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DNB : prestidigitation ou tranquille démolition?

Le ministère a fait le choix politique, coup sur coup, de vider l’EPS de ses contenus disciplinaires avec des programmes asséchés de tout repère pour les enseignants et les élèves, et de supprimer l’EPS en tant qu’épreuve du DNB (contrôle en cours de formation). Aucun gouvernement n’avait en si peu de temps organisé une attaque aussi marquée et remarquée sur notre discipline.

Qu’en est-il réellement ?

En termes formels, nous passons d’un affichage réel de la discipline dans le précédent texte du DNB, puisque représentant un coefficient sur les 18 actuels. Certes c’est peu, mais identifiable : 5,5 % de l’ensemble !

Aujourd’hui, il est impossible de faire des calculs, car il n’y a plus de repérage des disciplines, sauf pour l’examen terminal dont l’EPS est exclue.
Le texte du nouvel arrêté stipule en effet que : « …sont pris en compte pour l’attribution du diplôme national du brevet :

a) le niveau de maîtrise de chacun des domaines et de chacune des composantes du premier domaine du socle commun de connaissances, de compétences et de culture atteint par le candidat ;
b) les notes obtenues aux épreuves de l’examen du brevet. »

Donc on peut toujours tourner le problème dans tous les sens, a) le socle n’évalue aucune discipline en tant que telle. C’est « le niveau d’acquisition du socle » qui est pris en compte. ; b) Reste à l’EPS de s’incruster dans les EPI (troisième épreuve terminale du DNB). Mais ce sera à l’oral ! En conséquence, l’EPS, comme les arts (il y aussi les langues, mais elles ont la certification obligatoire du collège), ne sont plus évaluées en tant que disciplines. Comment alors parler de revalorisation de la discipline ?

C’est là qu’entrent en jeu les compétences de prestidigitateurs de l’encadrement : L’EPS participe, comme les autres, à l’évaluation du socle, dans des modalités à négocier avec les autres disciplines car rien n’est dit dans le texte sur la façon dont ça peut se faire. Elle doit en outre, négocier avec les enseignements artistiques pour la composante du domaine 1 « comprendre, s’exprimer par les langages des arts et du corps ». Si l’on s’en tient strictement à cette partie, considérant que l’EPS s’occupe plus particulièrement du langage du corps, il faudra « partager » avec l’éducation musicale et les arts plastiques. Nous avons donc strictement, au mieux, un tiers des 50 points possibles sur les 700 attribués pour le brevet : 2% de l’ensemble. On peut rétorquer que ce calcul n’est pas bon puisque l’EPS est partout dans le socle. Exact, ce qui est évalué c’est bien le socle dans cette partie, et non les acquis spécifiques dans les disciplines…

Nous avons donc bien raison : les maths, français, histoire-géo, éducation morale et civique, physique-chimie, SVT et technologie font bien, elles, partie de l’examen, pas l’EPS. Pour le reste c’est le socle, pas les disciplines.

Il faut faire preuve de beaucoup de légèreté pour tenter de convaincre des professeurs d’EPS que leur discipline est revalorisée. Il faudra beaucoup de mensonges pour que les profs d’EPS persuadent les élèves que leur investissement en EPS sera reconnu dans les examens. Le SNEP ne rentrera pas dans ce marché de dupe. Une pétition a déjà réuni 12000 enseignants. Une nouvelle, à la demande du CDN, vient d’être lancée, à destination du plus grand nombre. Le SNEP organise également une enquête auprès de la profession pour, à terme, faire de nouvelles propositions. Un appel à personnalités pour défendre la place de l’EPS est en cours, avec déjà une centaine de soutien du monde sportif, du monde de l’éducation, de journalistes, d’universitaires…

En annexe page suivante : l’essentiel en graphique (décret du 31 décembre 2015)