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Bac EPS : une EPS fictive ?

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« Je dois vous dire qu’en vrai, je ne fais pas totalement la fiche bac que l’on a renvoyée à l’institution ». Rentrée 2022, les langues commencent à se délier en réunion d’équipe. Certains collègues osent même en parler avec les IPR. Nous sommes dans la nouvelle EPS fictive, les évaluations envoyées à l’institution ne correspondent pas à ce qui se fait sur le terrain. L’institution ne pouvant pas reconnaître la dimension fictive, se retrouve prisonnière du reflet d’une EPS des fiches BAC.

L’épreuve du bac est construite par l’équipe d’EPS en prenant en compte 3 AFL, 4 AFLP dont 2 obligatoires pour les lycées professionnels. La première AFL, sur 12 points, scindée en deux en lycée professionnel, renvoie à la performance et à la maîtrise des techniques. Elle s’évalue le jour de l’épreuve.  Les autres renvoient aux savoirs s’entraîner et aux compétences méthodologiques au fil des séances.

Les problèmes sont connus. Par jeu successif d’aller-retour avec des commissions constituées de collègues, les équipes pédagogiques ont produit des fiches pour se conformer aux attendus. En pratique, il existe plusieurs fiches dans les équipes avec des épreuves différentes. L’évaluation des AFL2 et 3 se faisant de façon très différente et avec grande difficulté, voire impossibilité de suivre ce qui a été envoyé.

Nous sommes dans la nouvelle EPS fictive, les évaluations envoyées à l’institution ne correspondent pas à ce qui se fait sur le terrain

Consciente du problème, la DGESCO vient pourtant de renvoyer un rectificatif en permettant d’évaluer pour le BAC un seul des deux rôles pour l’AFL3.

 Un rendez-vous manqué

Ce rectificatif est un rendez-vous manqué avec les enseignant·es d’EPS. Il a été réalisé sans aucune consultation des représentant·es de la profession ni retour de l’expérimentation sur le terrain. Finalement, notre institution modifie par le haut sans prendre en compte le retour du bas. Étrange procédé qui reste sourd aux problèmes renvoyés localement, tout en mettant en avant la nécessité d’écouter les enseignant·es, de donner plus d’autonomie, d’être plus à l’écoute de celles et ceux qui connaissent le mieux les élèves et la situation. La DGESCO reconnaîtra-t-elle le rendez-vous manqué et prendra-t-elle le temps de rencontrer les représentant·es élu·es de la profession ?

L’explosion d’un cadre commun partagé conduit peu à peu à des glissements sur l’exigence de ce qui s’enseigne.

Il est temps de faire une pause dans l’EPS fictive pour prendre en compte la réalité de ce qui s’enseigne et s’évalue.