Home > À la Une ! > Quelle gym en EPS ?

Par Mélanie PELTIER & Alexandre MAJEWSKI

Tel était le titre de la 4e soirée de l’EPS/saison 5, elle nous a invité·es à identifier ce qu’apprennent les élèves en gymnastique à l’école, à explorer les différentes possibilités d’entrée dans cette APSA, à découvrir des façons de l’enseigner et à la valoriser dans les programmations EPS. Nous avons également été invité·es à analyser les principales évolutions de la gym de haut niveau. Un retour sur les propositions et controverses qui ont animé cette soirée :

L’évolution de la gymnastique de haut niveau :

Jusqu’au début des années 2000, les acrobaties de plus en plus périlleuses ont été valorisées dans les codes de pointage, parallèlement a été constatée une augmentation du nombre de blessures parfois graves chez les gymnastes. Aussi est-il devenu urgent de réagir afin de les protéger. Pour cela, la manière de juger a évolué, la maîtrise d’exécution des éléments a été valorisée au détriment de la difficulté de ceux-ci.

De plus, les juges sont maintenant sollicité·es pour accompagner, conseiller les entraîneur·es et pour les « éclairer sur les détails du code qui pourront faire la différence » (Marianne Assadi, juge internationale).

La place de l’étude de la gymnastique en EPS :

Benoît Lasnier, IA-IPR EPS de l’académie de Créteil nous apprend que depuis 2018, la programmation de la gymnastique artistique connaît une légère baisse, baisse particulièrement marquée au lycée et relative stabilité en collège. Les derniers programmes de lycée incitent à programmer une activité artistique en 2nde, cette évolution des textes réglementaires peut expliquer cette diminution. En lycée, l’acrosport est également plus facilement convoqué. En collège, le cirque et le parkour prennent une place nouvelle dans beaucoup de programmations EPS. Les difficultés matérielles (équipements inadaptés ou limités) et les contraintes pédagogiques, notamment le manque de formation face à la complexité technique de la gymnastique et la gestion des risques associés sont également des motifs potentiels de ce recul.


Les différentes stratégies d’apprentissage :

Marianne Assadi développe une approche pédagogique et didactique centrée sur le passage des appuis manuels aux acrobaties. Elle insiste également sur la diversification des situations. Nous invitons le·la lecteur·rice à consulter le document en ligne « Apprentissages spécifiques : Des appuis manuels aux acrobaties ».

Marie Janicot (professeure d’EPS en lycée académie de Dijon) organise son enseignement autour d’ateliers acrobatiques en trampoline et d’enchaînements par équipe en sol inspirés de la « TeamGym ». Une plus grande marge d’autonomie est possible avec les lycéen·nes et au regard des effectifs de classe en lycée, l’organisation en ateliers est la plus efficiente. La partie collective de la « TeamGym » est originale pour une APSA habituellement individuelle au niveau scolaire. Les grands principes posturaux et les éléments de base (culbuto, ATR, roue) sont toujours abordés dès l’échauffement avec l’ensemble de la classe. Les élèves doivent systématiquement valider chaque niveau de réalisation avant de passer au niveau plus difficile.

les acrobaties de plus en plus périlleuses ont été valorisées…

Mélanie Peltier (professeure d’EPS en collège académie de Versailles) propose quant à elle, une gym centrée sur la maîtrise d’enchaînements simples composés d’éléments gymniques de base sur 4 agrès : sol, saut, poutre et barres asymétriques. Ses leçons sont structurées autour des verbes d’actions : rouler, se renverser, franchir, s’équilibrer… qui vont être convoqués dans les différents éléments gymniques aux différents agrès. Les enchaînements sont les prétextes à un travail d’acquisition de techniques gymniques mais également d’un travail de mémorisation, concentration et d’acceptation du regard des autres.

Enfin, Serge Reitchess (professeur d’EPS en collège académie de Créteil) axe ses propositions en cycle de gym sur la construction et la maîtrise de l’ATR. Il a conceptualisé une progression vers l’ATR en 20 étapes. La construction de l’alignement corporel se fera progressivement grâce à un aménagement du milieu, avec l’aide des camarades et en appui sur la vidéo. Cela permet aux élèves de prendre conscience des progrès réalisés et l’étape suivante à franchir.

En conclusion :

L’ensemble des intervenant·es plaident pour un renforcement de la place de la gymnastique dans les programmations EPS. Cette APSA représente un apport unique dans la formation physique et sociale des jeunes (équilibre, gainage, prise de risque maîtrisée). Selon Benoît Lasnier, c’est une des seules activités à faire explorer l’espace arrière aux élèves, avec la perte de repères qui s’y rattache. Mais pour permettre cette pratique, il sera indispensable de renforcer la formation des enseignant·es d’EPS autour des gestes professionnels spécifiques à cette APSA. Le développement des équipements sportifs est également un enjeu fondamental pour favoriser l’enseignement de la gymnastique.