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4h d’EPS en éducation prioritaire, une priorité

4h d’EPS en éducation prioritaire ce n’est pas réaliste, c’est une utopie ? Et pourtant cela existe déjà. En effet, certains établissements en France catégorisés « établissement sensible » ont l’équivalent d’un enseignant d’EPS en plus.

20h en plus sur la dotation horaire globale que les équipes utilisent pour réaliser des projets de « classe EPS », dédoubler des cours, notamment pour la natation, ou augmenter l’horaire d’une heure et ainsi avoir 2 fois 2h d’EPS.

L’institution, suite au mouvement social de 98, avait reconnu le rôle clé de l’EPS dans le liant qu’elle pouvait apporter dans les collèges et dans sa dynamique de projet. L’EPS participe, par la réussite des élèves, à produire un apaisement des tensions inextricables.

Une proposition de l’institution

Ce constat a été présenté dans le dernier rapport de l’observatoire des pratiques en éducation prioritaire de l’académie de Créteil en 2020. Le rapport n’a pas pour fonction de réaliser des préconisations, mais l’évaluation de l’existant insiste sur le rôle clé de l’EPS.

Ces quelques citations sont autant de points d’appui qui viennent conforter l’EPS et son nécessaire renforcement et développement dans l’éducation prioritaire.

L’EPS joue un rôle de catalyseur de réussite scolaire créant un climat positif dans les établissements scolaires.

C’est ainsi que les rédacteurs du rapport soulignent :

« Assurément les enseignants d’EPS organisent l’accrochage de tous les collégiens ». Ils poursuivent : « En vérité, l’EPS attire à l’école des jeunes peu assidus par ailleurs. Une course d’endurance, un tournoi organisé dans l’établissement ou avec d’autres collèges peuvent transformer le statut d’un mauvais élève. Un succès aussi visible, a fortiori si les enseignants des différentes disciplines y ont assisté, apporte au victorieux une reconnaissance essentielle. Le regard des professeurs peut changer. Il autorise l’estime de soi. Il peut redonner foi en l’école et motiver. »

L’EPS est non seulement un lieu de réussite, mais elle pourrait aussi diffuser auprès des autres enseignants des pratiques de réussite. On ne suspectera pas les 26 rédacteurs de connivence syndicale avec le SNEP-FSU, pourtant, ils insistent sur le rôle de l’EPS en disant :

« L’éducation physique et sportive est la discipline de la seconde chance pour beaucoup d’élèves. C’est en cela que l’éducation physique et sportive incarne le mieux le vivre ensemble, souvent annoncé comme un objectif de l’école, mais pas toujours mis sur le métier. La variation des postures enseignantes en EPS et investies par les élèves propose l’expérimentation de points de vue et de compétences différentes à mettre en oeuvre. Elle donne à éprouver une union d’intérêts et renforce la communauté d’apprenants que représente la classe. »

75 % des élèves n’ont que l’EPS comme activité physique et sportive

Le lycée Saint Exupéry de Marseille a réalisé une étude sur les élèves de son établissement scolaire. Dans son projet présenté au chef d’établissement pour lui demander de flécher des heures pour développer l’EPS, l’équipe a insisté sur la dimension atypique de cet établissement situé au coeur des quartiers Nord. Seuls 25 % des élèves ont une pratique sportive en dehors des cours obligatoires. L’EPS apparaît comme le seul levier possible pour démocratiser la culture sportive, mais devient aussi un enjeu central de santé sociale.

En effet, l’ensemble des recommandations de l’OMS préconise au moins 1h d’activité sportive par jour. Une recommandation qui pourra être approchée si l’horaire d’EPS monte à 4h par semaine.

Les données sociologiques sur la pratique sportive des jeunes confirment l’analyse de cet établissement scolaire et la nécessité d’un développement de l’EPS dans l’éducation prioritaire.

L’éducation physique et sportive est la discipline de la seconde chance pour beaucoup d’élèves…

En effet, Maxime Travert, dans le ContrePied n°29 EPS et loisirs, présente deux mouvements : un écart de pratique entre filles et garçons en fonction des milieux sociaux, mais une baisse de la pratique sportive sur les 10 dernières années.

Dans le département des Bouches-du-Rhône, en 2001, 79 % des jeunes âgés de 13 à 19 ans pratiquaient une activité sportive au moins une fois par semaine. En 2015, le taux n’était plus que de 65,8 %. La baisse de la pratique s’est accompagnée d’un accroissement des inégalités. Elle était plus marquée chez les filles que chez les garçons et elle était encore plus forte pour celles issues de milieux sociaux défavorisés. Seulement une fille sur deux (50,8 %) d’origine modeste faisait du sport au moins une fois par semaine. Dans les familles plus aisées, elles étaient deux sur trois à faire du sport.

Ainsi, l’EPS à l’école a un rôle fondamental à jouer, en particulier pour les enfants des milieux précaires, pour compenser en partie ces inégalités. Une conclusion que confirme Christine Mennesson le 7 avril 2021 dans un article de la revue ContrePied 1.

4h d’EPS, un rebond pour la jeunesse

Dans leur dernier livre 2, Magali Danner, Carine Érard et Christine Guégnard nous livrent une analyse remplie d’espoir. Les jeunes lycéens qui font le choix de s’impliquer dans les options sportives, et donc de réaliser 4h d’EPS et plus en lycée, vont rebondir positivement dans leur vie scolaire et sociale. Ils en arrivent à déjouer un itinéraire d’orientation préfiguré et osent aller vers l’université.

4h d’EPS permettent ainsi de doter les lycéens en capital sportif. Plus le capital sportif est important, plus forte est son intention de le convertir à sa pratique de loisir dans un métier.

Ces éléments d’analyses sociologiques par les rapports d’observations des pratiques de l’EPS ou les conséquences d’une ambition du développement des heures de l’EPS, font la démonstration de la nécessité de mettre en oeuvre au plus vite 4h d’EPS pour tous et toutes. L’état, dans sa volonté d’agir auprès des populations les plus pauvres et les plus éloignées de la culture sportive, pourrait commencer son expérimentation auprès de l’ensemble des établissements scolaires en éducation prioritaire.

Notes :
  1. “Enfances de Classe” : inégalités à l’école et dans les loisirs. http://www.epsetsociete.fr/Enfances-de-Classe-inegalites-a-l[]
  2. La culture sportive, un capital scolaire Probabilités d’orientation déjouées, par le sport ? Le cas des bacheliers professionnels, Magali Danner, Carine Érard et Christine Guégnard. https://pedagogie. snepfsu.fr/2021/04/09/la-culture-sportive-un-capital-scolaire/[]