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L’inclusion : utopie réaliste avec les moyens nécessaires !

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Par Linda Veschetti

Lors du congrès du SNEP-FSU en décembre, ont été débattus et discutés pour la première fois les enjeux de l’inclusion à l’école et en EPS. Le nombre de collègues congressistes présents lors de la commission de travail et la richesse des échanges ont montré à quel point l’inclusion fait partie intégrante de notre métier, que les collègues la plébiscitent largement, même si elle est parfois, voire souvent, génératrice de difficultés et d’inquiétudes pour les personnels et les familles.

Les suppressions de postes sous le quinquennat Blanquer, des enseignants moins nombreux dont la charge de travail n’a cessé de s’alourdir, les PIAL intégrés à la loi de l’école de la confiance sans aucune évaluation de ce dispositif qui était initialement « expérimental », le manque ou l’absence de formation et de coordination et l’impossibilité, la plupart du temps, de pouvoir se réunir par manque de temps, ont contribué à dégrader significativement l’inclusion des élèves à besoin éducatif particulier (Bep). Bien entendu, le discours politique est tout autre, et rares sont les salutaires interventions de députés à l’assemblée qui mettent en exergue la réalité : manque de moyens, enfants avec notification MDPH sans affectation, AESH précarisé.es et maltraité.es par l’institution, des familles et des personnels en souffrance !

Les préconisations faites aux enseignants d’EPS méconnaissent souvent la complexité du travail, le fonctionnement d’une classe et d’un établissement. Les « conseils » pédagogiques, les « injonctions » à la bienveillance ou à la différenciation, ou encore l’élaboration de dossiers aux acronymes nombreux, n’aident en rien les enseignants, qui se retrouvent souvent seuls pour créer de bonnes conditions d’inclusion et d’apprentissage… L’inclusion repose souvent sur un investissement très important des personnels, ce qui peut générer des difficultés, voire de la souffrance au travail.

De nombreux collègues font état de la lourdeur des tâches, chronophages et qualifiées « d’impossibles ». Sans analyse plus approfondie des situations de travail, le risque est grand de ne pas mettre au jour les vraies causes des problèmes de santé au travail. Ces derniers, et la souffrance qui en découle, sont majoritairement la conséquence d’empêchements de travailler largement partagés et qui sont plus ou moins bien supportés par les collègues selon les situations, les périodes et les endroits. « L’empêchement dans le travail doit se comprendre comme la difficulté accrue, voire l’impossibilité, de réaliser son activité de manière pleinement satisfaisante, c’est-à-dire ici maintenir l’activité habituelle et ordinaire attendue, prendre suffisamment en compte les élèves à Bep pour les faire progresser », sans « pénaliser » les autres élèves de la classe. Dans les CHSCTD, le nombre de fiches SST faisant état de ces problématiques est exponentiel et pourtant, peu de solutions concrètes sont apportées aux collègues et aux équipes.

De nombreux collègues font état de la lourdeur des tâches, chronophages et qualifiées « d’impossibles »…

C’est dans une situation déjà dégradée, source d’empêchement de travailler de multiples natures, que les tâches liées aux inclusions s’imposent et se rajoutent. Sur le terrain, les personnels sont confrontés à une injonction paradoxale générale : améliorer l’accueil d’élèves à Bep dans un milieu scolaire qui est de moins en moins accueillant pour l’ensemble des élèves. Les classes sont plus chargées, les enseignants ont davantage de classes, les personnels sont accaparés par des tâches nouvelles, invisibles parfois, qui réduisent leur disponibilité ou les épuisent s’ils s’efforcent de la maintenir… Dans le même temps, le nombre d’élèves à Bep ne cesse d’augmenter et la diversité de leurs difficultés aussi. Or, le ministère se contente de renvoyer à chacun le soin de résoudre seul le paradoxe !

Le SNEP-FSU a, en partant de ces constats, formulé dans le texte du congrès national les revendications qu’il portera auprès du Ministère, avec la FSU :

Des effectifs allégés à 20 quand des élèves Bep sont inclus dans les classes, l’allègement du temps de travail (des temps banalisés de concertation, en décharge plutôt qu’en IMP), une formation initiale et une FPC ambitieuses et généralisées, la suppression des PIAL qui ne sont ni au service des élèves ni au service du métier AESH, des recrutements (enseignants, CPE, Psy-En, AESH) des dispositifs de scolarisation et d’accompagnement (structures, enseignants référents) sont les conditions pour que les droits des élèves à Bep soient respectés et que le travail des personnels ait un réel effet à long terme sur les savoirs et les compétences dont pourront disposer les élèves pour s’inclure dans leur vie sociale et professionnelle une fois adultes.