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Dis-moi ton collège, je te dirai ton École

Ppage 10 bulletin 1006

Le nouveau ministre de l’éducation a annoncé une réforme de l’École qui s’inscrit dans la droite ligne de son prédécesseur. Premier décryptage du recentrage annoncé sur les fondamentaux.

La prochaine réforme du collège a été annoncée par le ministre lui-même. Quelques éléments saillants révèlent, à travers une réforme qui s’annonce structurelle, une vision de l’École et au-delà, une vision de la société. Le fond ne change pas, le ministre l’avait déjà dit, il s’inscrira en prolongement de la politique menée par Blanquer. C’est triste mais c’est comme ça. Analysons alors quelques points de la réforme annoncée. Nous en aurons grandement besoin pour, à la fois, comprendre ce qu’il nous arrive mais aussi pour organiser notre profession dans le combat pour une autre réforme.

Le ministre persiste, la France est un mauvais élève sur le plan international. Il convient donc de persister dans le renforcement de (prétendus) « fondamentaux ». Après Blanquer et le « lire, écrire, compter et respecter autrui », le ministre définit des « savoirs fondamentaux » : français et mathématiques. Ainsi, en plein XXIème siècle, on veut limiter pour une partie de notre jeunesse des objectifs datant de la fin de XIXème au lieu de concrétiser l’idée des réalisations humaines, universelles, regroupées dans les différents pans de la Culture (sports, arts, techniques…). Evidemment que le législateur doit opérer des choix pour construire des grilles et écrire des programmes mais, il s’agit là de la révélation d’une vision de l’École. L’École pour tous et toutes se retrouve centrée sur des fondamentaux terriblement appauvris mais ce qui est fondamental dépasse largement les priorités ministérielles.

Les choix avancés ne sont pas nouveaux. Cette idée de s’occuper de certains savoirs de façon centrale, souvent couplée au « décloisonnement » des disciplines, est bien présente dans le paysage, surtout depuis les années 1970. Une partie du monde syndical et de la gauche  française s’y sont engagés aussi. Derrière l’idée publiquement affichée de garantir des apprentissages aux plus faibles, se cachent de multiples réalités. Beaucoup de démagogie entoure ces « priorités » et tout changement et affaiblissement du service public n’est qu’un marché futur pour le privé (enseignement et/ou entreprise). Dans les deux cas, on affaiblit l’accès de tous les jeunes à des savoirs ambitieux.

Les disciplines, parlons-en. Nous les voyons comme une garantie pour offrir un accès aux savoirs, socialement et scientifiquement, constitués. L’EPS garantit l’accès à la culture physique, sportive et artistique, via les obligations réglementaires (programmes plus certification).  Il n’existe aucun autre espace/temps s’adressant à tous et toutes.

Le choix arbitraire du ministre, de poursuivre la mise au second plan de la plupart des disciplines, en collège, est révélatrice d’une volonté d’affaiblissement du service public et marque un accès rogné à la diversité de la culture pour tous les enfants, et en particulier les plus démuni·es de notre société. Le mépris absolu vient couronner le discours : on supprimera l’enseignement technologique pour financer le soutien des « fondamentaux ».

Le choix arbitraire du ministre, de poursuivre la mise au second plan de la plupart des disciplines, en collège, est révélatrice d’une volonté d’affaiblissement du service public et marque un accès rogné à la diversité de la culture pour tous les enfants, et en particulier les plus démuni·es de notre société.

Alors, quel collège voulons-nous ?

Le SNEP-FSU a adopté, lors des deux derniers congrès (2017, 2021, disponibles en ligne), les textes portant un certain nombre de propositions pour le collège et pour l’École dans son ensemble.

Les savoirs et les compétences, sont organisés par disciplines. Cette organisation, non seulement n’interdit pas le travail dit « interdisciplinaire » mais en représente le point d’appui.

Les résultats internationaux révèlent surtout que les élèves les plus faibles réussissent moins bien comparativement aux autres pays.  Nous avons besoin de prendre du recul pour transformer positivement le système et rendre les apprentissages plus approfondis et stabilisés. Cela demande du temps. Ainsi, le SNEP-FSU propose une augmentation du temps scolaire, avec des formats de travail différents. La revendication des quatre heures d’EPS sur toute la scolarité s’inscrit dans cette logique.

Nous voyons aujourd’hui que, ce que nous avions dit il y a quelques années lors de l’instauration du cycle trois, à cheval entre le primaire et le collège, n’était que le cheval de Troie néolibéral pour affaiblir un collège ambitieux. En lieu et place, le SNEP-FSU réclame des moyens (DHG), pour une véritable liaison école/collège, en respectant les prérogatives statutaires de chacun des niveaux.