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Contributions

Contribution du bureau académique de l’Académie de Rouen

Accompagnement éducatif : Attention au miroir aux alouettes

Après avoir alerté la profession dès la rentrée, les instances académiques du SNEP viennent de débattre encore une fois du dossier sur l’Accompagnement Educatif.
Le contexte :
Plusieurs réunions viennent d’avoir lieu et montrent les enjeux auxquels vont être confrontés les enseignants d’EPS et leur discipline.
Le candidat N. Sarkozy avait annoncé le développement du sport à l’école dans son programme et nous découvrons aujourd’hui la face cachée de cette annonce.
Depuis déjà plus de 30 ans la droite avait tenté de substituer l’EPS  par la sport à l’école : les batailles du SNEP et des enseignants d’EPS ont toujours été vigoureuses contre les Centre d’Animation Sportif (CAS) du ministre Soisson, contre les contrats bleus, mais  aussi contre l’Aménagement des Rythmes de Vie de l’Enfant  de la gauche des ministres Calmat-Chevènement et dernièrement les Contrats Educatifs Locaux (CEL).
Le nombre d’établissements concernés pour cette année est de 12 pour l’Eure et de 44           pour la Seine Maritime : tous sont des collèges de l’éducation prioritaire. L’expérimentation, comme d’habitude, sera généralisée l’an prochain à tous les collèges.
3500 postes dans le public et 700 dans le privé sont supprimés au budget permettant l’ouverture  de 2 721 600 hse à la rentrée 2008, qui s’ajouteront aux 1 199 000 hse déjà créées  pour financer cet accompagnement éducatif qui concerne l’aide aux devoirs, l’ouverture culturelle et sportive. A cette manne, il faut ajouter des crédits Jeunesse et Sports issus du Comité National de Développement du Sport estimés à 34 millions d’euros au plan national pour financer, en plus de l’Education Nationale, des intervenants extérieurs et des achats de matériel ou des déplacements, soit le budget pour financer 3 fois 18 séances de deux heures d’AC par collège.

Les enjeux :
Plusieurs dérives sont envisageables avec ces mesures réservées aux élèves volontaires:

  1. Développement d’une confusion entre EPS, UNSS et AC,
  2. Mise en concurrence de l’enseignement obligatoire et facultatif,
  3. Mise en concurrence des équipements sportifs.

Contrôle inexistant des contenus  pédagogiques et des dépenses engagées par l’Etat alors que l’Education Nationale exerce un suivi tatillon de l’enseignement obligatoire avec la LOLF qui  est prévue pour justifier les dépenses au centime près.
Contradiction entre politique de santé et pratiques volontaires facultatives qui ne concerneront pas forcément ceux qui en ont le plus besoin.
Gratuité des pratiques volontaires contradictoire à l’engagement associatif dans la vie civile.
Une couverture assurancielle et médicale non précisée contrairement à la loi qui les impose pour les pratiques volontaires.
Difficultés liées aux transports pour les AC hors temps scolaire.
Un encadrement hors temps de service, qui ne fait pas partie des missions statutaires, qui cautionne la suppression de postes et qui fragilise l’UNSS.

La stratégie syndicale :
Pour le SNEP Rouen, il convient de veiller :

  • à la couverture médicale et assurancielle.
  • à la qualification des intervenants.
  • à occuper le terrain pendant le temps scolaire avec l’UNSS, tout en préservant le mercredi après midi pour les rencontres, avec des transports à disposition de tous
  • à la captation des élèves de l’AC par les AS et les sections sportives, avec prise de licence
  • à récupérer les crédits de fonctionnement JS pour les achats de matériels ou les transports
  • à faire valider les projets de l’AC, en articulation avec les projets de l’UNSS et de l’EPS, par le Conseil d’Administration : cela doit rester un projet pédagogique maîtrisé par l’établissement dans le cadre de son autonomie et voté. Il convient de construire des alliances avec les parents, les enseignants, les élèves…de convaincre le chef d’établissement des dérives et des enjeux.

A l’heure où l’UNSS est attaquée (déstabilisée) par le pouvoir politique qui refuse de réévaluer depuis 15 ans sa subvention de l’Etat qui ne dépasse pas 4 millions d’euros, par le Recteur qui rogne les moyens mis à sa disposition en supprimant  les fonctions d’adjoints à Dieppe et Evreux et des moyens pour les responsables de district (8 h), il convient de résister, voire de contre attaquer en n’acceptant pas le marché de dupe qu’on nous propose.
La montagne d’HSE et de crédits ne doit pas être un miroir aux alouettes : même si la bataille du pouvoir d’achat est difficile face à ce pouvoir, n’oublions pas que son objectif est de réduire au maximum le nombre de fonctionnaires, de casser leur statut et de leur imposer un contrat d’emploi individuel comme dans le privé, qui cassera toutes les solidarités et fragilisera encore plus leur emploi de salarié.
Réagir c’est résister d’abord localement et plus largement avec le syndicat au plan régional et national : ne mettons pas la tête dans le sable comme les autruches, ne subissons pas les attaques du pouvoir, syndiquons le maximum d’enseignants d’EPS au SNEP car seule l’action collective sera efficace.

 Résistons et ne collaborons pas !

Le Bureau Académique de Rouen


Contribution de Jacotte SELS (Versailles)

Comment ne pas être critique…et inquiet !!!

    Lorsque dans l’académie de Versailles, avec force moyens, les collectivités territoriales tentaient dans certains départements des interventions sur le domaine des APSA dans les collèges, il n’y avait pas lieu, selon les responsables de l’éducation nationale, d’être inquiets !! Il suffit de voir les contenus de ces interventions, leurs modalités pour avoir aujourd’hui un point de vue bien différent !

    En cette fin de premier trimestre, un nouveau dispositif, mis en place à la hâte, voit le jour : l’accompagnement éducatif. Les objectifs mis en avant affichent une volonté de répondre à une demande sociale. La mise en œuvre se fait avec fracas de déclarations, de moyens et un volontarisme rarement vu !
Quel bilan aujourd’hui ? Sur 3 départements, les actions autour des APSA représentent autour de 12% dans les établissements concernés. Certains établissements s’appuient sur l’activité de l’AS. Les CDUNSS qui se sont réunis et ont accordé un temps important de débat à cette question ont été le lieu d’expression de questions importantes.
     Question de la lisibilité des interventions proposées dans le cadre d’un établissement : à l’AS, on adhère, on paie une cotisation, on fournit un certificat médical – pour l’accompagnement éducatif : gratuité, le certificat médical ne semble pas obligatoire ?
Comment ne pas percevoir ce dispositif, dans ces conditions, comme une forme de mise en concurrence ?
    Aux questions de la compétence des intervenants, l’administration répond compétence du CA de l’établissement. Mais qui assurera le suivi du contrôle, l’évaluation, quand et comment ? Qui d’ailleurs a aujourd’hui regardé de prés le contenu des diverses propositions (du foot dans la cour du collège au….babyfoot !!) ainsi que les modalités pour répondre aux objectifs annoncés ?…
Aux questions récurrentes de disponibilité des installations sportives, tout le monde convient qu’il s’agit du point noir !!!
    Alors que chacun des CDUNSS a mis en évidence la richesse et la diversité des formes de pratique, les objectifs de formation poursuivis dans le cadre des AS d’établissement, relevant – par un travail plus approfondi cette année – les points positifs repérés dans l’analyse des pratiques et des pratiquants, l’administration s’efforce de trouver les arguments pour justifier de la mise en place de ce nouveau dispositif comme différent / complémentaire ? (dans quel sens ?) de celui de l’AS.
Les autres arguments portent sur le fait que l’école, face à ses difficultés, doit ouvrir ses portes et trouver des appuis auprès de nouveaux partenaires (comme si l’école n’avait pas déjà exploré ces pistes et comme si les AS ne travaillaient pas déjà dans ce sens dans certains établissements !).
La question des financements n’a pas manqué de provoquer des heurts dans les débats au regard de la largesse des subventions annoncées via les DDJS : 280 000 euros disponibles ici, complétés par 950 euros offerts aux clubs civils via le CNDS. 950 euros qui pourraient être attribués aux AS (dotation en matériel ou déplacements pour animer une activité sans rencontres prévues ?). Comment ne pas soulever le mécontentement des élus des AS et des représentants du SNEP sur de telles propositions alors que les districts UNSS souffrent de plus en plus d’un manque de moyens pour réaliser leur projet ! Comment ne pas être surpris lorsque le CNDS s’adresse aux clubs les incitant à s’engager pour y gagner des licenciés supplémentaires ? Est-ce là l’objectif ?
D’un côté, on reconnaît la richesse et la diversité des actions conduites dans le cadre des AS et de l’UNSS ; de l’autre, on justifie de la « création » d’un autre dispositif ! Enfin, de nombreuses interventions ont montré les problématiques différentes des établissements du réseau ambition réussite et celles que poserait une éventuelle généralisation de ce dispositif à la rentrée prochaine.
Critique et inquiétude : l’approximation des réponses de l’administration aux justes questions posées nous engagent dans ce sens surtout lorsqu’on nous explique que nous n’avons pas – dans l’école – le monopole des APSA !!
   Allez, finalement, pas d’inquiétude le socle commun est là pour que « … chaque élève accomplisse sa scolarité avec succès, …poursuive sa formation, construise son avenir personnel et professionnel et réussisse sa vie en société…. » ! Rien que cela !…. pas plus ! L’accompagnement éducatif est là pour les orphelins du 16h/18h ! Le babyfoot suffira ! A partir de là, tout va bien aller et au diable les exigences de contenus pour tous !

C’est bien le sens des mesures  que nous percevons ; restons des acteurs conscients des enjeux de l’école, ne lâchons pas le terrain de la construction de la discipline EPS ni celui d’un sport scolaire ambitieux.


Contribution de Christophe MAUVILLAIN (Poitiers)

Une stratégie syndicale de transformation d’un artifice éducatif en espace de conquête professionnelle

Confronté au volontarisme de l’administration pour la réussite du volet sportif de l’Accompagnement éducatif -bien au-delà des 14 établissements « Education Prioritaire » de l’académie- le SNEP-Poitiers a développé, dès la rentrée, une analyse et une activité syndicale spécifique sur ce thème.
Ce dossier cristallise tous les enjeux liés au métier d’enseignant, plus particulièrement au métier d’enseignant d’EPS. Il nous contraint à une lecture subtile car, d’un côté il légitime notre demande de plus d’APS à l’école et de l’autre, il percute le sport scolaire, ignore les contenus d’enseignement, dilue nos missions et à terme fragilise notre statut. Devant l’ampleur des risques liés à ce dispositif, nous ne pouvons nous contenter d’une réponse émotionnelle ou affective qui nous conduirait, en  fonctionnant sous forme de préalable, à la politique du tout ou rien.
Nous avons au contraire, travaillé à construire une analyse syndicale, intransigeante et sans complaisance sur ses fondements et l’objectif politique de son introduction en particulier sur son volet sportif.  Partant des promesses de campagne et autres annonces politiques sur le doublement du temps de pratique sportive à l’école, nous nous sommes attachés à révéler les contradictions et à lever les ambiguïtés en décortiquant les budgets et moyens horaires, en identifiant les transferts de compétences et la création d’un système de tensions entre  l’UNSS-Education nationale et mouvement sportif dans un contexte de suppressions massives de postes d’enseignants d’EPS programmées depuis plusieurs années. Force est de constater qu’au niveau social,  ce dispositif agit comme un catalyseur faisant passer les relations entre les professionnels de l’EPS, du sport scolaire et les acteurs du  tissu associatif sportif, de la complémentarité éducative à la concurrence financière, sans prise en compte des contenus.
C’est à  partir de ce constat, et en voulant profiter de l’espace existant -avant la généralisation annoncée-de l’accompagnement éducatif, que nous avons élaboré  une stratégie syndicale en trois temps.

  • Dans un premier temps, en marge des échanges avec les DD UNSS, le DR UNSS, les parents d’élèves , le CROS, les CDOS, les collègues d’EPS des établissements RAR, nous avons pris la décision d’appeler les enseignants d’EPS à « occuper le terrain » du 16h-18h en portant dans toutes les instances (réunions convention organisées par les DDJS, réunions et CD UNSS, CA d’établissement) nos exigences : Faire reconnaître et respecter le rôle moteur et innovant de l’UNSS et des AS en matière de pratique sportive diversifiée et ses liens avec l’EPS prenant parfois la forme de soutien.
  • A moyen terme, après être intervenu au niveau des élus départementaux et des IA dans les CDEN, ainsi que des élus régionaux dans le cadre des CAEN, le bureau académique a sollicité plusieurs audiences (IPR, Recteur, préfet) afin de « borner » le dispositif dès sa mise en oeuvre « expérimentale » début 2008, pour en limiter les effets pervers destructeurs : Exiger l’adoption d’un principe de non-concurrence entre l’AS et les clubs locaux, sur une même APS.  Toute intervention extérieure ne pouvant se faire que sur une nouvelle APS, pour répondre à de nouveaux besoins, en accord avec le CA et le projet d’AS de l’équipe EPS de l’établissement, dans le respect des objectifs éducatifs contenus dans les conventions passées entre l’UNSS et les fédérations concernées dans le cadre des CMR et CMD.
  • Dans la durée, avec les collègues sur le terrain, partout où il siège,  le SNEP-Poitiers  s’attache à construire des alliances avec ses partenaires : syndicaux, parents, élus, représentants du mouvement sportif, pour faire déplacer le curseur du débat, vider ce dispositif de sa substance en mettant en perspective son coût exorbitant au regard de son hypothétique efficacité. Notre objectif à long terme est de contraindre l’administration à resituer l’enjeu « du plus de sport à l’école » dans le cadre du Service Public,  en étant force de proposition sur la redéfinition de ses missions et de nos statuts. Pour cela nous faisons dès maintenant le choix de réaffirmer la pertinence de l’UNSS avec ses 970 000 licenciés, véritable performance au regard de la faiblesse de son budget. Cette légitimité nous permet d’exiger la consolidation des forfaits UNSS, et le retour d’un recrutement d’enseignants d’EPS qui soit conforme aux besoins. En résumé,  partant du principe que ce dispositif n’est qu’ une traduction politique dévoyée, d’une réelle demande sociale « de plus de pratique sportive à l’école », nous tentons  par notre action militante « d’occupation du terrain » d’imposer les règles du jeu : Nous devons redéfinir l’accompagnement éducatif, lui donner sens  en le marquant du sceau de nos revendications  pour en faire un espace de conquête syndicale.

Contribution de Bruno CREMONESI

Accompagnement éducatif

Le ministère de l’éducation a mis en place sur le créneau 16H00/18H00, un processus d’accompagnement éducatif pour les élèves qu’il nome péjorativement les orphelins de 16H00. Essayons d’y regarder d’un plus près.

Pendant l’été, le ministère de l’éducation nouvellement nommé a créé un dispositif qu’il va nommer l’accompagnement éducatif. Il va donner à cet effet plus de 250 000 heures pour que ce dispositif se mette en place dans les collèges dits ambition réussite. Les académies chargées d’expérimenter ces dispositifs sont principalement celle de Créteil et de marseille.
Les enseignants peuvent travailler en plus de leurs horaires de cours pour proposer aux élèves de l’aide au devoir, des activités sportives ou artistiques. Ces heures rentrent dans la logique de campagne de Sarkozy, où pour gagner plus, il faut travailler plus. La palisse n’aurait pas dit mieux, mais avant de plonger tête première dans un bassin inconnu, il faut sonder le fond !

L’école, le nouveau lieu pour développer les clubs sportifs
Un certain nombre de clubs voit d’un bon œil l’accompagnement éducatif proposé par le ministre de l’éducation nationale. Des mesures financières accompagnent ce dispositif, le CNDS propose des subventions pour les clubs qui animeront ces heures. On peut se demander comment peut il d’un côté réduire son budget et de l’autre donner des rallonges financières ?
« Il faut l’investir pour développer nos clubs », avance certains militants bien intentionnés. Cet engouement soudain pour être présent dans le temps scolaire est significatif d’une crise de sens de la vie associative qui ne sait plus quel est son rôle dans l’éducation de l’enfant.
Deux facteurs peuvent de notre point de vue expliquer ce glissement progressif.
Nous assistons ces dernières années à un processus de scolarisation des pratiques associatives. C’est un retournement historique, alors que l’école a puisé jusque dans les années 80 ses modes de faire, ses innovations pédagogiques dans le monde de l’éducation populaire et de la vie associative, les stages Maurice baquet en sont l’un des exemples marquant de l’histoire de la FSGT et de l’EPS de nos jours. Depuis une dizaine d’année, le mouvement s’inverse, la vie associative va peu à peu scolariser ses pratiques et ses modes de faire.

Une scolarisation du temps de l’enfant
Il étonnant, voir déroutant d’observer que les enfants dans le cadre des clubs ou des écoles omnisports fassent de plus en plus des exercices, des cahiers d’évaluation, que les animateurs régulièrement disent vouloir cadrer, ordonner leur séance alors que dans le même temps de plus en plus de professeurs d’EPS sont soucieux de faire jouer leurs élèves. Le part du jeu en soit tant à déserter la vie associative pour prendre une place au sein de l’école.
C’est ainsi que de nombreux clubs et centre de loisirs vont adopter sans les avoirs analyser les modes de fonctionnement langagiers et structuraux de l’école. Ce décalque du modèle scolaire ne prend que les formes de fonctionnement et l’ordre apparent dans l’école et fait l’impasse sur l’analyse de l’échec scolaire et des modes de faire qui tendent à laisser sur le bord de la route de nombreux jeunes.

Discipliner le corps
Cette volonté de scolariser le temps de l’enfant est l’expression d’une incapacité de notre société à travailler à partir de la turbulence des enfants et des jeunes. Notre société n’est plus capable d’inventer l’avenir avec les jeunes, de réenchanter le présent et propose comme seule alternative au besoin de mouvement des enfants et des jeunes, un ordonnement des pratiques. Les dérives sécuritaires et les dérives répressives de ces dernières années en sont les paroxysmes.
Bousculades, mouvements exubérants, agitation brouillent la lecture qu’on peut en avoir et rendent complexe le contrôle de ces groupes d’enfants particulièrement les garçons des quartiers populaire. Cette nouvelle volonté des clubs sportifs d’exiger d’emblé un mouvement codifié entre en conflit avec ces enfants et jeunes qui exercent leur liberté de bouger et de s’exprimer avec leur corps. Le tourbillon de mouvements et la joie de vivre devient souvent l’objet d’interprétation de défiance face à l’autorité ou à l’institution. Ce rapport au corps insaisissables est comme une revanche, un espace de protection de soi dans une société où les jeunes peuvent percevoir les commentaires des adultes comme une humiliation symbolique.
Cette volonté de discipliner les corps revient comme un boumerang rendant d’autant plus difficile la gestion du groupe.

Voir les réussites du monde associatif
Le monde associatif peut être le lieu de la réussite, le lieu d’autres modes de fonctionnement permettant de placer certains enfants dans un processus de réussite et de responsabilisation original. Tel enfant du club de foot qui entraîne les plus petits et qui pour autant est ingérable à l’école et va le devenir dans tous les systèmes où il n’aura pas de responsabilité. Nous sommes toujours surpris d’entendre que tel enfant est en grande difficulté à l’école alors même qu’il est un enfant moteur et dynamique dans le cadre du club.
Par ailleurs la vie associative crée un espace entre école et vie privé qui permet aux jeunes de pouvoir vivre d’autres types d’expérience, d’autres relations filles-garçons dans cet entre espace. Un espace de liberté où la famille a confiance et laisser l’enfant participer. Il s’en saisi pour nouer d’autres types de relations sociales avec ses camarades.  Un lieu où il pourra vivre en acte une relation sociale défaite des nécessaires modes d’être dans l’espace public. C’est ainsi que Imen (14ans) nous dit : « Les garçons dans la cité, ils se la jouent méchant et tout quand ils sont entre eux mais quand on ils viennent à l’association, cela n’a rien à voir, on rit ensemble, on joue ensemble, c’est bien quoi… »
Ce partage d’expérience commune, la création d’autre réseau de relation sociale qui extrait et diversifie les relations du bâtiment ou de l’école, ne sont elles pas autant de voies pour construire une société ensemble et sortir de la spirale sécuritaire ??

La fatigue d’être soi
Le monde du sport associatif ne doit pas céder trop rapidement aux sirènes de l’accompagnement éducatif, ils perdront non seulement la spécificité de l’éducation non formelle en se formalisant dans le temps scolaire. Mais ils ignoreront que les processus d’échec scolaire dont l’accompagnement éducatif est censé diminuer ne dépend pas seulement de la bonne volonté et du travail des enfants.  En effet l’accompagnement éducatif promeut un modèle de la réussite personnelle laissant croire aux individus que la réussite dépend d’eux. S’il est vrai que la part de l’investissement personnel n’est pas à négliger dans la réussite de l’individu, ils ne faut pas pour autant sous estimer que dans le même temps elles transforment ceux qui héritent en ceux qui méritent. Modèle de société tendant à légitimer comme implication personnelle la réussite des classes sociales favorisées, sous estimant la connivence qu’il peut exister entre le modèle de fonctionnement scolaire et la culture des ces familles.
Ainsi pour reprendre  les propos de Jaques généreux (contrepied n°21), « pour les néo-libéraux, l’individu rationnel est responsable de tout ce qui lui arrive. C’est ce qu’exprimé Alain Ehrenberg dans son ouvrage : « La fatigue d’être soi ». On comprend que la maladie psychique contemporaine relative à la difficulté d’être soi, ne soit plus la névrose mais la dépression ».  La socié­té, comme créatrice de sens, comme mode d’enchantement du monde, comme espace de relation, de solida­rité mais aussi de contraintes, dispa­raît. La nouvelle maladie est donc la « fatigue d’être soi ».  L’école s’est dotée de nombreux dispositifs comme le projet personnel de réussite éducative, l’aide personnel au travail…qui tendent à transformer les victimes du système en coupable de leur échec.

Développer le service public du sport
L’an dernier, le gouvernement avait proposé une suppression de nombreux forfaits de l’UNSS. Cette suppression s’appuyait sur une soit disante nécessité de sauver le sport scolaire, « d’avoir des exigences sur le service public » en terme de nombres d’élèves par  prof. SPA avait fait l’écho dans deux articles (revue SPA) des dérives comptables d’une telle logique sacrifiant les lieux les plus en difficulté au nom de la conformité avec la LOLF. Alors même que le décret De Robien a été abrogé, certains professeur d’EPS n’ont toujours pas leur 3H00, faut il penser que la loi n’est pas la même pour tout le monde ??
Par ailleurs dans le cadre de l’accompagnement éducatif, il n’y aucune exigence en terme d’effectif, d’engagement régulier des élèves…Curieux processus d’accompagnement éducatif laissé au libre choix des élèves. La logique du choix tend à légitimer l’existant, les enfants les plus en difficulté au sein de l’école, ne vont pas d’eux même avoir la démarche de rester dans l’école mais plutôt s’enfuir et se délecter de la liberté de mouvement une fois les portes franchies…en seront il coupable de ne pas avoir voulu réussir ? Difficile à 12 ans !
Mais sans entrer dans la logique comptable du nombre d’élèves par encadrant, l’accompagnement éducatif sportif ne précise rien au niveau des compétences de l’encadrement et des exigences d’acquisition des élèves. Cette déréglementation de l’encadrement sportif, ignore toutes les lois auquel était soumis jusqu’alors l’encadrement des pratiques sportives. C’est l’expression d’un renoncement à une exigence d’acquisition culturelle de haut niveau pour tous. Les élèves volontaires dans les collectivités territoriales dotées de bonnes installations et là où l’offre sera suffisamment diversifiée pour absorber tous les enfants auront un accompagnement éducatif , les autres seront libre de choisir ! Deux poids, deux mesures ! Peut être serait il préférable de renforcer l’existant, de consolider le service public du sport avant de vouloir externaliser vers la vie associative des champs entier de ce qui doit rester un droit d’éducation pour tous….

Sous l’eau bleue turquoise de l’accompagnement éducatif dans laquelle on aimerait plonger tête la première se cache des reliefs périlleux. Peut être que la vie associative au risque de devenir formelle et de participer elle aussi au processus de la construction d’une société de  plus en plus inégalitaire sans les jeunes devrait cultiver son identité et son originalité. Peut être que la vie associative devrait réfléchir en terme de complémentarité d’offre éducative pour les enfants, pour leur permettre d’avoir envie de grandir. La défense d’un service public de qualité est un enjeu collectif que chacun doit cultiver.