C’est bien d’une révolution copernicienne dont il s’agit. Avec 2H d’EPS en plus en Lycée, on change de paradigme. On ne soustrait plus mais on additionne.
En effet, l’EPS actuelle en lycée, avec 2H seulement, ressemble à la multiplication des soustractions.
Soustraction d’une heure d’EPS et d’un créneau hebdomadaire pour nos anciens collégiens de 3ème.
Soustraction de contenu d’apprentissage en raison du temps consacré à l’évaluation permanente, pour partie liée aux dernières reformes. Soustraction dans la programmation d’APSA en raison d’une classification réductrice et inepte. Soustraction dans le développement du Sport Scolaire avec un mercredi après-midi de moins en moins libéré.
Force est de constater que l’EPS en Lycée tend à se réduire à peau de chagrin. Dans ce cadre contraint, les enseignants tentent de préserver une EPS de qualité en effectuant des choix au mieux, choix par défaut et forcément insatisfaisant face à des dilemmes pédagogiques insolubles au regard des conditions imposées.
Élèves et parents ne comprennent pas la place réduite faite à l’EPS au lycée et manifestent leur surprise quand ils découvrent cette situation. Paradoxalement, certains profs d’EPS, un peu comme la grenouille que l’on trempe progressivement dans l’eau chaude, s’habituent, contre mauvaise fortune bon coeur, à hélas gérer les moins… et on ne peut s’en satisfaire.
L’EPS en lycée a besoin de plus
Toutes les études le montrent, l’adolescence, l’âge de nos lycéen(e)s, est l’âge des paradoxes, avec pour certain(e)s un risque de sédentarité important avec des futurs problèmes de santé et, pour d’autres, un besoin important d’activités sportives et artistiques sous diverses formes.
Pour ces adultes en devenir, qui mieux que le service public d’éducation, et donc l’EPS, peut répondre à ce besoin d’émancipation par le partage d’une culture commune autour de l’étude des APSA ?
Élèves et parents ne comprennent pas la place réduite faite à l’EPS au lycée…
La réponse actuelle n’est pas à la hauteur de l’enjeu. Avec plus d’EPS, deux séquences de 2H par semaine donneraient du temps au temps et, avec un peu plus de la liberté pédagogique aux enseignants, les différents projets qui traversent leurs préoccupations éducatives, aujourd’hui impossibles, deviendraient possibles :
• Programmer une variété d’APSA plus large qu’actuellement, notamment les sports collectifs en diminution.
• Choisir de travailler sur la polyvalence et/ou la spécialisation dans les APSA avec certains cycles longs et d’autres plus courts.
• Jouer sur le temps d’apprentissage selon l’APSA.
• Programmer dans le cycle des moments variés de la culture sportive (tranche de vie), notamment celui de la rencontre sportive et artistique.
• Accompagner davantage les élèves en difficulté etc.
La profession est riche d’expériences et de propositions.
Le SNEP-FSU est porteur de cette ambition depuis de nombreuses années. Dans un passé proche, certains lycées ont fonctionné avec 5H en EPS. Ce retour réaliste vers le futur nous montre la voie. D’autres bases de lancement existent, l’enseignement optionnel avec 3H en plus, tout comme le tout nouvel enseignement de spécialité 4h et 6H. Bien que riche d’un point de vue du partage du patrimoine professionnel et de l’intérêt du plus d’EPS, ces dispositifs restent marginaux car facultatifs et répartis inégalement sur le territoire. Cependant, par leur réussite, ils contribuent à justifier que l’EPS obligatoire pour toutes et tous doit être revalorisée en volume horaire.
Évidemment, les 4H d’EPS ne vont pas sans une réflexion globale sur le temps scolaire et sur les installations sportives et artistiques. Pour autant, cette ambition n’est pas « astronomique », si l’on change nos lunettes pour prendre de la distance sur le quotidien de l’EPS en Lycée. Afin d’éviter le risque de trou noir, 4h d’EPS constitueraient une sorte de bigbang symbolique qui donnerait de l’espace à tous, élèves et enseignants, en ouvrant un univers des possibles vertueux pour l’EPS.
Soyons réalistes, exigeons le nécessaire pour tous nos élèves, en montrant avec le SNEP-FSU, l’EPS de demain.