Home > Dossiers > Rythmes - Scolaires / Périscolaires > EPS et loisirs : un enjeu de justice sociale

EPS et loisirs : un enjeu de justice sociale

Dans une société où les inégalités se creusent, penser le temps de l’enfant comme un levier d’émancipation devient une urgence éducative. Le SNEP-FSU propose une refondation du projet d’école articulée à un service public du loisir, où l’EPS joue un rôle central dans la construction de savoirs durables et accessibles à tous et toutes.


Le problème essentiel est de penser les activités d’apprentissage et leurs contenus comme la clé de l’organisation du temps scolaire. Faute de quoi, l’école ne peut que pérenniser, voire aggraver les différences, les inégalités sociales face au savoir et à la formation qui lui préexistent 1 . Le projet d’école du SNEP-FSU fait plusieurs propositions pour améliorer le temps scolaire 2. Il est nécessaire dans le même temps d’engager une réflexion pour refonder un service public du temps libre.

Une société « où le loisir (…) deviendra la partie la plus importante de la vie et le moyen de l’épanouissement complet de la personne humaine » comme aime à le penser Léo Lagrange. Nous pourrions rajouter, à condition qu’il soit porté par un service public qui garantisse l’égalité pour l’ensemble des citoyens, et non pas un loisir « à chacun selon ses moyens ».

Dans ce cadre, chargé de l’organisation et le développement par le service public d’activités sportives, de colonies de vacances et de lieux d’accueil et d’animation pour les enfants deviennent un incontournable pour réduire l’accès aux loisirs pendant les périodes de vacances.

Dans notre projet d’école, L’EPS a son rôle à jouer, en permettant, « par une formation complète, à tous les élèves, de pouvoir choisir et s’engager durablement dans des loisirs physiques. Une EPS articulée à la formation aux loisirs doit se concevoir dans une vision émancipatrice des loisirs. » Andjelko Svrdlin 3

Cela signifie que les activités, physiques, sportives et artistiques, programmées seront suffisamment approfondies pour pouvoir permettre des transformations techniques porteuses de plaisir et d’engagement dans la durée.

La construction d’apprentissages techniques, leur maîtrise et leur expression dans des formes de réalisations sociales sous forme de performance, de compétitions dans des éléments importants sur la continuité de ses réalisations en dehors de l’école est sans doute l’une des conditions pour qu’ils incitent un prolongement dans l’activité de loisir.

C’est dans ce cadre que prend tout son sens non seulement les 4h d’EPS pour tous les élèves et d’une option d’EPS dans les établissements. De même, les cycles d’approfondissement d’une APSA sur la scolarité en collège sont autant de pistes qui s’appuient sur un temps scolaire de qualité pour mieux gérer le temps hors école.

Une école à 4 temps

Lors de l’élaboration de son projet d’école, le SNEP-FSU a réfléchi à un temps scolaire plus long mais qui varie les formes de travail et de regroupement.

  • Un temps de leçons disciplinaires obligatoires de 27 h dont 4 h d’EPS + 3h de sport scolaire.
  • Un temps d’étude de 3 h par élève qui se caractérise par du travail personnel pour réaliser ses devoirs, pour les enfants les plus autonomes, ou avec l’aide d’un·e enseignant·e.
  • Un temps de projets disciplinaires pour approfondir un thème ou une notion, ou interdisciplinaire pour croiser les regards des disciplines de 2 h.
  • Un temps de pratique culturelle de 2 h par élève sur le modèle du sport scolaire. Tous·tes les enseignant·es pourraient disposer dans leur service d’un forfait culturel à hauteur de 2 h pour organiser des pratiques culturelles en continuité de leur enseignement.

La réflexion sur le temps de l’enfant dans un projet d’émancipation est sans aucun doute un enjeu de société crucial. Il ne faudrait pas que la Convention citoyenne cherche à se saisir d’un sujet de société pour réduire l’école et accentuer les inégalités. Elle est un temps important de formation et de démocratie qui devrait déboucher vers des propositions qui dessinent un futur vers plus de justice sociale et d’égalité. Le temps ne peut être que de l’argent, il doit aussi être celui de l’éducation et de la construction de demain pour tous et toutes.

Notes :
  1. Rochex, J-Y. Des rythmes au contrat ou la mystification du sujet, L’École et la Nation, n°401, juillet 1989[]
  2. https://lesite.snepfsu.fr/wp-content/uploads/2024/02/Projet-educatif-alternatif-FSU-CONTRIBUTION-SNEP.pdf[]
  3. EPS et loisirs, Contrepied n° Hors-série n°29 – décembre 2021, A. Svrdlin[]