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Sauver le collège, c’est sauver l’école publique

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L’histoire des réformes scolaires montre que les différents échelons ou niveaux de scolarité ne sont jamais réformés ensemble. La réforme du lycée, inégalitaire, contreproductive et antisociale étant (presque) derrière nous, on peut, de nouveau, s’attaquer à celle du collège.

Au coeur du système

« Coincé » entre l’école primaire et le lycée, le collège est le lieu permanent des luttes politiques entre les courants philosophiques pensant l’École en tant qu’institution. Le clivage droite/gauche n’est pas évident. Nous nous efforçons donc de porter nos exigences à partir de notre métier. Dis-moi quel collège tu veux et je te dirai quelle École tu auras. Le collège est souvent coincé entre deux visions, l’une propédeutique, l’autre viatique. Apprendre, former, éduquer… le centre de gravité de son organisation conditionnera beaucoup de choses pour la suite de la scolarité. Compte tenu du fait que les populations de jeunes les moins armés socialement n’ont que l’École pour réussir, notre combat contre les inégalités nous oblige à poser le collège comme un lieu où les savoirs maîtrisés doivent permettre à toutes et à tous de réussir en lycée1. En EPS, c’est en finir avec les « éternels débutants ». Il s’agit des quatre années déterminantes pour la réussite scolaire mais aussi souvent sociale, professionnelle des jeunes. Nous nous situons, donc, résolument, derrière les propositions pour une École des savoirs socialement, historiquement, confortés, ayant un sens commun, constituant une culture commune. C’est donc d’un double mouvement qu’à besoin une prochaine réforme du collège, s’appuyer sur des corpus culturels socialement signifiants et permettre la scolarisation des apprentissages au sein même de ce corpus. Scolariser le social au lieu de l’ignorer voire nier.

Quel avenir ?

La fonction syndicale nous oblige à exercer une vigilance particulière en cette période électorale (à haut risque) dans laquelle certain·es candidat·es jouent les gros bras en décrétant les fins d’un monde. La fin du « collège unique », la fin d’un collège rattaché au second degré, la fin du droit aux études supérieures… Il est certain que les idées progressistes, républicaines, sont mises à mal depuis des années. Nous sommes depuis longtemps pris dans une spirale néolibérale dont les gourous professent à coup de grands moyens, médiatiques et institutionnels, la fin des droits, l’École publique étant un des essentiels. Pour ne pas parler dans le vide, analysons quelques traits des différents programmes électoraux.

Projets politiques 2

Le « président/candidat » nous promet, via son ministre, une « école du socle », avec les recrutements des « maitres du socle ». Il s’agit d’une vieille idée d’en finir avec un collège de second degré commun et le « primariser ». Ce serait la fin d’un statut spécifique de professeur d’EPS et d’agrégé d’EPS, avec une formation STAPS puis INSPE professionnalisante 3. Le recrutement des enseignant·es polyvalent·es à l’image du premier degré, couperait définitivement le collège du lycée. Nous serions à l’aboutissement du projet « bac + 3/ bac – 3 » reléguant la moitié de la population scolaire à des formations et qualifications de moindre niveau avec une relégation inacceptable.

Notre profession doit continuer à peser sur la structuration et donc sur des futures réformes du collège.

Le même candidat porte le projet de 2 h de sport, en plus de l’EPS, pour le collège. Les deux projets fusionnent. Le sport serait porté par les éducateurs extrascolaires et l’EPS, en tant qu’enseignement disciplinaire, minoré par l’idée même de l’école du socle. Les 4 h d’EPS, portées par le seul SNEP-FSU, sont une idée tellement insupportable aux néolibéraux, alors qu’il leur est impossible de les ignorer, d’où ce projet archaïque.

La candidate des LR, sans surprise, emboite le pas de celui que nous venons de citer. Elle veut créer une filière spéciale dès la 6ème pour les élèves de niveau faible qu’elle assimile aux perturbateurs. Elle propose des établissements publics sous contrat, maitres de leur programme, recrutant et évaluant leurs enseignant·es. Ce serait la fin de l’École pour toutes et tous, la fin d’un service public, digne de ce nom.

Notre travail, en collège, a un sens. Notre profession doit continuer à peser sur la structuration et donc sur des futures réformes du collège. Les élections présidentielle et législatives (le quinquennat articule fortement les deux) sont un de ces moments, les élections professionnelles en seront un autre. Mais, surtout, notre syndicalisme a besoin du plus grand nombre de collègues. Syndiquez-vous, engagez-vous aux côtés de notre syndicat.

Notes :
  1. Le lycée inégalitaire, l’affaiblissement des enseignements généraux en LP, sont des éléments que le collège seul ne peut traiter mais qui « empêchent » un grand nombre de bacheliers à poursuivre leurs études. Sans parler du Parcoursup[]
  2. Faute de plus de place, nous nous appuyons sur quelques éléments extraits des programmes que nous ne partageons pas. Le présent article n’aborde donc pas l’ensemble des propositions, y compris celles qui seraient plus proches de nos orientations[]
  3. Nous ne développons pas ici la réforme que nous portons pour les STAPS et l’INSPE[]