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Le développement de l’EPS est indispensable

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Le SNEP-FSU sort de son congrès national avec une série d’orientations se situant résolument sur le versant offensif pour la qualité de l’EPS. La mesure phare revendiquée est l’augmentation de l’horaire d’enseignement pour garantir 4 h d’EPS hebdomadaires sur toute la scolarité.

La période préélectorale cristallise toujours l’état d’une société et les mouvements de fond, pas toujours bien perceptibles et évaluables en dehors de ces périodes. Ce qui est pointé dans les médias comme un éclatement de la gauche est surtout le résultat d’une dérive néo-libérale de la société due à l’affaiblissement des forces politiques de progrès social. La crise sociale et politique née dans une absence de vision politique à long terme, résulte des différents replis identitaires fondés surtout par les peurs de se perdre dans un monde qui change. L’économie capitaliste néo-libérale continue son chemin d’enrichissement par les exploitations de tout ce qui peut être rentable à court terme et donc, par l’affaiblissement voire soumission des domaines comme celui des services publics à cette logique. Dans l’éducation, les vieilles valeurs sont décrétées modernes, le monde enseignant résistant est dénigré dans des campagnes médiatiques nauséabondes (le prof bashing). Bref, nous assistons, à la veille des élections présidentielles et législatives, à une campagne préélectorale se déroulant dans une société bourrée d’inégalités sociales et culturelles et plutôt paumée quant aux voies de renouveau démocratique qu’elle épouserait.

Quelles orientations syndicales ?

Chaque organisation porte ses propres responsabilités quant à son rôle dans une période. Le SNEP-FSU qui tenait son congrès en tout début de la campagne préélectorale, a décidé de se placer en mode offensif. Nous demeurons dans les postures syndicales non pas de refus de tout ce qui viendrait du pouvoir politique, mais bien dans une attitude de propositions dont nous sommes convaincu·es et qui nous semblent indispensables pour aller de l’avant face aux inégalités citées plus haut. Le service public que nous rendons doit le permettre s’il veut continuer à bénéficier de ce statut et d’une place confortée dans la société. C’est dans cette optique qu’ont été débattues les questions et dossiers dits « éducatifs » (une appellation consistant à traiter des questions de contenus, d’orientation du système éducatif, des programmes, des certifications, des contenus de formation, d’inclusion etc.) lors de notre congrès national. Il nous semble toujours aussi indispensable de porter la vision d’une Ecole dans une société dans laquelle la réussite de toutes et tous est indissociable des autres revendications (conditions de travail, emploi, salaires…), si nous voulons demeurer cohérents et entendus, à la fois, par les pouvoirs publics et les usagers du service public d’éducation.

Pour ce qui est de l’originalité de l’EPS au sein de l’Ecole, elle repose sur la culture physique, sportive et artistique. Et l’éducation des jeunes se fait précisément par le travail et l’étude de ces cultures. A son dernier congrès, pour ce qui est du « Sport », le SNEP-FSU l’a qualifié de façon suivante :

Le sport est devenu une question majeure dans de nombreux pays. Il préoccupe les gouvernements et mobilise la population. Tant au niveau diplomatique qu’entre les structures internationales, par les pressions économiques, particulièrement avec les grands événements, et les enjeux sociétaux qu’il draine, il demeure, au quotidien, une activité vivace dans la vie nationale.

Il mobilise, à intervalles réguliers, les passions et génère de nombreux programmes médiatiques.

Les forces démocratiques se sont très tôt dans l’histoire emparées des pratiques sportives, alors apanage des couches aristocratiques ou bourgeoises, ont contesté leur hégémonie et revendiqué leur démocratisation comme un élément constitutif de l’émancipation humaine.

s’appuyer sur la culture sportive et artistique est dans l’ADN même de la culture scolaire…

Cependant, aujourd’hui encore, l’objectif de démocratisation reste non atteint, malgré d’incontestables progrès dans un pays comme le nôtre.

Il nous apparait indispensable qu’un tel « objet » culturel soit enseigné à l’École, qu’il soit au coeur de notre discipline. Au sein de cette culture, il y a à continuer à trier et faire des choix des oeuvres à étudier, de la même manière que celles de Shakespeare, de Balzac ou de Dostoïevski en font partie dans l’enseignement des lettres 1.

Car, continuer à s’appuyer sur la culture sportive et artistique, en passant par une indispensable didactisation, qui est dans l’ADN même de la culture scolaire, est, à la fois, une façon de lutter pour la démocratisation de ces cultures et contre un nouveau formalisme minimisant leur place au sein de l’Ecole. Ce nouveau formalisme se caractérise par l’inversion des valeurs. Il consisterait, d’abord à répondre aux finalités de l’Ecole, puis, un peu, accessoirement, aborder des contenus disciplinaires 2. Alors que dans toutes les autres disciplines, ce mouvement est simultané.

Il nous revient donc la responsabilité de stabiliser les fondations du second degré. Elles reposent sur une forte articulation entre le collège et le lycée, dans un curriculum continu 3. Ce dernier peut comprendre les différents formats d’apprentissages en EPS, approfondissement, stabilisation et découverte.

4h d’EPS

Ces différents formats étant nécessaires 4, la question du temps scolaire se pose. Nous y voyons deux éléments indissociables, les horaires disciplinaires de l’EPS respectant la spécificité de l’étude des APSA dans une ambition de couverture d’un périmètre large de la culture physique sportive et artistique, et l’amplitude du temps scolaire dans son ensemble.

La cohérence de l’EPS sur l’ensemble du second degré passe par une uniformisation des horaires. Pour le SNEP-FSU, cela passe par l’alignement de tous les niveaux sur les 4 h en sixième. Nous donnons ici quelques éléments non exhaustifs expliquant notre proposition.

Premièrement, rien ne justifie l’écart entre la 6e et les autres niveaux en collège. De plus, le « bricolage » 5 par lequel les équipes pédagogiques gèrent « la 3ème heure », coupe forcément les cycles d’enseignement. Les 4h permettraient la stabilisation des deux séquences hebdomadaires, diminueraient le nombre de classes en responsabilité pour chaque enseignant·e et faciliteraient ainsi le suivi.

Deuxièmement, le lycée pose des problèmes qui font des 4h d’EPS une nécessité. C’est l’âge où les jeunes « décrochent » en masse de l’activité physique régulière.

Le développement de l’EPS permettrait l’augmentation du volume de pratique lors de cet âge déterminant pour la suite qu’est l’adolescence, mais aussi conduirait vers des acquis nouveaux, indispensables pour la motivation en dehors des cours obligatoires, qu’il s’agisse de l’AS ou du sport civil.

Enfin, les 4 h d’EPS donneraient, quasiment, l’obligation à l’Etat de se saisir du plan national du développement des équipements sportifs et artistiques. Nous le voyons comme une chance exceptionnelle.

Une telle décision politique devrait dépasser les clivages partisans, notamment lors de la campagne électorale.

Notre jeunesse a besoin d’un consensus politique fort autour de la démocratisation des savoirs à laquelle l’EPS contribue de façon unique. Nous savons qu’une telle décision implique des arbitrages budgétaires forts mais qui sont largement possibles, la gestion gouvernementale de la crise sanitaire l’a largement démontré.

Notes :
  1. La référence à « l’oeuvre » est tirée du cadre théorique d’I. Meyerson (voir « L’EPS et culturalisme », SNEP-FSU, 2018).[]
  2. Le « care », le respect d’autrui, les pratiques soi-disant spécifiques à la santé, la bienveillance…[]
  3. Il ne s’agit aucunement de minimiser l’importance du premier degré ni de sa nécessaire articulation avec le second, mais bien de réaffirmer que la démocratisation et l’éducation en EPS ne doivent pas se faire en dehors du raisonnement de ce qu’est le second degré « à la française ».[]
  4. Il est toujours possible de continuer avec les moyens existants, mais cela mettrait notre pays en retard par rapport aux enjeux d’éducation forts qui se présentent, démocratisation face aux inégalités grandissantes et la sédentarité qui explose.[]
  5. Nous pensons, avec Y. Clot (Ethique et travail collectif, Editions Erès, 2020) que le terme bricolage n’a rien de péjoratif, bien au contraire. Il s’agit d’un véritable savoir professionnel permettant d’organiser le travail.[]