Par Michael FAUGEROUX
En Allemagne, la journée scolaire balance entre deux modèles. Le plus ancien, très répandu, concentre les cours le matin et laisse les après-midis libres. L’autre, la Ganztagsschule, propose un temps plein jusqu’en fin d’après-midi. Ce modèle se développe de plus en plus, et à partir de 2026, tous les enfants du primaire auront théoriquement droit à huit heures d’accueil par jour. Mais la réalité est bien plus contrastée…
Car derrière cette ambition se cache une fracture sociale et géographique. À l’Est, près de 83 % des enfants du primaire bénéficient déjà d’une offre de journée complète, mais les structures manquent cruellement de personnel. À l’Ouest de l’Allemagne, la situation est inverse : moins d’un enfant sur deux y a accès, faute de places. Partout, les familles doivent aussi composer avec les coûts : dans deux tiers des écoles, la garde et le repas du midi sont payants, ce qui exclut de fait les foyers les plus modestes.
Ces écarts se retrouvent au secondaire. Dans les lycées technologiques et professionnels, la majorité des élèves suit un temps scolaire prolongé, mais dans les lycées classiques (enseignement général), seul un tiers profite de ce rythme. Les autres continuent de quitter l’école à midi ou 13 h : celles et ceux qui en ont les moyens rejoignent un club sportif ou un cours de musique, les autres passent l’après-midi à la maison, parfois sans accompagnement éducatif.
Comparée à la France, où la journée scolaire est longue mais plus homogène, l’Allemagne apparaît comme un pays à deux vitesses. Elle cultive une forte tradition de sport en club, mais ne garantit pas à tous les enfants la possibilité d’en profiter. Le temps de l’enfant, censé être celui de l’épanouissement, reflète ainsi de profondes inégalités entre régions et milieux sociaux.