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Faut-il se résoudre à ce que enseignant d’EPS soit un métier d’homme ?

EPS : enseignant ou enseignante ?

Pourquoi, malgré l’augmentation du nombre de pratiquantes sportives dans notre société, les filles se tiennent-elles à distance des métiers du sport (moins d’un tiers de femmes en STAPS, 43% dans les années 90) ? Les premiers résultats d’une recherche initiée par le SNEP-FSU et le Centre EPS & Société doivent alerter la profession et l’institution. 1

L’enquête portait sur les représentations de la filière STAPS chez les lycéens et lycéennes 2. Quels en sont les enseignements ?

L’étude montre que les filles se perçoivent moins sportives que leurs camarades garçons, même lorsque leur moyenne en EPS ou leur investissement sportif est identique à celui des garçons. A fréquence de pratique égale, les garçons sont plus nombreux à se considérer comme très sportifs…. Il y a donc une perception très différenciée de sa propre sportivité : les garçons semblent la surestimer quand les filles tendent à se sous-estimer.

  1. Très massivement, persiste l’idée selon laquelle les étudiant.es viennent en STAPS pour faire du sport (ou être sportif) et pour devenir professeur d’EPS, malgré une importante diversification des formations, des contenus et des débouchés STAPS depuis 30 ans. Les filles ne se distinguent pas des garçons. C’est la sportivité des élèves qui influence fortement leurs représentations. Cela bouscule la croyance que le sexe serait sur- déterminant quand il s’agit de sport.
  2. L’étude montre que les filles se perçoivent moins sportives que leurs camarades garçons, même lorsque leur moyenne en EPS ou leur investissement sportif est identique à celui des garçons. A fréquence de pratique égale, les garçons sont plus nombreux à se considérer comme très sportifs. Pratique intense : 85% se considèrent très sportifs contre 65% des filles. Pratique ponctuelle : 12,2% des garçons se considèrent encore comme « très sportifs », contre 1% seulement des filles. Il y a donc une perception très différenciée de sa propre sportivité : les garçons semblent la surestimer quand les filles tendent à se sous-estimer.
  3. Les deux représentations conjuguées (les Staps sont estimées plus sportives qu’elles ne sont et les filles se considèrent moins sportives qu’elles le sont) constituent une double barrière pour les filles.
  4. De plus, les filles ont une appréhension plus négative des métiers du sport et des débouchés professionnels. L’idée que « le sport ne serait pas un métier » domine (47,7%) surtout chez les filles, en particulier celles ayant des parents diplômés et/ou très sportifs. Plusieurs explications possibles : soit les filles ont incorporé la dévalorisation sociale des métiers du sport, soit la ségrégation sexuée à l’œuvre dans les métiers du sport, soit le fait qu’elles peuvent prétendre à mieux sur le marché du travail. L’étude ne permet pas de le dire.

Les enseignant.es d’EPS ont donc un rôle important à jouer avec le SNEP :

  • pour favoriser la pratique sportive des filles et leur permettre d’évaluer objectivement leurs capacités. Comme en sciences, les filles intériorisent, au fil de leur socialisation, un sentiment de déconsidération qui les empêche de briser le plafond de verre à l’œuvre dans cette discipline.
  • pour informer jeunes et parents sur la pluralité, les contenus et débouchés des formations en STAPS
  • pour rendre visible des figures emblématiques au cœur des processus d’identification, d’où l’intérêt d’avoir des équipes EPS mixtes.
  • pour interpeller l’institution de façon à que cette sous-représentation des femmes en STAPS soit interrogée comme elle l’est dans les filières scientifiques et techniques (objectif ministériel : 40% en 2020), qu’un groupe de travail envisage des solutions pour atteindre à nouveau la parité.
  • plus généralement, pour porter un projet d’émancipation, d’accès à la culture et à l’université, ainsi qu’une revalorisation du métier d’enseignant et des métiers du sport.
Notes :
  1. Voir l’exposé des résultats de la recherche par Cécile Ottogalli (MCF à Lyon) et Mary Schirrer (MCF à Nancy), colloque du SNEP-FSU, novembre 2018. Voir l’interview de Cécile Ottogalli sur epsetsociete.fr. []
  2. Les réponses de 918 garçons et filles de terminale (2018) des académies de Lyon et Nancy ont été étudiées (dont 76% de bac généraux. 8,17% ont classé STAPS en vœu 1, 84,53 % non) []