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Soirée de l’EPS n°1/Saison 3 – Les formes de pratiques scolaires libèrent ou enferment nos élèves ? Des exemples en badminton

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La Forme de pratique scolaire, la forme scolaire de pratique libère-t-elle ou enferme-t-elle les élèves ? La question pourrait sembler étrange, être finalement un débat d’idées qui n’est pas si important que ça pour les enseignants d’EPS.

D’une certaine façon, si le débat consiste à vouloir figer des écoles de pensée, alors effectivement notre soirée aura raté son ambition. Le SNEP-FSU maison de l’EPS, est un lieu qui doit continuer de conserver la discussion professionnelle et des regards différents sur les APSA. C’est d’ailleurs tout l’enjeu de ces soirées de l’EPS.

Dans ses différents colloques ou dans les Contrepieds, le centre EPS et Société propose aussi des pratiques scolaires. Alors où est le problème ? Le titre de notre soirée, un peu provocateur, cherche à questionner les glissements que l’on peut percevoir sur les constructions des situations qui sont proposées à nos élèves. Notre discipline doit continuer de porter l’ambition de transmettre des savoirs, des techniques des APSA, des techniques du corps. Cela sera d’ailleurs l’objet d’une soirée de l’EPS. Lorsque j’apprends à nager, à danser, à marquer un panier de basket, est-ce que ce je ne deviens pas un peu plus libre ?

Cependant en lisant des propositions formalisées par des collègues d’EPS ou les situations partagées dans les réunions d’EPS, nous pouvons repérer 3 glissements qui s’opèrent dans les pratiques.

Je ne parle pas ici d’exercice d’échauffement par exemple, dont nous pouvons utiliser une grande diversité avec parfois des détours assez loin du cœur de l’APSA. Nous réfléchissons ici sur les situations de référence, situations clés, sur les épreuves d’évaluation proposées à nos élèves.

1.    Le premier glissement est la référence à l’APSA comme objets, de logique interne, de savoirs ou problèmes fondamentaux, de matrice, d’essence des APSA.

Finalement la remise en cause que l’EPS serait l’étude pratique des APSA. Soulignons tout de même l’écart qui existe entre la formalisation de ces pratiques qui tendent à figer le débat pour épouser la novlangue institutionnelle ou des concours, là où ensuite sur le terrain avec nos élèves, nous ne sommes pas si loin que ça.

 2.   Le deuxième glissement, est la magie de la tâche.

Au sens où la situation deviendrait en soi contenu d’enseignement parce qu’elle serait une création pour l’école. Mais les élèves peuvent faire des situations en travaillant à côté de ce qui est attendu.

 3.    Le 3ème est la création de situation de référence en prenant appui sur des présupposés qui loin de libérer les élèves, les enferment dans des pratiques stigmatisante. Je pense particulièrement aux pratiques soi-disant destinées aux filles.

Pour aller plus loin

Olivier Dieu et Clément Llena, maitres de conférences à l’université de Lille, vous présentent une partie de leurs travaux

Bruno Cremonesi et Christian Couturier, membres du Groupe Éducatif du SNEP-FSU, exposent leur vision des Formes de Pratique Scolaire

 Stéphane Gobet, professeur d’EPS au lycée Cézanne de l’académie Aix-Marseille, explique comment il arrive à faire progresser ses élèves sans filet

Kiosque

L’école n’est pas faite pour les pauvres

En cette rentrée 2022, le débat sur l’école semble être réactivité. Je voudrais dans cette petite chronique souligner quelques articles qui mérite leur lecture, que nous partagerons sur notre site.

En premier lieu, la revue de l’institut de recherche de la FSU. Nouveau regard n° 42.  Son dernier numéro revient sous la forme d’un dossier sur un ouvrage clé de l’analyse des transformations libérales de notre école, la nouvelle école capitaliste en 2012 aux éditions la découverte. 

Pour vous mettre en appétit je vous invite à lire en ligne l’interview de Erwan Lehoux

Il nous dit, en appui sur les travaux de laval et Vergne, que l’orientation occupe un rôle central, comme « incitation permanente à devoir choisir et à construire ses parcours en lien direct avec une “stratégie” que le sujet est censé mettre en œuvre ». C’est donc une transformation de la subjectivité même des individus qui est visée, au-delà des seuls cadres scolaires et universitaires. Il nous invite à regarder de façon critique l’idée de devenir entrepreneur·se de soi-même.

Pour prolonger votre lecture, Pierre Merle dans le café péda produit une très bonne analyse de l’école du futur recherchée par Macron (lire)

Une analyse étayée et référencée. Je suis d’ailleurs tombé sur un très bon article sur le système scolaire suédois souvent pris en exemple. Les travaux montrent qu’au contraire la décentralisation locale et la définition locale au sein de l’établissement favorise la différenciation des établissements, une baisse du niveau scolaire et une augmentation des inégalités de compétences entre élèves.

Pour revenir en France, vous connaissez sans doute l’institut du Cnesco (Centre national d’étude des systèmes scolaires). Un organisme qui publie de nombreuses analyses sur leur site

Ils ont mis en ligne un article assez long de Xavier Pons sur les 3 âges des politiques d’éducation.

L’auteur revient à partir d’un regard historique sur les transformations des politiques publiques d’éducation. Il caractérise et identifie 3 âges qui sont éclairants pour comprendre les transformations et les stratégies engagées du newpublic management.

Il caractérise le dernier âge par la « fast politique ». Il nous dit : «  la fast-politique désigne une façon de faire des politiques publiques selon des temporalités de plus en plus courtes, voire de gouverner dans l’urgence. Il s’agit d’imposer rapidement aux acteurs des solutions de politique publique prétendument pertinentes. 

Des solutions mises en avant par des réseaux d’acteurs mondialisés, composés d’experts, de think tanks… ».

Toute ressemblance avec la façon dont s’engage la réforme sur les lycées professionnels est réelle…

À côté des articles et publications disponibles en ligne, je voudrais vous citer un ouvrage… L’école n’est pas faite pour les pauvres, Jean-Paul Delahaye, aux éditions bord de l’eau, 2022.

Jean-Paul Delahaye, ancien directeur de la DEGESCO revient dans un livre de 130 pages sur les inégalités scolaires et la ségrégation des enfants de classes populaires.

Déjà auteur d’un rapport sur la pauvreté, il continue à démontrer que l’école de la république ne donne pas plus à ceux·celles qui ont le moins, bien au contraire. L’investissement public est profondément inégalitaire. Un·e enfant d’origine modeste qui ira en lycée professionnel aura bénéficier de 36 000 euros contre 94 000 pour un lycée général. Presque 3 fois plus. Jean-Paul Delahaye à l’aide de petits graphiques très simples, fait la démonstration que l’orientation loin de réduire les inégalités dans les itinéraires scolaire, les reproduit. C’est ainsi que 90 % des enfants de cadres et d’enseignant·es ont le bac contre 40 % d’ouvrier·ères.

Jean-Paul Delahaye réalise une analyse systémique en intégrant aussi à sa réflexion le salaire des enseignant·es qui est passé en 1980 de 2,3 fois le smic à aujourd’hui 1,2 fois.

Un ouvrage pour penser l’école de demain pour la réussite de tou·tes. Le système est bloqué nous dit l’auteur en reprenant les mots de Yannick Vaugrennard car « les perdants et ceux qui ont peur de perdre se font la guerre. » autrement dit les plus pauvres de notre société française et les classes moyennes. Le deuxième refusant la mixité par peur de déclassement. Des solutions sont possibles à conditions que l’on s’en donne les moyens en agissant à plusieurs niveaux.

Prochaine soirée de l’EPS mercredi 19 octobre : Ce qui s’enseigne en EPS : Techniques du corps en EPS ou étude des APSA ?

Illustration : Paul Burckel