Christophe Lemaitre, 2ème français à être descendu en dessous des 10 secondes sur 100 m, a participé jeudi 14 mars à la soirée EPS n°6 : « Peut-on faire progresser tous·tes les élèves en course de vitesse » . Le podcast de la soirée est sur notre chaine YouTube.
Bruno Cremonesi : Qu’est-ce qui vous a donné ce goût et cette envie de rentrer dans la vie de la course de vitesse ?
Christophe Lemaitre : Cela a été un déclic car j’étais plus sport collectif. J’ai fait du hand, du foot, du rugby et on m’a toujours fait la remarque de ma vitesse de pointe. Dans les cours d’EPS ou dans les jeux de la cour de récréation, j’ai toujours été remarqué pour ma rapidité. Et c’est seulement à mes 15 ans que je suis allé faire des tests dans le club d’athlétisme à côté de chez moi. J’ai fait des tests sur 50m et après ces tests mon entraineur m’a conseillé de me mettre au sprint.
B.C. : Qu’est-ce qui pousse comme ça des sportifs et des sportives à continuer à s’entrainer pour gagner quelques 10èmes de secondes ?
C.L. : C’est progresser tout simplement. De toujours aller de plus en plus vite. C’est grisant de sentir quand on fait une course que tout est en place et qu’à la fin le chrono s’affiche avec un record personnel à la clé. Un sprinteur a envie de vivre ces émotions, d’avoir l’impression de voler sur la piste. Parce que quand on va vite, on passe plus de temps en l’air qu’au sol.
B.C. : Quels sont les principaux leviers de l’émotion ? Le moment du départ ? Rattraper les autres ?
C.L. : Cela a évolué au cours de ma vie de sportif. Quand j’ai commencé, tout ce que je voulais, c’était gagner, être le premier. Quand j’avais des sprinteurs devant moi, j’étais porté par cette envie de les rattraper. Cet esprit de compétition m’a poussé à dépasser les autres. Maintenant, avec l’âge et la maturité, je cours avec d’autres émotions, d’autres idées derrière la tête. Au moment des départs, dans une compétition internationale, il y a toujours cette pression, cette adrénaline, mon rythme cardiaque accélère. Il y a plusieurs choses qui résonnent en moi, mais je ne sais pas vraiment mettre de mot pour les expliquer. Battre mon record personnel, faire une belle course, me faire plaisir.
La première étape pour pouvoir courir vite, c’est d’abord, d’apprendre à courir
B.C. : Qu’est-ce qui est le plus important à transmettre pour courir de plus en plus vite ?
C.L. : La première étape pour pouvoir courir vite, c’est d’abord, d’apprendre à courir. Quand j’étais plus jeune, je courais vite mais je n’étais pas gainé, mes jambes et mes bras partaient dans tous les sens… Il faut apprendre la technique de course. L’enjeu est d’apprendre à diriger les forces vers l’avant et pas vers le haut. La deuxième dimension, c’est la préparation physique générale pour tenir tout au long de la course.
B.C. : Le 15 mars les enseignant·es d’éducation physique et sportive, avec leur syndicat, ont fait un grand appel à la grève pour demander plus d’éducation physique et sportive. Vous, en tant que sportif de haut niveau, est-ce que vous pouvez leur transmettre un message ?
C.L. : Je comprends totalement leurs revendications. Je suis totalement d’accord avec ça. Je pense que l’EPS, depuis plusieurs années, a perdu de plus en plus de place, de plus en plus d’importance à l’école. Le sport à l’école c’est un enjeu majeur pour la jeunesse. Nous l’avons vu pendant le COVID, le besoin fondamental de faire une pratique sportive, cela faisait du bien au corps et à la tête. Le sport ce n’est pas que du haut niveau, il doit rester pour tous et toutes. C’est à l’école que les jeunes vont apprendre et le garder toute leur vie.