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Les STAPS au soutien des politiques de santé et de performance mais pas de l’éducation !

STAPS et politiques de santé
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Article rédigé par Natacha Dellard

En étudiant l’offre de formation de tous les STAPS, initiale comme continue, nous constatons que les priorités s’orientent vers la santé et la performance, plus propices à des financements supplémentaires.

En effet, entre Licence et Master, deux mentions conservent toujours la même part dans l’offre de formation des STAPS (en terme de recensement par intitulés affichés sur les sites des STAPS en 2019- 2020) : l’Activité Physique Adaptée Santé (APAS) représentant 25% et l’Entrainement et Optimisation de la Performance Sportive (EOPS) représentant 18%. Ces deux secteurs sont complétés par l’ergonomie du sport et de la performance qui passe de 4% en licence à 9% en master.

La mention Management Sportif perd 2% de l’offre de formation entre la licence et le master et n’est représentée que dans 70% des STAPS, pendant que la mention Education et motricité perd 4%, passant de 26% en Licence à 22% en Master.

À ceci, plusieurs hypothèses :

Le métier d’enseignant d’EPS n’attire plus autant d’où, semble-t-il, une déperdition des étudiants entre la Licence et le Master MEEF. Il y a une rupture dans la continuité de l’offre de formation sur le territoire (5 STAPS sur 48 n’ont pas de licence Education Motricité (EM) et 10 STAPS n’ont pas de master MEEF). Et pourtant, nombre d’étudiants n’arrivent pas à intégrer un Master MEEF du fait d’une sélection à leur entrée.

Avec l’autonomisation et l’insuffisance de moyens des universités, ce sont des choix financiers qui guident le maintien de certaines filières. Les enveloppes budgétaires découlent à la fois de l’argent public et privé.

Du fait d’une offre de formation largement centrée sur la santé et la performance, les entreprises allouent volontiers des fonds privés dans ce domaine de la recherche, en accord avec la politique nationale actuelle, bien plus que dans le domaine de l’éducation. Il suffit de regarder le nombre de laboratoires investis dans le domaine de la recherche action dans l’éducation en STAPS pour se rendre compte de la difficulté à se faire reconnaitre dans ce domaine.

L’autre ressource financière provient de la formation continue payante, regroupant DEUST, Licence pro et DU (Diplômes Universitaires). Là aussi, nous notons deux dominantes dans les intitulés de formations : la santé et la performance sportive. Depuis l’autonomisation des universités, ce secteur professionnalisant de la formation en STAPS se répartit ainsi : 62% en DU, 12% en DEUST (en recul) et 26% en licence pro. Il est important de noter que les DU sont financés par les seules inscriptions et qu’ils génèrent plus de recettes que les LPros destinataires de toute source de taxe d’apprentissage. Dans ce domaine, Montpellier supplante tous les STAPS, offrant 15 DU majoritairement centrés sur une amélioration des compétences dans une pratique sportive spécifique. Financièrement ceux-ci vont de 50 € pour une formation PSC1 à 3 400 € pour une formation sur l’optimisation de la performance en football. Notons que le STAPS de Montpellier est le seul à proposer des DU pour préparer aux écrits et aux oraux du CAPEPS et qu’il est un des rares à afficher une transparence de prix sur ces DU. La volonté politique de formation toujours plus professionnalisante qui s’accorde sur le fonctionnement par compétence est flagrante dans l’offre de formation générale des STAPS. En effet, cette dernière se répartit comme suit : la formation initiale, dont fait partie la préparation au CAPEPS, représente 53% pendant que la formation continue (DU, LPro, DEUST) représente 47%.

Certes, il faudra s’attarder aussi sur le nombre d’étudiants (les flux) par année et intitulé, cela au même titre que la part budgétaire et volume horaire des formations que cela représente dans chaque STAPS pour affiner nos analyses, mais ceci est une première photographie générale de l’offre de formation en STAPS sur le territoire.

Ainsi, ce constat, sans avoir abordé ici la réforme du portail santé avec la licence à mineure santé dans certains STAPS, nous interpelle déjà sur ce qu’était le cœur historique et identitaire des STAPS avec la filière éduc. mot. et la formation des professeurs d’EPS.

Ainsi, ce constat, sans avoir abordé ici la réforme du portail santé avec la licence à mineure santé dans certains STAPS, nous interpelle déjà sur ce qu’était le cœur historique et identitaire des STAPS avec la filière éduc. mot. et la formation des professeurs d’EPS. Le SNEP-FSU et la profession doivent retravailler urgemment ce sujet éminemment politique pour l’avenir de la discipline EPS.