Le ministère ne pouvait pas faire autrement. Le SNEP-FSU, armé des rapports sur la sédentarité galopante chez les jeunes, soutenu par un certain nombre de personnalités (https://lesite.snepfsu.fr/agir/petitions/un-nouvel-elan-pour-leps-et-le-sport/), a développé une cohérence de propositions fortes pour inverser les courbes. Ainsi, il devient impossible d’ignorer les problèmes publics relevant de la santé, d’accès aux pratiques physiques, sportives et artistiques. Et donc, le ministère ne pouvait pas faire autrement que de prendre des mesures. La circulaire de rentrée consacre à la pratique sportive une place explicite. Mais face à des attentes fortes, face aux besoins criants, nous assistons à un retour en arrière « incompréhensible ». La mise en place du dispositif que nous allons appeler « 2h de sport » à titre expérimental (en plus de l’EPS) est la réponse néolibérale à un problème de société qui a besoin de mesures sociales fortes, concernant la totalité d’une tranche d’âge, c’est-à-dire de développement du service public d’éducation. En gros, quel que soit le problème, on va user de la même stratégie. La réponse sera l’attaque contre l’École Publique tout en affirmant le contraire. Car oui, la mise en concurrence entre les clubs et l’EPS voire l’AS, sur les créneaux horaires à banaliser et les équipements sportifs à répartir, c’est bien une attaque contre l’enseignement de l’EPS et le sport scolaire. Sous prétexte d’un dispositif périscolaire, le ministère demande aux établissements eux-mêmes de se mettre en difficulté en confondant le temps périscolaire et la responsabilité des EPLE.
La mise en concurrence entre les clubs et l’EPS voire l’AS, sur les créneaux horaires à banaliser et les équipements sportifs à répartir, c’est bien une attaque contre l’enseignement de l’EPS et le sport scolaire.
Ainsi, nous sommes face à un périmètre de 147 collèges concernés. A ce stade, nous savons que la grande majorité des « projets » ne sont en réalité que des reprises des dispositifs déjà existants, sections sportives scolaires, classes sportives, etc. Le ministère ne recule devant rien. Tout est bon pour afficher qu’un dispositif fonctionne, même si les projets réels correspondent à tout autre chose.
Dès la sortie de la circulaire de rentrée, en fin d’année scolaire dernière, le SNEP-FSU a communiqué à toute la profession une première analyse de la situation.
Notre Conseil délibératif national élargi (CDNE) rappelle qu’il s’agit d’une nouvelle et peu originale version des dispositifs précédents : CAS, accompagnement éducatif, cours le matin sport l’après-midi, 2S2C, … L’idée est bien de considérer lucidement les demandes des chefs d’établissement, des IA DASEN, des recteurs. Toute mise en concurrence est à dénoncer.
Action syndicale
Le SNEP-FSU invite la profession à refuser la mise en place de cette expérimentation. Il conviendrait que les équipes se positionnent devant l’administration. Le terme officiel utilisé étant « les collèges volontaires », cela ne veut pas dire les chef·fes d’établissement volontaires. Pour toute expérimentation à caractère pédagogique, le Conseil d’administration (CA) doit être consulté et acter majoritairement la demande d’entrer dans le dispositif. Pour toute attitude abusive et autoritariste, il ne faut pas hésiter à contacter la section départementale et/ou académique du SNEP-FSU pour une intervention auprès des autorités académiques.
A suivre…
Les responsables du SNEP-FSU sont en train de contacter un maximum d’établissements concernés pour affiner notre analyse et organiser, non seulement la résistance mais aussi l’action pour d’autres mesures. Par ailleurs, nous savons que du côté du CNOSF1, un financement est prévu et qu’un appel à projets a été lancé auprès des fédérations sportives. Ayant toujours œuvré à l’articulation des deux mondes, le SNEP-FSU a écrit aux fédérations sportives pour des rencontres bilatérales sur cette question. Nous sommes dans l’attente de leurs réponses.
L’enjeu principal est la création d’un front, le plus large possible, pour la mise en place des 4 h d’EPS sur toute la scolarité. C’est la seule mesure socialement juste et qui répondrait aux enjeux actuels.
- Comité national olympique et sportif français[↩]