit attentivement le dossier car beaucoup de choses vont se jouer dans les semaines à venir. Faisons le point en ce début janvier.
Mi-novembre, le ministre a demandé au Conseil Supérieur des Programmes (CSP) d’élaborer un projet de programme pour cet enseignement et de formuler des recommandations pour sa mise en œuvre et son évaluation. Depuis fin novembre, un groupe de huit experts se consacre à cette mission pour proposer un texte qui devrait sortir fin janvier. Une consultation avec les organisations syndicales sera réalisée au moment de leurs travaux.
Le niveau 5 attendu pour les élèves.
Pour le SNEP FSU, cette spécialité doit permettre aux élèves d’approfondir la pratique d’une APSA par des apprentissages longs pour accéder à un niveau de performance et rentrer dans une logique d’entrainement, mais aussi de pouvoir découvrir d’autres APSA dans une logique d’ouverture et de diversification. L’enjeu va être de permettre la construction de réels pouvoirs d’agir chez les élèves et de ne pas tomber dans une extrême polyvalence des pratiques et un éclatement permanent de l’enseignement. L’utilisation des repères donnés par les anciens référentiels de niveau 5 nous semblent indispensables pour avoir un niveau d’exigence nationale cohérent dans les APSA.
La place de l’enseignement théorique va être aussi soulevée. La théorie ne doit pas être déconnectée et doit être pleinement intégrée aux pratiques. L’étude doit se faire dans et autour des APSA. Des thématiques pourraient permettre de délimiter les champs de connaissances et les savoirs nécessaires à la poursuite d’études multiples dans l’enseignement supérieur. Cette spécialité doit être éclairée avec des champs disciplinaires divers (psychologie, sociologie, sciences politiques, histoire, technologie…). Elle se doit d’être un enseignement ouvert qui ne s’adresse pas seulement à des élèves qui veulent faire STAPS.
L’ouverture vers l’Association Sportive, la mise en projet autour de l’animation d’évènements marquants, l’importance de faire vivre aux élèves des « tranches de vie » sportives ou artistiques authentiques, nous semblent devoir être aussi des points marquants dans le programme de cet enseignement.
Une adaptation indispensable du programme de l’enseignement optionnel.
Dès la parution du programme de l’enseignement optionnel, le SNEP FSU avait dénoncé son infaisabilité. A l’époque, ce projet semblait vouloir pallier l’absence d’un enseignement de spécialité. En effet, un décalage énorme existait entre des exigences dignes d’une mini section STAPS (3 à 6 APSA à aborder, des thèmes d’études à présenter sous des formes diverses) et un volume horaire bien insuffisant pour les atteindre, sans parler du coefficient insignifiant pour les élèves.
Maintenant qu’un enseignement de spécialité est créé pour répondre aux objectifs de poursuite d’études, l’enseignement optionnel doit se recentrer sur l’étude d’une ou deux APSA programmées sur le cursus, au choix des équipes, et répondre aux besoins du plus grand nombres d’élèves.
Une évaluation qui rentre dans le cadre de toutes les spécialités.
Au niveau de l’évaluation, cette spécialité va devoir rentrer dans le cadrage national de toutes les spécialités au niveau de l’organisation des épreuves, du grand oral, de la mise en place de jurys extérieurs. Un équilibre dans la notation va devoir être trouvé entre la pratique, l’oral et l’écrit. Le cadre est contraint pour devenir un enseignement de spécialité à « part entière ». Nous ne pouvons donc être « entièrement à part », mais le SNEP FSU revendique d’être « un peu à part » tout de même, afin de garder notre spécificité.
Au moment de la publication de cet article, le SNEP FSU siège à la commission spécialisée des lycées du Conseil Supérieur de l’Education portant création de l’enseignement de spécialité et de l’épreuve terminale de spécialité « Éducation physique, pratiques et culture sportives ». Difficile de travailler sur l’évaluation sans connaître le programme. Un complément d’information sera apporté à nos lecteurs dès la fin de cette commission sur les modalités d’évaluation.
3 établissements par académie !
Dès le début, nous considérions la création de cette spécialité comme une réelle victoire et une belle reconnaissance pour notre discipline. Cependant, pour l’instant, la voilure est limitée : seulement un à trois établissements par académie pourront ouvrir cet enseignement. C’est insuffisant. Nous pensons qu’il est indispensable de laisser la possibilité à toutes les équipes EPS qui le souhaitent de s’emparer de cette spécialité. De même, tous les élèves qui désirent faire cette spécialité doivent pouvoir être en mesure de le faire dans l’établissement qui proposera cet enseignement, c’est la règle voulue par cette réforme du bac, le libre choix des élèves, et donc pas de sélection ni de capacité d’accueil prédéfinie avant leurs vœux.
Nous invitons chaque établissement qui souhaite l’ouverture de l’enseignement de spécialité dans son lycée d’en faire la demande officielle
Nous invitons chaque établissement qui souhaite l’ouverture de l’enseignement de spécialité d’en faire la demande officielle. D’une part, pour montrer l’intérêt des équipes EPS avec le soutien des élus au CA et des parents d’élèves pour cet enseignement, d’autre part, avec les candidatures multiples, les IPR ne pourront faire leur « marché » en toute autonomie : des critères de transparence sur les choix effectués s’imposeront. De plus avec ces candidatures, même si toutes ne seront pas retenues, les équipes EPS prennent date pour la rentrée suivante 2022 car le ministère a annoncé un possible élargissement à la suite de cette première expérience.