Edition 2021
L’observatoire des inégalités vient de sortir son rapport national. Retour sur quelques données clés de ce rapport qui nous invite à réfléchir autrement les politiques scolaires.
Éducation : grands principes
Si les inégalités scolaires structurent la société française, l’École publique n’aggrave pas ces inégalités. Cette affirmation, plutôt forte, insiste sur l’idée d’un service public atténuant les inégalités sociales. Cela ne veut pas dire que les inégalités au sein de l’École n’existent pas. Cette affirmation vient étayer l’idée des services publics protecteurs, en temps de crises économiques et sociales fortes, comme celle de 2008.
Le rapport insiste sur les relations entre le fonctionnement de l’Ecole et les difficultés sociales liées aux conditions de vie : revenus, chômage, précarité, logement…
Pour agir de l’intérieur, le rapport affirme que l’École doit cesser d’organiser la mise en concurrence entre les élèves en termes de résultats scolaires. Les moyens de les aider à faire face aux difficultés doivent, au contraire, être ce qui prime dans les mesures prises.
Les réformes et dispositifs mis en place depuis des années sont pointés comme des outils de statut quo, destinés à préserver le système. Préserver un système inégalitaire consiste à aggraver les choses.
Diplômes
Seulement 20% de la population possède un diplôme à bac+2. Ce chiffre monte à 36% pour les 25-29 ans.
Cela nous fait dire que si l’augmentation des diplômés du supérieur est un des enjeux pour l’avenir, cela ne doit pas se faire en sacrifiant 50% des élèves comme l’organise l’orientation « bac 3/bac-3 ». Le socle commun appauvri ne peut être la seule garantie éducative et formatrice pour la moitié de la population d’une tranche d’âge. Le problème ici n’est pas le commun mais bien un socle appauvrissant.
En quarante ans, la part des jeunes sans diplôme a été divisée par cinq. 8% des jeunes sortent aujourd’hui du système sans aucun diplôme ou bien avec le seul DNB. Si la préoccupation principale de l’École publique doit être la sortie de l’échec de ces 8%, nous devons alors insister sur le rôle central de l’Ecole publique de permettre à la jeunesse d’obtenir des diplômes. Le glissement vers les « compétences » qui remplaceraient les diplômes conduit vers une déréglementation du système de formation allant jusqu’à la remise en cause du code du travail dans son rôle protecteur des salariés.
Inégalités sociales et scolarité
Les inégalités existent au sein du groupe fourre-tout « jeunesse ». Les jeunes issus des milieux populaires quittent l’École beaucoup plus tôt que ceux des milieux plus favorisés. Qui plus est, les enfants des milieux favorisés, bénéficient plus longtemps de l’argent public que les plus précaires.
Les enfants des milieux favorisés, bénéficient plus longtemps de l’argent public que les plus précaires
Cette donnée vient confirmer la nécessité d’une autre politique d’éducation prioritaire, basée sur une augmentation considérable des moyens pour les établissements les plus défavorisés socialement, financièrement et culturellement.
Il apparait que la classe de troisième est une année charnière pour la quasi condamnation d’une grande part de ces enfants qui sont orientés vers des filières courtes ou bien abandonnent l’École.
De nouveau, la question se pose de la démocratisation des études longues via les baccalauréats professionnels. Celle-ci nécessiterait une véritable politique de réouverture des universités et des grandes écoles passant par la suppression de « Parcoursup » et la remise en œuvre des passerelles multiples et plus simples à recréer.
Filles et garçons
La part des étudiantes et celle des étudiants s’est équilibrée depuis trente ans. Les filles représentent 56% des effectifs de l’enseignement supérieur dans les années 1990. Cependant, lorsqu’on regarde les filières d’excellence, elles ne représentent plus que 42,5%.
En STAPS, elles représentent 40%. C’est le résultat d’une évolution de 2,5% en 20 ans. Malgré cela, nous savons que certaines UFRSTAPS sont fréquentées par trop peu d’étudiantes. Les enjeux vont jusqu’à l’enseignement de l’EPS car la part des collègues femmes a diminué depuis des années.
Deux secteurs comprennent une majorité féminine, médecine/pharmacie avec 2/3 des effectifs et le commerce avec 61%. Viennent ensuite les filières langues étrangères et sciences humaines avec 70%.
Enfin, le rapport pointe une inégalité qualitative en termes d’orientation. Si les filles sont davantage poussées vers des sections majoritairement masculines, l’inverse n’est pas vrai.
En conclusion, nous pensons que ces données méritent de faire partie des éléments d’analyse qui devraient conduire vers un changement radical de politiques éducatives menées depuis quatre ans. Les mouvements politiques et les candidat·es aux élections à venir devraient s’en saisir dès à présent.