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La formation des professeur.es des écoles est actuellement insuffisante. Elle s’est fortement dégradée depuis les années 2000.
Enseigner est un métier qui s’apprend et qui demande une formation longue, ambitieuse et menant à un haut niveau de qualification universitaire et professionnelle, permettant une pratique réflexive, pour se donner les moyens de transformer l’école et de lutter contre les inégalités scolaires. Le SNEP-FSU et le SNUipp-FSU portent le projet d’une formation suffisamment dotée pour permettre aux enseignant.es d’être réellement concepteurs et conceptrices de leurs pratiques et non des exécutant.es.
Le Master MEEF
La formation en Master MEEF s’étend sur deux ans. Elle tente de répondre à trois objectifs : l’obtention du diplôme de Master MEEF (Métiers de l’Enseignement, de l’Education et de la Formation), la préparation au concours de recrutement des professeurs des écoles (CRPE) et la préparation au métier.
Au concours, il existe une épreuve EPS obligatoire pour tous les candidat.es.
Actuellement deux problèmes se posent, concernant l’EPS. D’une part, l’épreuve du nouveau CRPE, prévu pour 2022, minimise fortement les contenus d’apprentissage en EPS*. D’autre part, dans les maquettes de Master MEEF, les horaires dédiées à l’EPS ont été réduits, passant en quelques années de 100 heures à 50h parfois même 24 heures aujourd’hui dans certaines INSPE** !
Comment former les futurs professeurs des écoles à enseigner dans un temps si court ?
Alors que le ministre communique beaucoup sur les enjeux de santé, de son importance dans le cadre des Jeux olympiques « Génération 2024 », sa réforme de la formation des enseignant∙es va à l’inverse d’un développement de l’EPS à l’école primaire. Il va également à l’inverse des recommandations de la Cour des Comptes (rapport sur l’Ecole et le sport) qui préconise de « rendre plus effectif l’enseignement de l’EPS à l’école primaire ».
Le SNEP-FSU et le SNUipp-FSU demandent :
- Une épreuve EPS au CRPE qui se centre sur les contenus d’EPS et qui permette à l’étudiant∙e à la fois de bien intégrer les enjeux de l’EPS et d’être outillé∙e pour débuter dans le métier. Pour rappel, à la création des IUFM dans les années 90, l’épreuve EPS comportait 3 parties :
- une épreuve de natation (actuellement un brevet de 50 mètres suffit),
- une épreuve physique qui permettait aux étudiant.es de se poser des questions sur leur propre pratique sportive
- une épreuve d’entretien sur la base des 4 APSA (Activités Physiques Sportives et Artistiques) les plus couramment enseignées à l’école primaire (natation, athlétisme, jeux et sports collectifs et danse).
- Une formation sur les deux années de master qui intègre à la fois des connaissances didactiques, des stages de pratique accompagnée et de l’analyse de pratique, en lien avec la recherche.
- Une formation qui commencerait dès la licence avec des modules de pré-professionnalisation. De tels modules existent dans la filière STAPS et pourraient très bien être envisagés pour d’autres licences (avec par exemple des pratiques physiques au sein des Suaps, des stages d’observation et de pratique accompagnée en école primaire)
- Une formation initiale post concours qui permette une formation professionnelle réflexive, articulant mise en stage, analyse de pratiques et recherche en éducation. Elle pourrait permettre d’étudier des sujets qui relèvent davantage de la formation professionnelle tels que le handicap oules partenariats, etc
La formation continue
La formation continue a quasiment disparue hormis en français et en maths. Elle est remplacée par des formations à distance (Magistère).
Une formation continue de qualité implique des temps de formation longs permettant une déconnexion de la classe. Elle doit permettre l’accès à l’ensemble des travaux de la recherche et des mouvements pédagogiques qui font la culture du métier. La formation doit doter les enseignant.es d’outils leur permettant à la fois de choisir des situations d’apprentissage, les adapter à leurs élèves. Elle doit leur donner accès à des ateliers d’analyse de la pratique, à des observations de pratiques de classe entre pairs et leur permettre de s’engager dans des recherche-action.
Pour l’EPS, les Professeur∙es d’Ecole devraient pourvoir bénéficier d’un accompagnement et/ou d’une formation dès qu’ils-elles en manifestent le besoin et avoir accès systématiquement à des formations :
- sur le « savoir-nager » dès qu’ils vont à la piscine avec leurs élèves
- sur les activités sportives ou artistiques dès lors qu’ils s’inscrivent à des rencontres sportives sur le temps scolaire (avec le CPC et/ou l’USEP)
Les équipes d’école devraient pouvoir bénéficier de stages d’école sur le thème de l’EPS pour organiser le travail d’équipe en lien avec le projet d’école et les programmations tout au long de la scolarité.
Outre les formations pour tous les PE, le SNEP-FSU et le SNUipp-FSU souhaiteraient que puissent être expérimentées des formations de « référent∙e EPS » dans une école sur la base du volontariat, notamment en début d’année pour impulser le projet d’EPS dans les écoles.
Une formation approfondie en EPS
La formation dite « à dominante » en EPS est prévue par la loi sur le sport depuis 2004. Elle n’a jamais été réellement mise en place. En formation initiale, un ministre (J.Lang, années 2000) l’a proposé au détriment de la formation pour tous les PE, ce qui était inacceptable. En formation continue, quelques départements l’ont expérimentée, mais sans jamais en évaluer les bénéfices.
D’autre part, dans les années 1990-2010, de très nombreux étudiant∙es Staps sont devenus professeurs des écoles -jusqu’à 20% certaines années), sans jamais que l’institution ne prenne en compte cette qualification supplémentaire. Ces étudiant.es ex-Staps peuvent bien sûr jouer le rôle de personne-ressource dans leur école ou devenir CPC ou CPD, mais ceci se passe – et ceci est valable quelles que soient les disciplines – comme si notre institution ne voyait pas la richesse que représente les origines et compétences différentes des enseignant.es du primaire, que la formation continue permettrait de faire fructifier.
De la même manière, il a existé en STAPS entre 1975 et 1985, une Licence Education & motricité avec une option « 3-10 ans ». Celle-ci a notamment permis de former un grand nombre de CPD EPS, qui sont actuellement en fin de carrière, et qui malheureusement n’ont pas l’occasion de transmette leur culture professionnelle. Dans le contexte actuel, où la pratique sportive des jeunes enfants apparait indispensable, recréer une telle option en licence pourrait avoir des incidences intéressantes, y compris pour la préprofessionnalisation des PE.
Ces trois exemples montrent qu’avec une réelle volonté politique pour développer l’EPS, il est possible d’activer différents leviers, dont celui des formations approfondie (sans que celles-ci ne donnent lieu à des postes profilés).
La formation de formateurs et formatrices
Les PE maîtres formateurs (PEMF) et des conseillers pédagogiques (CPC et CPD) sont titulaires d’un diplôme (le CAFIPEMF) qui garantit leurs compétences en formation.
Ce diplôme doit pouvoir être préparer sur le temps de service et permettre d’accéder à une formation universitaire qualifiante au sein des INSPE.
La spécialité EPS du CAFIPEMF doit pouvoir être obtenue dès la première année (et non pas au bout de 3 ans comme la nouvelle réforme le stipule), de façon avoir un CPC en capacité de prendre en charge l’EPS dans chaque circonscription. (voir nos propositions pour les conseillers pédagogiques EPS)
Le développement de la recherche
Force est de constater que peu de recherches concerne l’EPS à l’école primaire et que de surcroit, celles qui existent sont peu diffusées en formation. Chaque formateur et formatrice qui le souhaite devrait pourvoir avoir accès une formation diplômante, menant jusqu’à la thèse.
La formation, un investissement à long terme
La formation nécessite des moyens suffisants, des plans de formation élaborés dans le cadre de conseils de formation départementaux. Elle doit être garantie par des moyens de remplacement à la hauteur des besoins et par des stages massés de stagiaires.
Elle participe à la construction et à la transmission d’une culture professionnelle, aujourd’hui insuffisamment reconnue par l’institution.
Pour aller plus loin :
Vidéo sur la formation : Pascal Grassetie, formateur INSPE
*Courrier commun SNEP-SNUIPP (FSU) au ministre de l’Education nationale, JM Blanquer sur l’épreuve EPS au CRPE et la formation initiale
Formation initiale et continue : mandats du SNUIPP congrès de Perpignan 2019