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Du collège au lycée, gardons de l’ambition pour nos élèves

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Une publication du SNEP-FSU au service des collègues

Garder du commun et du collectif

En 2015, le ministère fait le choix de programmes scolaires (collèges) anecdotiques pour notre discipline. Ce choix sera confirmé en 2019 (lycées et lycées pro). Le SNEP a alors lancé une démarche nouvelle et originale : initier une dynamique visant à reprendre les bases de ce que devrait être un programme disciplinaire digne de ce nom et proposer à la profession de s’en emparer pour les discuter. Les enjeux sont multiples :

  • Depuis les années 90, les horaires de la formation initiale ont été divisés par 2. La formation dans les APSA est ce qui a le plus pâti de cette politique austéritaire.
  • La formation professionnelle continue (FPC) est devenue quasi inexistante. Jusqu’au début des années 2000, les enseignant·es d’EPS bénéficiaient de 5 jours par an de formation sur des thèmes décidés par elles·eux-mêmes. Plus de 80 % de la profession y participait. Aujourd’hui, l’offre de formation est cantonnée à des thèmes imposés et la plupart du temps transversaux, souvent par ailleurs sur public désigné : à l’échelle nationale, moins de 20 % de la profession y participe.
  • Les repères nationaux (compétences attendues dans les APSA, référentiels d’évaluation) ont disparu des textes officiels, laissant chaque équipe se débrouiller, générant ainsi de très grandes inégalités, loin des missions politiques d’un véritable service public.
  • Les travaux didactiques et pédagogiques, que beaucoup de disciplines nous enviaient, sont en train de se perdre. Ils cimentaient la discipline autour d’un « traitement » des APSA pour les rendre accessibles à tous et toutes, et permettaient de s’appuyer sur des connaissances reconnues pour enseigner sur l’ensemble du territoire. Aujourd’hui, la tendance à piocher sur des sites internet des situations soi-disant pédagogiques pour alimenter chaque séance, se développe. On perd ainsi tout le sens critique et le sérieux qui était au cœur de notre professionnalité.
  • Enfin, on ne peut que constater l’éloignement progressif de la discipline de sa fonction prioritaire qui la distingue des autres : faire entrer chacun et chacune dans une véritable culture sportive et artistique. À la place, une éducation comportementale se profile, au détriment des apprentissages « moteurs ».

Cette grille de lecture ne pouvait laisser le syndicat majeur de l’EPS indifférent. En effet, le risque à court ou moyen terme est l’affaiblissement de la discipline, notamment sous le joug des politiques d’austérité et l’appétit du mouvement sportif qui cherche des débouchés dans le champ scolaire.

Nous avons donc lancé en 2016 une opération « remontada 1 », en créant les conditions pour qu’un travail collectif émerge. L’enjeu a été notamment de véhiculer l’idée que d’autres choix sont possibles et qu’il est nécessaire de remettre en perspective des textes officiels « robustes », c’est-à-dire bâtis sur une expertise professionnelle. Celle-ci doit tenir compte des acquis théoriques et pratiques passés, des besoins actuels pour fixer des caps réalistes, et ouvrant un développement à venir qui permette à chaque enseignant·e de faire référence à des enjeux nationaux, donc commun à tous et toutes.

Notons au passage que selon nous, un référentiel de formation ou d’évaluation n’est pas un objet à « appliquer ». C’est un produit qui, simplement, fait référence. Un point d’appui, un outil de développement professionnel.

Nous avons donc contacté des collègues qui ont travaillé sur un ensemble d’APSA communément enseignées, en leur demandant, s’il·elles étaient en charge d’écrire des programmes, ce qu’il·elles voudraient y voir.

Quelques choix assumés pour guider la lecture

Même si le travail effectué par les différents groupes prend aujourd’hui la forme d’un ouvrage, donc fini à un moment « t », cette démarche reste néanmoins un processus. Dans ce contexte, nous n’avons pas imposé un cadrage strict d’écriture, à la fois parce que nous voulons explorer l’idée que chaque APSA a sa « culture » propre et qu’il faut laisser ouverte cette possibilité de ne pas aligner le langage sur des a priori dont la logique des champs d’apprentissage (anciennement les compétences propres) est l’exemple paroxystique : il faudrait aligner le langage en javelot et en natation ? Pas sérieux.

Deuxième point, ce qui correspond à la partie générale des programmes et qui renvoie à la définition de la discipline se trouve regroupé, dans notre production, à une partie nommée « préambule ». C’est en effet un préambule qui vise à donner notre regard sur la discipline et sur sa fonction sociale, dans une institution particulière, l’École, dédiée à l’étude, pour tous·tes les élèves. C’est dans cette partie que le rappel des finalités a toute sa pertinence. Les véritables programmes, à l’instar des autres disciplines, résident dans les savoirs issus des APSA.

Du point de vue de la programmation, nous faisons des propositions pour changer la logique qui prévaut aujourd’hui et qui est une des causes des difficultés d’apprentissages des élèves, notamment les moins sportif·ves. C’est le découpage en tranches égales de cycles qui au bout du compte imposent de changer d’activité dès que les premiers progrès apparaissent. L’EPS est installée sur un zapping permanent. Nos propositions actuelles laissent la possibilité aux équipes de s’organiser pour articuler des cycles de découverte d’activité (20 h), de stabilisation (40 h) et d’approfondissement (80 h) sur un cursus (collège, lycée). En fonction des équipements disponibles, des choix des équipes… il s’agit ici d’activer une véritable liberté pédagogique pour faire réussir les élèves.

Enfin, il apparaitra évident lors de la lecture que les fiches par APSA reflètent, chacune, des partis-pris didactiques. Nous assumons ces choix qui émanent des propositions de collègues et s’inscrivent dans l’idée de faire « vivre une tranche de vie » dans l’APSA, avec une progression possible tout au long de la scolarité. C’est la raison pour laquelle, option « politique », nous proposons un seul programme pour toute la scolarité avec, selon le cas, 3 ou 4 étapes correspondant au niveau des élèves et non en fonction d’une classe (ce qui a prévalu pendant longtemps) ou d’un degré scolaire.

La certification, pour des référentiels nationaux !

La place de l’EPS aux examens reste une question majeure dans notre système scolaire. Et la délivrance d’un diplôme (DNB, BAC…) reste une action nationale et non locale. Par conséquent il est inconcevable, comme c’est le cas aujourd’hui, de renvoyer aux équipes le soin d’édicter ses propres référentiels, en devant cependant respecter des découpages inconséquents (les AFL) et des répartitions de points qui dévalorisent la part « motrice » des apprentissages.

Bref, les groupes d’APSA ont fait, dans certaines activités des propositions d’évaluation au DNB et Bac. Le travail est en cours pour d’autres. Là encore, il s’agit de mettre débat, de s’approprier, de tester… pour faire évoluer ces propositions qui restent des bases de travail.

Le SNEP-FSU met à la disposition de tous·tes les syndiqué·es cet ensemble de réflexions, pour continuer à faire vivre la discipline. Dans les jours qui viennent, lorsque vous recevrez cet ouvrage, une adresse mail sera mise en place pour que vous puissiez réagir, faire de nouvelles propositions, ou simplement questionner les différents groupes sur leurs choix.

Notes :
  1. Appelée dans nos bulletins et sur le site « Vers des programmes alternatifs ».[]