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Programme Lycée : Nouvelle occasion ratée

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Un nouvel épisode où l’anecdote et l’absence de méthode du ministère a finalement produit un nouveau texte insipide bardé de généralités1

Le conseil supérieur de l’éducation, instance consultative dans laquelle nous siégeons, a une nouvelle fois rejeté la politique de Blanquer. La FSU et d’autres organisations (CGT, Sud) ont même quitté la séance le deuxième jour de travail. « L’élaboration des programmes a été́ conduite dans l’urgence et l’opacité́ » ont-elles écrit.

L’analyse, les propositions d’amendements, le texte étudié sont sur notre site pour celles et ceux qui suivent le sujet de près. Pour l’essentiel, que retenir de ce nouveau feuilleton ?

Collège/Lycée, même résultat !

Sous deux gouvernements différents, nous avons vécu la même opération : un groupe d’experts recruté par le CSP 2, un premier texte qui pose des bases et des jalons intéressants, à améliorer, et au dernier moment la DGESCO qui saisit l’IG pour tout réécrire en quelques jours pour le lycée, en quelques jours et en un été pour le collège, mettant tout le monde en difficulté et niant le travail accompli jusqu’alors… Au bout du compte, des textes qui se ressemblent : des généralités qui n’apportent rien à l’EPS (et donc aux élèves), ni en termes de visées, ni surtout en termes d’apprentissages concrets dans les APSA, ce qui entretient le trouble, voire les malentendus, sur ce qu’il y a à apprendre, à savoir et à savoir faire.

Pas touche aux dogmes en vigueurs !

Parmi les faits, non pas marquants mais en tout cas très visibles, on note le refus de toucher aux 5 grandes catégories qui sont censées organiser l’EPS. Ce ne sont plus des compétences propres, ce ne seront pas les « expériences corporelles typiques », la terminologie du collège « champ d’apprentissage » a été reprise. Pas plus le groupe d’experts que l’administration n’a voulu ne serait-ce qu’esquisser une évolution : non, la danse et la gym ne peuvent être dans le même champ d’apprentissage, pas plus que le badminton et le rugby…

Liste nationale d’APSA

Autre fait, la liste des APSA bouge encore, sans discussion sérieuse ni méthode. Le groupe d’expert (projet 1) introduisait le crossfitness, les danses de couple, le yoga, modifiait l’intitulé des activités athlétiques (retour aux courses/sauts/lancers), supprimait le judo. Il semblerait in fine que l’administration ne retienne que le yoga comme nouvelle activité, garde le judo mais supprime bizarrement l’adjectif « sportive » derrière gymnastique. Cette façon de procéder ne peut perdurer. L’institution ne peut procéder par à-coups, au gré des personnes qui sont parti-prenantes des rédactions de textes. C’est un sujet sérieux qui mérite plus d’attention que d’annoncer que telle ou telle activité est intéressante (sans en préjuger a priori pour ce qui nous concerne…). Il faut changer de méthode. Si une liste nationale permet d’avoir quelques garanties sur la « culture commune », alors il faut la penser en multipliant les outils d’analyse et les débats avec les acteurs.

Moins de contraintes de programmation : une ouverture salutaire !

Parmi les demandes majoritaires de la profession, il y avait celle d’alléger les contraintes de programmation qui empêchent les choix réels des élèves (avec les problèmes de motivation et de dispense que ça entraine). Le premier projet proposait au contraire d’en rajouter (obligation de programmer une activité artistique en seconde, ainsi qu’une de l’ex CP5). La proposition de texte passée au CSE introduit plus de souplesse en proposant de les imposer sur le cursus et non plus sur la seconde. L’obligation de programmer un deuxième cycle du champ 5 ne serait plus obligatoire mais conseillé. C’est une évolution que nous approuvons et qui peut permettre plus d’initiatives dans les équipes. Mais nous verrons le texte final. Et surtout, si évolution il y a, il ne faudrait pas qu’elle soit contrariée par les nouveaux textes sur le Bac à venir.

Un programme sans programme !

A quoi sert un programme scolaire : à identifier précisément ce qui doit être appris à tel ou tel niveau, principalement et prioritairement. Le reste est secondaire. Or c’est justement là-dessus que le texte est carrent. Lorsqu’il est écrit que, en fin de lycée, pour le champ 4, il faut « S’engager pour gagner une rencontre en faisant des choix techniques et tactiques pertinents au regard de l’analyse du rapport de force », on est sur une définition très générale qui ne donne aucune indication véritable sur ce qu’il y a à apprendre, et laisse chacun interpréter ce qui est vraiment requis en fin de lycée car la formule peut s’appliquer du débutant au plus haut niveau… Seule nouveauté par rapport aux programmes du collège, le texte introduit des « éléments prioritaires pour atteindre les attendus » qui donnent un peu de « matière ». Insuffisant malgré tout.

Le SNEP s’engage

Dans la suite du travail fourni sur les programmes collège (opération intitulée « programmes alternatifs »), nous allons faire des propositions pour continuer à réfléchir sur les programmes d’EPS. Un séminaire a déjà eu lieu au mois de décembre, et une première publication d’ici la fin de l’année scolaire. Si vous êtes encore attachés aux contenus de l’EPS, suivez le travail sur notre site…

Notes :
  1. A l’heure où ces lignes sont écrites, nous n’avons pas la dernière version officiellement retenue par le ministère. []
  2. Conseil Supérieur des Programmes, instauré par la loi Peillon. []