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Groupes au collège : une arme de contre-démocratisation !

En décrétant l’organisation de la scolarité au niveau du collège en “groupes” dans les disciplines dites “fondamentales” – Mathématiques et français – Macron et son gouvernement ruinent l’idée de démocratisation de l’enseignement en instaurant des voies parallèles et en donnant moins à celles et ceux qui n’ont déjà pas beaucoup (uniquement les compétences de base pour les faibles et l’accès aux œuvres et à la culture pour les meilleur·es). Le collège pourrait ainsi être organisé en 2 ou 3 voies sans réelle possibilité d’en changer : le parcours “des fondamentaux” pour les nul·les, le parcours “approfondissement” pour les meilleur·es et un mélange des deux pour les moyen·nes. Nous constatons alors des similitudes avec l’organisation du second degré des années 60, post réforme Berthoin. Ce choix politique remet donc en cause le “collège unique” mis en œuvre en 1975 et organise le tri scolaire et social.

Les chercheurs en sciences de l’éducation et en sociologie (Sylvain Connac, Marie Duru-Bellat et Alain Mingat, note de synthèse de 2004 de la Revue française de pédagogie) ont montré l’inefficacité d’une telle mesure tant pour les meilleur·es élèves que pour les plus fragiles : altération de la confiance en soi pour les plus faibles, accroissement des différences initiales entre élèves, effets négatifs sur le processus de construction de l’identité sociale de l’élève, baisse ou stagnation des résultats des meilleur·es élèves…

Dès lors on peut se demander pourquoi le pouvoir s‘arc-boute à instaurer ce fonctionnement. La réponse est à chercher du côté des finalités de l’école. Nos décideurs·euses considèrent que l’enseignement doit répondre étroitement et durablement aux besoins de l’économie. Ils s’inscrivent dans les prescriptions du conseil européen qui expliquait en 2011 : « identifier d’abord les besoins en matière de formation » puis « augmenter la pertinence de l’éducation et de la formation vis-à-vis du marché du travail » afin qu’ils fournissent « un dosage approprié d’aptitudes et de compétences ».


Des économistes ont étudié ces « besoins » du marché du travail. Ils/elles ont ainsi identifié une polarisation des qualifications : une croissance des “petits boulots” essentiellement dans les empois faiblement rémunérés du secteur des services, une autre plus forte dans les emplois à très haut niveau de qualification et un déclin du nombre d’emplois intermédiaires (travailleurs·euses qualifié·es dans les bureaux et l’industrie). Le CEDEFOP, service européen chargé d’étudier l’adéquation entre enseignement et marché du travail, dresse lui aussi le constat d’une polarisation des attentes en niveaux de qualifications.

Le SNEP-FSU, engagé pour la construction d’une école démocratique et émancipatrice, s’oppose fermement à l’organisation de ce tri scolaire et social

Nous pensons que l’organisation en groupes au collège tend à répondre à ces besoins du marché de l’emploi : les nul·les vers les emplois faiblement qualifiés, les moyen·nes vers les emplois intermédiaires et les fort·es vers les hautes qualifications La majorité des élèves dès leur entrée en 6ème resteront dans leur couloir d’assignation. Quelle violence sociale et symbolique !

Cette mesure “groupes” contenue dans l’ensemble plus large du “Choc des savoirs” s’inscrit pleinement dans le projet éducatif néolibéral du président Macron et de son gouvernement. Ce projet vise à former des jeunes qui s’adapteront à la société telle qu’elle est et qui intégreront qu’il n’y a pas d’alternatives possibles. En outre, les décideurs·euses politiques s’attellent à transformer en profondeur notre modèle social vers « la concurrence, la frustration, les destins qui se dessinent et se décident dès la naissance » 1.

Le SNEP-FSU, engagé pour la construction d’une école démocratique et émancipatrice, s’oppose fermement à l’organisation de ce tri scolaire et social. Il appelle les collègues à poursuivre et amplifier les mobilisations contre ce projet éducatif violent socialement et catastrophique scolairement, visant uniquement à couler les jeunes dans les moules du marché.


Ensemble, arrêtons les !

Notes :
  1. Laurence De Cock – Mars 2024[]