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Nous étions 3000… et nous arrivâmes 10 000

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Les enseignant·es d’EPS viennent de fêter leur 40 ans d’intégration à l’Éducation nationale. Le SNEP FSU a rassemblé 3000 auditeurs et auditrices lors de cette journée qui doit nous donner confiance et audace pour construire les 40 prochaines années, libérés de la peur d’une crise d’identité de notre discipline et de sa place dans le système scolaire.

3000 auditeurs et auditrices auxquels on ajoute les profs et étudiant·es présent·es au STAPS de Créteil ainsi que les étudiant·es et profs qui ont assisté à des visios collectives (« fanzone ») : 70 à Nancy, Saint Etienne et Rouen, 100 à Grenoble… On comptabilise déjà 1500 vues de l’intro sur les réseaux sociaux. Les vues ne cessent d’augmenter, l’activité déployée par les militant·es pour faire connaître l’initiative, encourager les étudiant·es à regarder les podcasts va nous permettre d’atteindre les 10 000 vues.

Joyeux anniversaire l’EPS ! 40 ans de belles années au sein de l’Éducation nationale et toujours autant de vitalité. Ces 40 ans, sans aucun doute, doivent nous rassurer et nous mettre en confiance pour aborder l’avenir.

Peut-être à l’instar d’une vie humaine, traversons-nous une crise de la quarantaine qui fait douter de nos choix, de notre avenir, de notre identité. La crise sanitaire ne devrait pas nous refermer sur nous-mêmes mais au contraire nous ouvrir pour aller à la rencontre de la société et continuer de défendre le projet de démocratisation des activités physiques et artistiques que nous portons.

Crise d’identité ?

Les chercheur·es nous l’ont dit : l’examen critique de ces 40 années ne doit pas surdimensionner la crise d’identité actuelle. La crise se situe-t-elle au niveau des pratiques ou dans le débat sur la conception et l’orientation des pratiques ? La réponse est sans ambiguïté. Ce que révèle les échanges sur les réseaux sociaux, les rencontres avec les profs d’EPS dans les stages, les comptes rendus de pratiques proposés… c’est que la pratique sur le terrain au jour le jour continue de chercher à faire réussir et progresser tous les élèves dans les activités sportives et artistiques. Nous enseignons le handball, la gymnastique, la natation, la danse, l’escalade…. Le badminton a pris de l’essor, l’ultimate ou la musculation aussi. Mais fondamentalement cela ne change pas notre métier et la place de l’EPS à l’Ecole. Nous ne pouvons que regretter que les auteurs des programmes et des épreuves ne perçoivent pas qu’ils sont en retard sur le cours de l’histoire.

Finalement pour reprendre les mots de Jean-Nicolas Renaud et Doriane Gomet dans la revue STAPS 1 : « Une réflexion sur l’identité glisse progressivement vers une angoisse légitimiste. La proximité des deux thèmes génère alors des confirmations ou l’histoire de l’EPS se recroqueville sur la seule question de l’homomorphisme scolaire. ». Il nous faudra être capables de regarder de façon critique cette volonté de parler de formes de pratiques scolaires pour se rassurer sur notre place au sein de l’École. Les deux auteurs prolongent leur pensée : « Poser de manière automatique la question de la légitimité pourrait mettre le ver dans le fruit. », et nous invite à ne pas trop jouer à se faire peur car « Il ne faudrait pas que les enseignants d’EPS réactivent trop régulièrement l’épouvantail sous peine de lui donner vie ».

Poser de manière automatique la question de la légitimité pourrait mettre le ver dans le fruit.

Le SNEP-FSU est décidé, à l’image de la campagne de l’EPS qu’il lance pour 4h d’EPS sur toute la scolarité, à aborder ces prochaines années avec audace. Notre syndicat de l’éducation physique reste la maison de l’EPS. Ouverte à tous et toutes, acceptant les divergences de points de vue, les débats, mais cherchant à rassembler nos collègues sans les opposer ou les mettre dans des cases. Il est normal d’avoir des regards différents vu la complexité de l’enseignement. Les regards évoluent et l’enseignement est un jeu complexe dans la palette des stratégies pédagogiques lorsque l’on cherche à faire réussir tous les élèves d’une classe de 30 dans 6 à 8 activités en collège. 

Qu’est-ce qui s’enseigne en EPS ?

Pendant cette journée plusieurs intervenant·es ont questionné le point de vue du SNEP FSU. Pour certain·es, le SNEP FSU serait porteur d’un choix centré sur quelques sports organisés et compétitifs, ignorant la culture physique et sportive en émergence. C’est d’une part faux comme l’a démontré la revue ContrePied dans son numéro sur le culturalisme et d’autre part, il convient de se poser la question de quel sport organisé parlons-nous ? Les fédérations sportives évoluent et proposent des formes compétitives moins sélectives pour intéresser et conserver les pratiquant·es. Dans le même temps, des pratiques dites nouvelles comme le trail ont mis au cœur de leur organisation la performance et la compétition sur des distances de plus en plus grande. Le SNEP FSU travaille cette question depuis plusieurs années et son congrès a d’ailleurs retenu cette année le sport comme un thème central.

L’histoire est toujours le résultat entre une réalité et le point de vue de celui qui l’observe. Certains observateurs ne semblent pas avoir perçu que le SNEP FSU depuis les années 75 a reconnu 3 champs d’études au sein de l’éducation physique et sportive. Celui des sports, des arts corporels et des pratiques qui sont aujourd’hui organisés autour du fitness, de la relaxation, de l’activité physique, non organisés par une logique de la performance ou de la compétition. Sans compter que dans ces pratiques, certain·es cherchent autant à améliorer leur maitrise de soi qu’à réaliser une performance.

Les acteurs et actrices  au cœur, se tourner vers l’avenir

6 tables rondes ont eu lieu, ne cherchant pas l’exhaustivité des thèmes. Nous avons voulu que cet évènement croise des regards d’acteurs/actrices et des points de vue d’historien·nes. Notre volonté était de contribuer à sortir d’une essentialisation de l’histoire de l’évolution de l’EPS, c’est-à-dire d’une évolution naturelle des structures sans jeux des acteurs, sans rapports de forces. Sans aucun doute, les analyses historiques entendues lors de cette journée sont sorties des sentiers battus. En déplaise à ceux qui voudraient réécrire l’histoire, la transformation de l’EPS ne s’est pas faite par la magie des modifications structurelles, les profs d’EPS et leur syndicat ont construit l’histoire et feront celle de demain.

A condition peut-être d’arrêter de chercher en permanence à vouloir justifier sa place au sein de l’École et d’épouser uniquement des formes avec une certaine d’orthodoxie scolaire. L’EPS, à vouloir justifier en permanence son existence au sein de l’École par l’explication de finalité, ne travaille pas son identité et ce que l’on doit y apprendre.

Remettre au cœur les pratiques des APSA, les moyens nécessaires pour enseigner et faire progresser les élèves, débattre des choix de techniques et tactiques à faire apprendre, … tout cela doit nous donner de l’élan pour les 40 prochaines années. La semaine de l’EPS, les journées de l’EPS organisées dans les académies doivent être des étapes importantes pour rassembler une profession toujours prête à travailler et réfléchir sur finalement notre métier au quotidien.

Voir le replay de la journée des 40 ans de l’EPS au MEN

Notes :
  1. Les acteurs, les actrices et leur conception de l’EPS : une force dialectique, revues staps[]