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Redonner un avenir à l’EPS en collège

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Les dernières réformes du collège ont dégradé la place de l’EPS. Celle-ci doit être revalorisée, notamment par une augmentation des horaires.

Nous mesurons, depuis plusieurs années, les effets néfastes des réformes engagées sur le fonctionnement du collège autour du ‘’socle commun de connaissances, de compétences et de culture’’ et de son évaluation problématique, de l’autonomie accrue des établissements et de l’insuffisance des moyens : dégradation des conditions de travail des enseignant·es et d’étude des élèves ; mal-être et souvent colère des personnels devant l’accumulation de tâches “inutiles et désagréables’’ ou d’injonctions contradictoires et l’augmentation importante de leur charge de travail ; vacuité des programmes disciplinaires en terme culturel, suppression de l’épreuve physique d’EPS au DNB, nouvelles hiérarchies entre les disciplines, voire déconstruction pernicieuse de certaines d’entre elles, conflits latents engendrés par la mise en concurrence des personnels…

Le ministre Blanquer aura, de son côté, poursuivi et amplifié la destruction du collège en recentrant les apprentissages sur les fondamentaux, en exacerbant l’individualisation des parcours et en supprimant massivement des postes. Les processus de hiérarchisation des disciplines et de dédisciplinarisation (cf C. Couturier) sont toujours à l’oeuvre. L’EPS, comme discipline d’enseignement, apparaît alors fragilisée et pourrait à terme être fragmentée, diluée et marginalisée.

Dès lors, il est urgent de redonner un avenir au collège, entendu comme une étape particulière dans le développement social et culturel des enfants. Cela permettra à la fois d’assurer une continuité avec le primaire et le lycée et de créer les ruptures nécessaires pour grandir. Aussi devra-t-il simultanément organiser l’élargissement des savoirs abordés et assurer un droit pour toutes et tous à s’engager dans l’étude des oeuvres et des pratiques culturelles, l’approfondissement des savoirs et le travail personnel et en autonomie. Le soutien aux élèves en difficulté et l’aide aux devoirs, par exemple, devront être organisés sur le temps scolaire.

Le ministre Blanquer aura poursuivi et amplifié la destruction du collège en recentrant les apprentissages sur les fondamentaux

Dans un collège rénové et tourné vers l’avenir, l’EPS doit être repensée en profondeur pour retrouver son statut de discipline à part entière. Tout en conservant ses spécificités, elle doit être revisitée, tant dans ses finalités éducatives que ses contenus physiques, sportifs et artistiques, restructurée autour de programmes qui déterminent les savoirs exigeants et émancipateurs à acquérir, et de référentiels nationaux d’évaluation pour le DNB qui précisent les niveaux d’acquisitions spécifiques attendus (techniques, tactiques, méthodologiques…). Elle doit aussi être revalorisée par l’augmentation des temps d’étude propices au développement physique et moteur et aux acquisitions culturelles des élèves (4 heures d’EPS à tous les niveaux du collège) et par l’octroi de moyens permettant la constitution de groupes à effectifs réduits ou des dispositifs de co-intervention (2 professeurs, 1 classe par exemple). Elle doit enfin être réorganisée autour d’une programmation d’APSA riche et équilibrée qui vise à la fois des apprentissages réels, stabilisés ou approfondis, grâce à des cycles qui s’inscrivent dans la durée sans oublier l’ouverture culturelle.

Les équipes EPS pourront alors concevoir leur projet autour d’une programmation qui respectera 2 principes : couvrir les 8 groupes d’APSA (cf. préambule des programmes SNEP-FSU) et mettre en oeuvre un approfondissement d’un minimum de 80h dans une APSA, un volume de 40h minimum par APSA pour des apprentissages stabilisés et un volume de 20h pour des cycles de découverte. Pour créer une dynamique et donner du sens aux projets collectifs, les équipes pourraient organiser au moins un événement par an sous forme de rencontre ou spectacle, de sortie ou de stage.

Faire advenir une telle EPS nécessite une résistance de toute la profession qui passe à la fois par l’opposition aux réformes délétères à l’oeuvre et par l’élaboration de propositions construites collectivement. Le SNEP-FSU prolongera cette activité en organisant un séminaire sur les référentiels de certification en mars, en intervenant aux ‘’assises de l’EPS’’ à l’initiative de l’ENS et en proposant des journées de l’EPS dans chaque académie.