Par Benoît Hubert
Prof de gym, prof de ballons, prof de sport, entraineur, sport à l’école, EPS… comment l’opinion publique peut s’y retrouver ? Les confusions vont bon train au point que certain·es ne savent plus de quoi l’on parle ni de quoi il est question.
La confusion qui s’est installée vient de la communication ministérielle sous l’époque Blanquer qui préférait, non innocemment, parler de sport à l’école en lieu et place de l’EPS. Ne dit-on pas un peu partout « prof de sport » ? Partant de là, il avait tenté d’installer des dispositifs entrant en concurrence avec l’EPS ou en en diminuant fortement sa place comme enseignement : « Cours le matin, sport l’après-midi », « plan mercredi », « 2S2C »… Faire de l’EPS avec un·e enseignant·e ou du sport avec un·e entraineur·e, un·e éducateur·rice serait donc de même nature.
En installant les deux heures de sport supplémentaires au collège, le ministère ne se place que d’un point de vue strictement sanitaire. Face à la sédentarité et l’obésité, il faut faire bouger plus les jeunes et surtout celles et ceux qui n’ont aucune appétence pour les pratiques physiques. Même si le constat d’échec est patent, seule 10 % de la cible semble atteinte avec beaucoup de décrochages, il étend le dispositif en cette rentrée.
Entre le sport de type fédéral et l’EPS, il nous faut sortir des faux débats qui tendent à dire « l’EPS ce n’est pas du sport ».
Entre le sport de type fédéral et l’EPS, il nous faut sortir des faux débats qui tendent à dire « l’EPS ce n’est pas du sport ». Le sport est étudié dans ces deux milieux, la différence tient à la nature des visées de l’un et de l’autre. Si en sport la visée performative a une place prépondérante pour tirer chacun·e vers le plus haut niveau de pratique volontaire, l’EPS permet l’étude de différentes activités physiques sportives et artistiques pour que chaque élève s’approprie les différents enjeux de ces disciplines, les pratiques sociales de référence qui font culture dans nos sociétés. La performance n’y est pas absente mais corrélée à des attendus et référée à soi-même. Les démarches pédagogiques et didactiques sont différentes car non inscrites dans les mêmes finalités. Renforcer la pratique sportive dans nos cours nécessite de revoir des programmes qui font une part bien trop importante à ce qui est consubstantiel de cette pratique et non la pratique en elle-même.
Faire 2h de sport à quelques-un·es et 3h d’EPS pour tous et toutes dans la semaine, ou faire 4h d’EPS sur l’ensemble de la scolarité avec des conditions améliorées, le choix est évident.