Les lettres
Lettre à Xavier Darcos (le 29 novembre 2007)
Objet : Accompagnement éducatif, activités périscolaires et service public d’éducation
Réf : Votre réponse à la question d’un parlementaire (Q 1037 P 7078 – parution 13/11/2007)
Monsieur le Ministre,
Questionné par Monsieur le Député Laurent Hénard sur l’avenir de l’éducation physique et sportive, vous dites « accorder une grande attention à l’éducation physique et au sport scolaire ». Vous déclinez les vertus éducatives que vous prêtez au sport et précisez qu’une action continue des éducateurs, pendant et en dehors du temps scolaire, est nécessaire à la maturation de ces acquisitions.
Vous développez ensuite les axes des actions conduites cette année dans le premier et le second degré. Concernant l’enseignement primaire, si nous souscrivons à l’idée de porter à 4h la pratique sportive pendant le temps scolaire – si c’est bien de l’éducation physique et sportive qu’il s’agit ici – nous relevons une première ambiguïté : comment nos collègues enseignants des écoles vont-ils pouvoir concilier cette mesure avec la suppression de deux heures du samedi matin et la recommandation de « recentrer l’école sur les fondamentaux » ? Sauf à penser que vous placiez l’EPS dans les « fondamentaux ».
La réponse à cette question est peut-être liée à la deuxième ambiguïté, qui concerne le second degré. Vous affirmez que « Pour les collèges, le dispositif d’accompagnement éducatif … sera mis en place … Il s’appuiera notamment sur les actions existantes pour lesquelles les collaborations des collectivités territoriales et des associations sont traditionnellement importantes et constituent un apport très apprécié ». Rappelant que l’AS de l’établissement a un rôle essentiel à jouer dans ce dispositif, vous concluez que celui-ci doit « permettre d’augmenter l’offre d’activités physiques et sportives proposées aux élèves ».
Il s’agit donc « d’augmenter l’offre ». De l’améliorer aussi sans doute. Mais est-ce là la meilleure réponse à la question posée d’augmenter la pratique physique de tous les jeunes, de le faire avec des objectifs éducatifs ambitieux, définis, progressifs, adaptés à chaque niveau de scolarité ?
Nous ne le pensons pas, pour plusieurs raisons. La première est que l’accompagnement éducatif est réservé aux élèves volontaires ; il n’a donc pas vocation à concerner l’ensemble des jeunes. Même organisé à partir des structures de l’établissement scolaire, il restera facultatif, au même titre que tous les dispositifs péri-éducatifs, qu’ils soient pris en charge par des enseignants ou d’autres intervenants. Il n’est de plus pas certain que les élèves volontaires soient ceux qui ont le plus de besoins eu égard aux trois axes proposés. Par ailleurs, l’expérience montre que quel que soit le volontarisme affiché pour la généralisation des dispositifs périscolaires, ils ne sont jamais proposés partout.
La seconde raison est que l’accompagnement
éducatif peut être pris en charge par des enseignants volontaires, mais
qu’il n’est pas inclus dans leur service ; sous la forme proposée, il
ne fait pas partie de leurs missions statutaires et est rétribué en
heures supplémentaires effectives. Dans ce cadre, ni programmes, ni
évaluations. Aucun repère sur les exigences en termes de contenus.
C’est pourquoi nous ne jugeons pas acceptable qu’à la question de M.
le député concernant l’avenir de l’EPS à l’école, votre réponse se
résume, concernant le collège, à la perspective du développement de
l’accompagnement éducatif.
Que ce soit pour l’aide aux élèves en difficulté ou pour l’accès aux pratiques sportives, artistiques et culturelles, le développement d’une offre périscolaire gratuite et de qualité peut contribuer à la réussite scolaire des jeunes et à la démocratisation de l’école. Pour autant, c’est d’abord le service public d’éducation qui doit être convoqué pour répondre aux besoins des jeunes, parce qu’il s’adresse à tous, partout, quelles que soient leurs conditions sociales d’existence et qu’il est encadré par des enseignants qualifiés.
Le besoin de tous les élèves, la nécessité sociale, éducative et sportive, c’est une EPS développée – plus et mieux d’horaires, d’installations et de moyens de fonctionner – prolongée au sein des associations sportives de tous les EPLE, par l’offre faite à tous les élèves, d’un sport scolaire de qualité organisé par l’UNSS.
A cet égard, le contexte n’incite pas à l’optimisme : suppression massive de postes, perspective d’une école avec moins de cours, moins d’enseignants, insistance sur – travailler plus … – sans référence à l’idée de travailler mieux, annonce de multiples « chantiers et réformes » qui semblent plus pilotés par les contraintes d’économie que les ambitions de réussite de tous.
Comment comprendre aussi que l’on trouve sans difficulté des dizaines de millions d’euros pour la pratique sportive de l’accompagnement éducatif, quand la subvention de l’Etat à l’UNSS stagne depuis plus de 15 ans à moins de 4 millions d’euros ?
Comment accepter qu’en même temps, on ne recrute en EPS qu’un enseignant pour 3 départs en retraite ; le retard pris dans l’annonce des postes mis aux concours de 2008 faisant craindre à la profession qu’une nouvelle baisse soit prévue, contrairement à vos engagements (discours de Talence) et aux besoins que le SNEP évalue à 1500 postes.
Monsieur le Ministre, c’est parce que nous avons au cœur la réussite de tous les jeunes que nous sommes plus que dubitatifs quant aux choix qui sont faits actuellement, quant aux évolutions qui se profilent.
Ce sont ces questions que nous souhaitons discuter avec vous lors d’une prochaine entrevue, que nous vous avons demandée par courrier du 12 novembre dernier.
Nous vous prions de croire, Monsieur le Ministre, à l’expression de notre considération distinguée.
Serge CHABROL Secrétaire général | Michel FOUQUET Secrétaire national |
Lettre à Bernard Laporte (le 14 novembre 2007)
Monsieur le Secrétaire d’Etat
Le SNEP, représentatif à plus de 80% des enseignants d’éducation
physique et sportive et qui syndique également les professeurs de sport
sollicite une audience au regard de vos interventions récentes.
Notre syndicat est en effet attentif à toutes les organisations ou instances, et à plus forte raison aux
déclarations d’un ministre, qui proposent le développement de la culture physique pour tous les jeunes.
Cette question fait depuis fort longtemps, l’objet d’un débat qui porte sur les responsabilités respectives
du système éducatif, du mouvement sportif et des collectivités locales.
Aujourd’hui, c’est l’accompagnement éducatif qui semble être l’objet de toutes les attentions et de
toutes les volontés, pour offrir aux jeunes un complément d’activité physique. Cette mesure semble se
substituer à la politique du sport pour le plus grand nombre, politique trop mollement menée
jusqu’alors dans votre ministère, tout en contournant le développement de l’éducation physique et
sportive obligatoire à l’école et les moyens indispensables au développement du sport scolaire.
L’ensemble de ces champs d’intervention pose simultanément la question de l’existence d’installations
sportives, de leur nombre, de leur adaptation en qualité, fonctionnalité et sécurité et en choix
d’implantation ; aujourd’hui, elles sont loin de correspondre aux besoins de tous les utilisateurs.
Le SNEP souhaiterait bien entendu aborder aussi les grandes orientations sportives que vous envisagez
de mettre en oeuvre et débattre de la politique liée aux missions et aux carrières des personnels de votre
ministère. En particulier nous souhaitons poser le problème de la situation statutaire particulière des
personnels exerçant dans les écoles nationales (ENV, ENSA, ENE,) ainsi qu’à l’INSEP.
Enfin le projet de budget des sports 2008, sur lequel nous portons une analyse sévère, devrait être revu
afin qu’il soit crédible aux yeux de tous les acteurs du sport.
Ces questions appellent des échanges que nous souhaitons avoir dans les meilleurs délais possibles.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Secrétaire d’Etat, l’expression de nos sentiments respectueux.
Serge Chabrol Secrétaire général | Jean LAFONTAN Secrétaire national |
Courrier envoyé à Mesdames Bénédicte Durand, Dominique Marchand et Carole Moinard