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Évaluation de l’enseignement de spécialité (EPPCS), une surenchère risquée

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Dernière étape du processus officiel de la mise en place de l’enseignement de spécialité (EPPCS), la note de service relative à l’épreuve terminale est en attente de publication (Début 2022). Le 9 décembre, les services du ministère ont présenté pour discussion leur projet aux organisations syndicales, dont le SNEP.

Auparavant, le 10 novembre, un(e) collègue de chacun des établissements pionniers avait été convoqué à une journée nationale à Paris. L’Inspection générale avait dévoilé aux collègues la primeur de ce projet et nombre de collègues avait interpellé ensuite le SNEP sur ce texte officieux.

Les dernières productions institutionnelles sur l’évaluation (référentiels BAC) ont montré que décidées d’en haut et à quelques un(e)s, elles sont souvent hors sol. De plus, l’évaluation pilotant bien souvent le contenu de l’enseignement, par ce biais une orientation partisane des programmes s’effectue. Échaudés, notre vigilance collective est donc grande pour ne pas « rater » la dernière étape de la mise en place de cet enseignement. Enseignement qui pour l’instant grâce à l’investissement des équipes semble satisfaire élèves, parents et enseignants.   

Le projet actuel est trop musclé !

Nous avons exprimé nos doutes à l’administration, en étayant notre propos à partir des retours des collègues qui nous avaient informés de son contenu. Seul syndicat à connaître vraiment le terrain, et impliqué dans l’histoire de cet enseignement de spécialité, nous avons défendu des évolutions du texte. Bien qu’il soit regrettable que cet enseignement n’ait pas été créé en même temps que les autres, nous avons pu nous appuyer sur les épreuves déjà existantes dans d’autres spécialités, Art Danse ou Arts du cirque notamment, pour nous étalonner, car les mêmes règles s’imposent à tous (type d’épreuve, coef,…)

Or un sentiment de « surenchère » se dégage de ce projet, comme si les rédacteurs voulaient  donner toujours plus de gages que les autres pour garantir la reconnaissance de ce nouvel enseignement. De l’ambition et des exigences il en faut, mais la logique frénétique qui se dégage ici nous paraît contreproductive, car derrière les évaluations, il y a la préparation des candidats au bac. Pour les enseignants, il sera difficile de tout « bien » faire, sachant que l’année de terminale s’arrête en mars, pour renseigner Parcoursup.

De l’ambition et des exigences il en faut, mais la logique frénétique qui se dégage ici nous paraît contreproduc- tive, car derrière les évaluations, il y a la préparation des candidats au bac.

Ce projet doit s’apprécier dans sa globalité, car le candidat doit passer l’ensemble des épreuves proposées. Sur chaque épreuve on peut discuter de son bien fondé ou pas, et prise individuellement certaines ne sont pas dénuées d’intérêt propre. Mais au final, par accumulation, se dégage un grand risque d’infaisabilité de l’ensemble. Les conditions de passage imposées au candidat sont bien plus dures que dans d’autres spécialités, à vous d’en juger.

Pour l’écrit de 3H30, il est demandé de rédiger obligatoirement 2 parties : une dissertation sur un sujet général de culture sportive et une deuxième partie avec 2 sujets au choix à partir de documents. Pourquoi ne pas laisser le choix d’une seule partie comme en Spé danse ?

Pour l’oral (épreuve physique et entretien), 1 mois avant l’épreuve, le recteur tire au sort 2 champs d’apprentissage sur les 5, laissant gracieusement au candidat le choix d’un des deux. Par la création d’un aléa et d’un délai très court cette mesure vise à imposer la polyvalence et à éviter une spécialisation sportive, pourtant porteuse aussi d’intérêt dans le cadre de cet enseignement ! Spécialisation paradoxalement valorisée pour les candidat-es athlètes de haut niveau, dispensé-es de passage d’épreuve physique et avec l’attribution de la note maximale. Comprendra qui pourra !

Dur dur, le dernier mois, pour l’élève spécialiste de l’APSA qui n’est pas tirée au sort. L’argument de contrainte d’organisation du jury justifiant de réduire à 2 activités maxi par établissement ne nous paraît pas sérieux. Avec l’expérience des jurys d’enseignement optionnel ou des sessions de rattrapages, nous pensons que c’est un faux problème.

Pour finir cette épreuve terminale, un entretien commentant une prestation physique est proposé. Cet entretien ne s’appuie pas sur la prestation physique in situ, mais sur une vidéo d’une prestation du candidat dans une APSA choisie par le candidat et issue de la programmation du cycle terminal. Un cahier des charges pour les enregistrements est proposé. Un travail considérable de préparation en perspective, pour les profs comme pour les élèves !

N’en jetez plus, celles et ceux qui marcheront bien dans cette organisation pourront se présenter directement au CAPEPS !

Espérons que tout cela n’est pas fait pour dissuader les jeunes de suivre cet enseignement. Nous attendons d’ailleurs les propositions d’extension de l’implantation de la spécialité promises.